Malgré son retour pour une compilation de minijeux ce 3 novembre, Wario reste l’un des méchants les moins connus de Nintendo.
Lorsque l’on évoque l’univers de Super Mario Bros., les noms de méchants emblématiques ne sont pas légion. Bowser paraît être le pire ennemi du plombier, et Donkey Kong a été son tout premier adversaire, dans un jeu à son propre nom. Depuis, le gorille a rejoint le camp du bien, contrairement à Bowser, mais un troisième larron fait son retour sur Switch en ce début novembre : Wario.
Avec WarioWare: MoveIt!, le personnage renoue avec la tradition Nintendo des minijeux (ici plus de 200) s’enchaînant à toute vitesse, aux concepts minimalistes et aussi intuitifs qu’hilarants. Dans cette saga lancée sur GameBoy Advance en 2003, Wario se lance dans la conception de jeux vidéo pour satisfaire son pire défaut : la cupidité.
Voyant dans ce média le moyen de faire de l’argent facilement, il réalise des productions aussi grotesques que réjouissantes pour les joueurs. WarioWare: Move It! est déjà le dixième titre de cette série, mais son iconique mascotte n’y révèle pas sa vraie nature.
La méchanceté incarnée
La toute première apparition de Wario dans un jeu Nintendo remonte à Super Mario Land 2: 6 Golden Coins sur GameBoy, en 1992. Alors que les développeurs cherchent à trouver un ennemi alternatif et novateur, ils décident de réaliser une sorte d’antithèse de Mario.
L’initiale du plombier se renverse, pour un Wario qui cache un jeu de mots en japonais (warui signifiant méchant). Physiquement, c’est une caricature grossière de son modèle, plus gros, affublé d’un nez en forme d’oignon (dont il raffole) et d’une moustache dont les extrémités forment des W.
Demi-frère improbable
Wario n’est donc pas de la famille de Mario, mais juste un rival jaloux du succès du plombier. Pourtant, il existe bien un lien de parenté avec un autre personnage de prestige de Nintendo. En effet, le créateur de Wario, Hiroji Kiyotake, avait été l’auteur du design de Samus Aran, l’une des protagonistes du tout premier Metroid, sorti sur Nintendo NES en 1986.
Dire qu’il ne partage rien d’autre avec sa « grande sœur » serait un bel euphémisme. Antihéros absolu, sa première apparition en fait un manipulateur ayant volé le château de Mario pour un mélange de jalousie et de cupidité maladives.
Sa jalousie trouvera un début de satisfaction avec Wario Land: Super Mario Land 3, dans lequel il vole la vedette à Mario et devient pour la première fois jouable. Sa cupidité sert de moteur au jeu, puisque l’argent récolté par Wario, contrairement à Mario qui s’en sert pour regagner des points de vie, est précieusement mis de côté par le sinistre personnage pour se payer le château de ses rêves. Surtout, Wario démontre des facultés, elles aussi contraires à celles de Mario, dans le domaine de la plateforme. Il est plus fort, plus résistant et bénéficie de transformations originales qui offrent une nouvelle approche d’un genre ultraclassique.
Wario esseulé en solo
Cette première réussie conduira le vilain à la salopette mauve et au t-shirt jaune à enchaîner trois suites de Wario Land, le quatrième épisode sorti sur GameBoy Advance en 2001 étant l’un des meilleurs du genre, multipliant les pouvoirs et les innovations. Bowser pourrait presque devenir jaloux à son tour, puisque les jeux estampillés Wario apparaissent comme une sorte de récréation pour Nintendo. Ils permettent ainsi de s’éloigner des habitudes imposées par les jeux Mario traditionnels. Il aura mis le temps, mais le vilain s’est peu à peu incrusté dans la plupart des jeux phares de l’éditeur japonais. De Mario Kart 64 à Super Smash Bros. en passant par Mario Golf, Mario Party, Wario s’invite absolument partout.
Enfin, quasiment partout. Car, dans les jeux en 3D, sa seule expérience – Wario World, sortie sur GameCube en 2003 – reste trop succincte. Bouclée en peu de temps, l’aventure n’était pas aussi spectaculaire dans son utilisation des polygones que le génial Super Mario 64 à son époque. Cela ne l’empêchera pas de connaître un succès commercial certain, preuve que le public s’est progressivement attaché à ce vilain petit canard.
Autre jeu qui a montré un potentiel inexploité, Wario Land: The Shake Dimension opte pour la 2D, mais souffre lui aussi d’une durée de vie bien trop courte. Les consoles de salon n’ont décidément pas été une plateforme de choix pour l’odieux bonhomme.
Wario à la conquête du monde
Les mésaventures du personnage dans sa carrière solo ne l’empêchent pas de continuer à polluer la vie de son rival en toute occasion. Wario reste une formidable solution pour Nintendo dans une volonté de tenter quelque chose de différent. Le dernier Super Mario Bros. Wonder a malgré tout pris des risques, et on rêverait de voir Wario bénéficier lui aussi de cet élan d’innovation, dans un monde plus délirant et drôle. De l’humour justement, il en a aussi été question à la télévision, dans un sketch de l’émission Saturday Night Live. Au tribunal, face à un jury composé de Toads, c’est le milliardaire Elon Musk (oui) grimé en Wario qui devait défendre sa cause.
Reste encore un endroit où Wario n’a pas encore fait ses horribles grimaces : le cinéma. Lors d’une interview pour Variety, l’immense Jack Black, doubleur de Bowser dans Super Mario Bros. le film, a exposé une théorie délirante. Dans celle-ci, la suite ne verrait pas le retour du méchant habituel, mais bien l’arrivée de Wario, qu’il imagine doublé par Pedro Pascal (The Last of Us, The Mandalorian). Cette chère tête d’oignon, aussi cupide que vaniteuse, en serait comblée.