Avec la sortie de son 18e volume, Titeuf revient sous le feu des projecteurs. L’occasion de questionner la popularité de l’écolier le plus connu de la BD française, 30 ans après sa première apparition.
Avec sa mèche blonde instantanément identifiable, Titeuf a beau fêter ses 30 ans, il reste l’éternel écolier que les enfants adorent, depuis le premier volume, publié en 1992 par les éditions Glénat. En 2023, Titeuf vit sa 18e sortie en librairie avec Suivez la mèche, le dernier opus, toujours signé de Zep. Sortie le 31 août dernier et tirée à 300 000 exemplaires, la bande dessinée s’est, comme ses prédécesseures, hissée au top des ventes BD en moins de deux. Mais comment se fait-il que le succès soit toujours au rendez-vous ?
Un succès qui transcende les générations
Zep l’a souvent reconnu : son héros, il l’a d’abord pensé pour les adultes. « J’écrivais surtout pour moi au début, c’était une sorte de journal de l’enfance. Je pensais que ça amuserait les gens de mon âge, les vieux enfants. »
Zep a alors 24 ans et peu d’expérience dans le milieu de la BD. Mais, après plusieurs volumes, il s’est rendu compte que les fans qui venaient le voir en dédicace étaient surtout des enfants. « C’était assez inattendu de voir arriver toute une communauté qui avait l’âge de Titeuf. Je leur ai demandé : “Pourquoi vous aimez Titeuf ?” Ils m’ont dit : “Parce qu’il ne nous prend pas pour des débiles.” Je trouvais que c’était une bonne définition. »
Et puisque Titeuf reste un préadolescent au fil de ses aventures, ils sont de plus en plus nombreux à s’identifier à lui, à l’image de Simon – « Mais je fais moins de bêtises », s’empresse-t-il de préciser. À 13 ans, le jeune garçon lit Titeuf depuis sa plus tendre enfance et résume son amour pour le personnage tout simplement : « C’est rigolo et bête. »
Un constat que partage Émile, 7 ans : « Ce qui me fait le plus rire, c’est qu’il ne comprend jamais ce qu’on lui dit. » Interrompu en pleine lecture de Suivez la mèche, il a particulièrement ri en lisant l’histoire du prof de gym de Titeuf. Valentina, elle, apprécie surtout les bêtises du jeune garçon. Du haut de ses 10 ans, elle aussi le reconnaît : « Ce que je préfère, c’est son idiotie. » Et l’étonnant point commun des trois enfants, c’est que Titeuf a été l’une de leurs premières découvertes lorsqu’ils ont appris à lire.
Que vaut-elle cette nouvelle aventure ?
Dans ce 18e volume, Titeuf est toujours aussi attachant. Il comprend les choses à côté et se sert de ses nouveaux savoirs toujours de la mauvaise façon. Mais ce nouvel opus nous dévoile une facette de Titeuf que Zep nous avait rarement montrée : la bonne conscience du jeune garçon. Engagé, il est bien loin du sale garnement des premiers volumes ; il veut bien faire et n’hésite pas à remettre en place ceux qui se permettent des écarts de conduite.
Cela va de pair avec les nombreuses thématiques – très actuelles – que porte ce tome : l’écologie et plus précisément le dérèglement climatique sont les plus présentes, mais on y trouve également au fil des histoires le véganisme, #MeToo, TikTok ou encore l’intelligence artificielle. Bref, toutes les thématiques auxquelles est confronté un garçon d’une douzaine d’années en 2023. Cela donnerait presque envie de relire les précédentes bandes dessinées pour voir si elles sont tout aussi ancrées dans leur époque. « L’idée a toujours été d’apporter un commentaire enfantin sur le monde contemporain, précise Zep. Il y a eu le sida, les réfugiés, la Manif pour tous, mais aussi des sujets plus légers, toujours dans l’actualité. »
Mais, rassurez-vous, Titeuf n’est pas devenu une œuvre moralisatrice. Le dernier-né de la série contient toujours autant d’histoires absurdes comme on les aime depuis 30 ans. Elles sont peut-être un peu moins loufoques que les précédentes, mais, une chose est sûre, on ne boude pas notre plaisir, surtout si on est fan, et on attend déjà le tome 19, même s’il n’arrivera pas avant 2025 ou 2026.
