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Wes Anderson, Roald Dahl, et Netflix, épisode 2 : Le Cygne 

01 octobre 2023
Par Robin Negre
Rupert Friend dans « Le Cygne ».
Rupert Friend dans « Le Cygne ». ©Netflix

Le deuxième court-métrage de Wes Anderson s’intéresse à une histoire simple autour d’un cygne, poétique, et triste.

Le cycle Wes Anderson adapte Roald Dahl sur Netflix continue avec le deuxième court-métrage sur les quatre, intitulé Le Cygne.

Après La Merveilleuse Histoire de Henry Sugar, histoire d’une merveilleuse absurdité, le réalisateur propose un conte beaucoup plus sombre, assez triste, et change une nouvelle fois son mode de narration. Le Cygne se démarque du précédent court-métrage, c’est une bonne chose, et commence à formuler une question déjà esquissée par le premier : et si le style Wes Anderson fonctionnait mieux en court-métrage ?

Le Cygne de Wes Anderson.©Netflix

Un long monologue et plusieurs voix

Le Cygne raconte l’histoire d’un jeune homme studieux, maltraité par deux brutes, et leur rencontre avec un cygne, dans son nid. L’histoire est simple, contenue, et fonctionne grâce à un élément bien particulier : la performance de Rupert Friend, omniprésent. L’acteur incarne le personnage principal, ainsi que le narrateur, et se charge en outre de toutes les voix des autres personnages présents dans le film. Il fait le tout en gardant un oeil direct sur la caméra, en allant d’intonations en intonations pour offrir à l’histoire une musicalité unique.

Les autres acteurs — exceptés Ralph Fiennes, toujours aussi impérial en Roald Dahl — ne sont là que pour illustrer et habiller le décor. Tout passe par l’émotion transmise par Rupert Friend.

Rupert Friend dans Le Cygne.©Netflix

Concernant la mise en scène, Wes Anderson change légèrement d’approche, par rapport au premier court-métrage. Le Cygne est très statique dans sa réalisation. Le réalisateur se permet de bouger sa caméra et de changer de cadre mais reste principalement sur une même ligne de conduite, gardant son acteur principal au centre du cadre. Un cadre fait de champs de blé et de ligne droite, simplement rompu par la rondeur d’une lentille de jumelle.

Il parvient en réalité à faire correspondre son sujet et son propos. Le Cygne est triste, se base sur une histoire écrite par l’auteur en 1976 après la découverte d’un fait divers. Et si La Merveilleuse Histoire de Henry Sugar pouvait se permettre d’aller dans une réalisation dynamique liée à l’absurdité de la situation, Le Cygne garde la sobriété commandée par son dénouement…

Ralph Fiennes dans Le Cygne.©Netflix

Avec Le Cygne, Wes Anderson continue sa belle exploration de l’oeuvre de Roald Dahl. En 17 minutes seulement, il pose des personnages, un décor, un propos et fait évoluer son esthétique et son style pour convenir à son histoire. À une période de sa carrière où son cinéma peut parfois tourner en rond — voire s’auto-caricaturer—, le cycle de court-métrage Roald Dahl sur Netflix est une bouffé d’air frais pour le cinéaste qui semble avoir entre les mains son meilleur sujet, et son meilleur format.

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