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Wes Anderson, Roald Dahl et Netflix, épisode 4 : Venin

03 octobre 2023
Par Robin Negre
Benedict Cumberbatch retrouve le cycle Roald Dahl de Wes Anderson.
Benedict Cumberbatch retrouve le cycle Roald Dahl de Wes Anderson. ©Netflix

Dernier court-métrage réalisé par Wes Anderson dans ce cycle consacré à Roald Dahl sur Netflix, Venin est encore une fois une belle réussite de la part du réalisateur.

Que faire avec un serpent venimeux endormi sur son ventre ? C’est avec cette question des plus épineuses que Wes Anderson conclut son cycle consacré à Roald Dahl sur Netflix. Dans Venin, Benedict Cumberbatch est de retour dans le rôle principal et découvre avec effroi qu’un serpent dort sur son ventre en pleine nuit sous son pyjama. Les secours s’organisent. Venin a une lourde tâche : renouveler l’approche de Wes Anderson, après trois courts-métrages réussis, et conclure ce cycle de façon satisfaisante. Bonne nouvelle, il parvient à faire les deux.

Benedict Cumberbatch et Dev Patel.©Netflix

Le pouvoir de la suggestion

Les précédents courts l’indiquaient : Wes Anderson utilise la suggestion dans sa série Roald Dahl et ne cherche pas à tout montrer. Avec Venin, il pousse le concept plus loin, et s’amuse à filmer l’invisible. En convoquant une peur primaire — le serpent — et en faisant le choix de le laisser invisible — plus ou moins, le reste appartient au spectateur —, le réalisateur parvient à créer un moment suspendu dans les airs, où la tension règne, au dénouement incertain, porté, à nouveau, par un trio d’acteurs remarquable. Benedict Cumberbatch tout en retenu, Dev Patel en narrateur impliqué, et Ben Kingsley en docteur ingénieux, en plus du traditionnel Ralph Fiennes en Roald Dahl lui-même.

Les trois comédiens démontrent une belle alchimie et se répondent tout au long du film avec ferveur, rythme et complicité. Tout passe encore une fois par le dialogue, le texte, le placement du corps et les entrées/sorties de champ. À travers sa filmographie, Wes Anderson a toujours su s’entourer d’un prestigieux casting – en témoigne son dernier film, Asteroid City – et sa série de courts-métrages ne déroge pas à la règle.

Ben Kingsley et Dev Patel.©Netflix

La caméra de Wes Anderson joue avec le positionnement de ses personnages et comme lors des précédents courts, il s’adapte en fonction du propos et du thème. Venin fonctionne grâce à la construction qui mène à sa terrible conclusion : intelligente et anti-spectaculaire, abrupte et immédiate. Wes Anderson referme le livre de Roald Dahl de la façon dont il l’avait débuté : selon ses propres règles, avec inventivité et surtout, en faisant preuve de beaucoup de bienveillance pour les histoires qu’il adapte.

Dev Patel, Ben Kingsley et Benedict Cumberbatch.©Netflix

Avec Venin, la question trouve enfin une réponse définitive : oui, Wes Anderson est brillant dans le format du court-métrage. En allant à l’essentiel, en trouvant le fond propre à sa forme, il laisse parler toute sa créativité sans se perdre dans une posture trop intense de son cinéma, ou, trop longue. L’univers de Roald Dahl offre des histoires sur-mesures au réalisateur, qui puise autant dans l’absurde, le poétique, l’horreur ou le fantastique, pour faire parler ses propres thématiques et offrir à ses acteurs un terrain de jeu fantastique. Ce cycle Roald Dahl se termine ainsi avec une envie particulière : en avoir plus !

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