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C’est quoi Pi, ce chatbot conçu pour être aimable et utile ?

29 juillet 2023
Par Kesso Diallo
Axé sur la gentillesse et l'empathie, Pi dispose de nombreuses limites.
Axé sur la gentillesse et l'empathie, Pi dispose de nombreuses limites. ©T. Schneider

Lancé en mai, ce robot conversationnel a été créé par la startup Inflection AI. Son objectif : « être l’IA la plus utile et la plus amicale qui soit ».

ChatGPT, Bard, Bing AI…, depuis fin 2022, de nombreux chatbots ont été lancés, conçus pour aider les internautes en répondant à leurs questions, en leur fournissant des informations ou encore en les assistant dans leur travail. En mai, un autre robot conversationnel a fait son entrée, conçu pour une raison bien différente : « être un compagnon aimable et solidaire ».

Baptisé Pi – pour « personal intelligence » (intelligence personnelle) – il a été créé pour « donner aux gens une nouvelle façon de s’exprimer, de partager leurs curiosités, d’explorer de nouvelles idées et de faire l’expérience d’une IA personnelle de confiance ». À l’origine de ce système figure Inflection AI, une startup fondée par Reid Hoffman (cofondateur de LinkedIn), Mustafa Suleyman (cofondateur de l’entreprise spécialisée en IA DeepMind, rachetée par Google) et le chercheur en intelligence artificielle Karen Simonyan. Lancée en 2022, elle vise à « créer une toute nouvelle classe d’expériences numériques »

Un chatbot axé sur l’empathie et la gentillesse

Pi est la première IA de la startup, qui a récemment levé 1,3 milliard de dollars auprès de Microsoft et Nvidia, mais aussi de Bill Gates et Eric Schmidt (ancien PDG de Google). « Salut, ravi de vous rencontrer. Je suis Pi, votre IA personnelle. Mon objectif est d’être utile, conviviale et amusante. Demandez-moi des conseils, des réponses ou parlons de tout ce qui vous passe par la tête. Comment se passe votre journée ? », déclare le chatbot en guise d’introduction. 

Les utilisateurs peuvent parler avec Pi sur smartphone et sur ordinateur.©Inflection AI

Lorsqu’on lui demande en quoi il est différent des autres systèmes, comme celui d’OpenAI, il répond : « Bien que ChatGPT et moi-même répondions aux questions, nous avons des approches différentes. ChatGPT est un chatbot à usage général, mais je me concentre sur l’empathie et la gentillesse », ajoutant que son objectif est « d’être l’IA la plus utile et la plus amicale qui soit »« L’expérience Pi est destinée à donner la priorité aux conversations avec les gens, là où d’autres IA sont au service de la productivité, de la recherche ou pour répondre aux questions. Pi est un coach, un confident, un partenaire créatif ou une caisse de résonance », affirment par ailleurs ses concepteurs.

Selon eux, il est possible de parler de tout et de n’importe quoi avec lui, que ce soit d’un sujet qui vous intéresse, pour vous aider à prendre une décision délicate ou encore à exprimer vos idées et émotions. Pour y parvenir, le robot conversationnel a été entraîné avec des milliards de lignes de texte disponibles sur Internet. Il en outre possible de parler avec Pi depuis une application téléchargeable sur iPhone et iPad (bientôt sur Android), sur le Web mais aussi sur Instagram, WhatsApp, Messenger et même par SMS.

Des connaissances limitées

Pi est cependant loin d’être parfait, ce qu’il reconnaît lui-même. « Je ne suis pas humain, donc je n’ai pas toutes les mêmes expériences ou émotions qu’un humain. Et comme je suis toujours en version bêta, j’apprends et je m’améliore encore. Il se peut donc que je fasse des erreurs ou que je ne comprenne pas tout parfaitement », répond-il quand on lui demande dans quels domaines il n’est pas doué. « Mais cela fait partie du processus ! J’essaie toujours de m’améliorer. Et je serai toujours honnête avec vous si je ne sais pas quelque chose ou si je fais une erreur », ajoute-t-il. 

Inflection AI indique pourtant que son chatbot ignore ce qu’il ne sait pas. « Pi n’a pas accès en temps réel et peut ne pas être au courant des événements récents. Il a également une compréhension limitée des données qui ont été utilisées pour l’entraîner », explique-t-elle. Plus précisément, le robot conversationnel ne connaît rien sur les événements s’étant déroulés après novembre 2022. 

Un chatbot problématique à bien des égards

Inflection AI précise en outre les problèmes que les utilisateurs peuvent rencontrer avec son chatbot, à commencer par les hallucinations, soit le fait d’inventer des informations. Face à ce risque connu chez les robots conversationnels, la startup avertit qu’il ne faut pas se fier entièrement à ce que dit Pi, surtout lorsqu’il s’agit de conseils juridiques, financiers ou encore médicaux. Elle recommande ainsi de toujours procéder à des vérifications.

Inflection AI explique par ailleurs que Pi peut halluciner et ainsi prétendre avoir accès à certaines de vos informations (localisation, contacts téléphoniques, etc.), assurant que son IA n’y a pas accès. « Pi se souvient de votre nom et lorsque vous créez un compte, Pi se souvient également des conversations que vous avez avec lui. Si des informations publiques sont disponibles sur Internet, sachez que Pi peut en avoir connaissance grâce à votre nom », indique la startup. Sa mémoire étant limitée, il est cependant possible qu’il oublie des noms, des faits et des sujets de discussion déjà mentionnés. 

Pi a été principalement conçu pour un public anglophone.©Inflection AI

Autre problème important : bien que Pi soit disponible en France et dans d’autres pays où l’anglais n’est pas la langue principale, il a été principalement conçu pour un public anglophone. Les utilisateurs peuvent ainsi avoir une expérience limitée ou mauvaise avec le chatbot s’ils lui parlent dans une autre langue que l’anglais.

Enfin, étant entraîné avec des données provenant d’Internet, Pi, comme d’autres modèles, a hérité des biais de celles-ci (stéréotypes racistes, sexistes…), qui peuvent apparaître dans ses réponses. Ces problèmes peuvent en partie expliquer pourquoi Inflection AI interdit aux enfants d’utiliser son chatbot, affirmant qu’il n’a pas été conçu pour les moins de 18 ans.

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Article rédigé par
Kesso Diallo
Kesso Diallo
Journaliste