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Les écrans, pas si nocifs pour les enfants ?

15 septembre 2023
Par Kesso Diallo
Selon les chercheurs, l'effet délétère des écrans sur les enfants est « modeste ».
Selon les chercheurs, l'effet délétère des écrans sur les enfants est « modeste ». ©Marta Wave / Pixels

Une étude française relativise leur impact sur le développement des enfants, suggérant que le contexte d’utilisation jouerait un rôle plus important que le temps passé devant un écran.

Alors que plusieurs études pointent l’impact néfaste des écrans sur les enfants, une nouvelle relativise le rôle des smartphones, tablettes et autres appareils sur leur développement cognitif. Selon cette étude française, publiée fin août dans la revue Journal of Child Psychology and Psychiatry, le contexte d’utilisation est plus important que le temps d’exposition aux écrans des plus jeunes.

Dans le cadre de ce travail, les auteurs ont suivi 14 000 enfants, de 2 à 5 ans et demi de la cohorte ELFE (étude longitudinale française depuis l’enfance). Dans le détail, ils ont évalué le développement de leur langage à 2 ans, leur raisonnement verbal à 3 ans et leur développement cognitif global à 5 ans et demi. Les chercheurs ont aussi pris en compte d’autres facteurs tels que le niveau d’étude des parents et la fréquence des activités partagées avec eux.

Un effet délétère « modeste »

Les auteurs de l’étude qualifient ainsi de « modeste » l’effet délétère des écrans des plus petits. Selon eux, bien qu’une relation négative existe entre l’exposition à ces derniers et le développement des enfants, ces conséquences sont « limitées »« Le fait qu’un enfant passe du temps devant la télévision ne va pas créer de retards majeurs chez lui, sauf cas extrêmes », a indiqué Jonathan Bernard, chercheur du Centre de recherche en épidémiologie et statistiques, qui a dirigé l’étude. 

Il est en outre nécessaire de prendre en compte les autres habitudes familiales concernant l’effet délétère des écrans. Autrement dit, le développement d’un enfant qui lit régulièrement sera meilleur qu’un autre qui ne lit pas, même si leur temps passé devant des dessins animés est le même. Le fait de regarder la télévision lors des repas a également des conséquences, habitude concernant plus de 40% des familles étudiées. L’acquisition du langage oral était par exemple affectée chez les 41% d’enfants de 2 ans qui mangeaient l’écran allumé. « Quand tout le monde est captivé par l’écran, les interactions avec l’enfant se font plus rares. À terme, cela peut entraîner un manque de vocabulaire ou une moindre capacité de compréhension chez les plus petits », a expliqué le spécialiste. 

Utiliser les écrans de façon raisonnable

Ce n’est pas pour autant qu’il faut interdire les écrans au sein du foyer, estiment les chercheurs. Au-delà de la durée d’exposition, la qualité du programme doit aussi être prise en compte. De plus, le visionnage d’un documentaire ou d’un dessin animé n’est pas forcément une expérience passive. « L’adulte peut accompagner l’enfant, lui poser des questions sur ce qu’il regarde, l’impliquer et stimuler sa compréhension », a indiqué Jonathan Bernard ajoutant que « la télévision peut être un moyen pour l’enfant d’apprendre et de développer sa curiosité ».

À noter que l’étude présente des limites. Pour commencer, elle repose sur un temps d’écran rapporté par les parents, que certains sous-estiment ou surestiment. De plus, les données analysées ont été collectées entre 2013 et 2017, époque où l’utilisation des smartphones et tablettes était plus restreinte. Alors que les écrans se sont multipliés dans les foyers, les chercheurs appellent à déculpabiliser les parents. Estimant qu’il est possible d’« avoir une attitude raisonnée et raisonnable vis-à-vis de la télévision, sans l’interdire », Jonathan Bernard appelle tout de même à « rester vigilant ». Ayant chiffré le temps d’écran des plus petits plus tôt cette année, il avait révélé qu’il était supérieur aux recommandations émises par les autorités. Alors que l’Organisation mondiale de la santé recommande de le limiter à une heure par jour entre 2 et 5 ans, ceux de 2 ans y passaient en moyenne 56 minutes.

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Kesso Diallo
Kesso Diallo
Journaliste
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