Alors que nous nous apprêtons à découvrir la jeunesse de l’héroïne qu’incarnait Charlize Theron dans Fury Road, il semblerait que l’univers de George Miller a encore beaucoup à nous offrir. Tom Hardy endosserait-il de nouveau la veste en cuir de Max Rockatansky ?
Le désert ardent du monde post-apocalyptique issu de l’esprit fécond de George Miller n’a pas dit son dernier mot. Rien de surprenant, lorsque l’on sait que le road warrior le plus célèbre d’Hollywood n’a eu de cesse de se transformer depuis ses lointains débuts en 1979, sous les traits d’un jeune inconnu du nom de Mel Gibson. Très vite, ce qui devait être un modeste film d’Ozploitation (nom que l’on donne à ce cinéma d’exploitation australien des seventies) à petit budget s’est transformé en véritable phénomène de pop culture. Plus de 40 après, l’univers Mad Max n’a peut-être pas atteint le bout de la piste.
Le héros aux mille et un visages
Si le premier film de la saga ne connaît pas le succès dont il jouit aujourd’hui aux États-Unis, c’est loin d’être le cas dans le reste du monde. Son réalisateur George Miller est surpris de constater la vitesse avec laquelle son héros fait le tour du monde. Il faut dire que les spectateurs scandinaves voient en lui une réminiscence des héros vikings issus de leurs sagas ancestrales et les japonais y voient un samouraï digne des plus grands films de Kurosawa.
Dans nos contrées, les critiques les plus enthousiastes décrivent ce film australien comme un western sur roues. Ce n’est pas une coïncidence si chacun y retrouve son archétype local : sans le savoir, Miller venait de taper dans l’inconscient collectif, passant ainsi du rang de cinéaste précaire qui tourne un film avec les moyens du bord à celui de conteur visionnaire. Le réalisateur découvre alors le travail du professeur Joseph Campbell et le reste de la saga Mad Max sera désormais conçue avec la puissance évocatrice du mythe en tête.
Les aventures du guerrier de la route ne sont ainsi pas conçues comme des œuvres cinématographiques classiques. La place centrale que tient normalement le script lors de la conception d’un film avait été remplacée par un story-board de 3 500 cases illustrées par le dessinateur britannique Brendan McCarthy. Lors d’une interview donnée au magazine Entertainment Weekly, Miller avait expliqué que lors de la préparation de « Fury Road, nous avions également écrit ce qui arrivait à Max durant l’année qui précède le film. Et alors que nous approchons de la fin du film Furiosa, la chronologie fait que nous devons voir Mad Max rôder dans un coin quelque part à ce moment-là. Les scénaristes savent ce qui lui arrive durant l’année qui précède ce moment, et nous avons toute une histoire que j’aimerais raconter à ce sujet si j’en ai la chance ».
Alors que le spin-off Furiosa n’a même pas encore été projeté en avant-première mondiale au Festival de Cannes (en amont de sa sortie en salles le 22 mai prochain), nombreux sont ceux qui s’interrogent sur une suite éventuelle. Miller a été très nuancé à ce propos, expliquant qu’ils ont déjà l’équivalent d’un roman court au sujet de cette histoire et que « si nous en avons l’occasion, nous transformerions cela en scénario » pour en faire un éventuel film. Reste à voir si Tom Hardy reprendrait le rôle si un tel projet devait se faire ce qui n’est pas une évidence en sachant que ce dernier avait eu de très mauvaises relations sur le tournage avec le reste de l’équipe (et notamment Charlize Theron).
Il avait depuis présenté ses excuses à George Miller en voyant pour la première fois le film monté. Mais si l’aspect mythologique de l’univers Mad Max nous a enseigné une chose, c’est que la continuité est quelque chose d’assez secondaire lorsque l’on s’inscrit dans la tradition orale des conteurs d’antan. Et si Mel Gibson a pu être remplacé une première fois, et que Anya Taylor-Joy peut incarner une jeune Furiosa dans le film consacré à l’héroïne, il ne serait pas surprenant de voir un nouvel acteur au volant du V8 Interceptor.
