ChatGPT, Bard, Jasper, Bing, YouChat, Socratic… Les intelligences artificielles se multiplient. Tout comme les millionnaires et milliardaires qui font fortune grâce à elles.
Depuis le lancement de ChatGPT en novembre 2022, l’intelligence artificielle est sur toutes les lèvres. Il faut dire que le grand public a immédiatement accroché à cette technologie révolutionnaire qui semblait jusque-là réservée aux scientifiques ou intégrée de manière confuse dans des applications. Cinq jours seulement après sa création, ChatGPT a atteint le million d’utilisateurs. C’est dire l’engouement. Depuis, le sujet continue à faire le buzz.
Mais le sujet était déjà suivi de près, notamment dans la Silicon Valley aux États-Unis, où le potentiel de l’intelligence artificielle intéresse déjà depuis plusieurs années. Ce n’est d’ailleurs pas sans raison que le magazine Forbes a créé le AI 50 en 2019, un classement annuel des entreprises et personnalités les plus prometteuses en la matière. Pour sa cinquième édition, Forbes souligne que, collectivement, ces 50 firmes cumulent pas moins de 27,2 milliards de dollars de financement. Dont 10 milliards injectés par le seul Microsoft dans OpenAI début janvier 2023. Voici les grands gagnants de l’intelligence artificielle.
Les incontournables
Certains noms sont évidemment bien connus. Ils sont déjà milliardaires, mais toujours à l’affût du next big thing. Avec leur fortune, ils ont investi dans différents projets d’intelligence artificielle, via leurs entreprises ou à titre personnel. Parmi eux, il faut citer Jeff Bezos, le patron d’Amazon, Elon Musk (Tesla, SpaceX), Bill Gates (via Microsoft et sa Gates Foundation), Mark Zuckerberg (Facebook), Larry Page et Sergey Brin (Google), Ma Huateng (Tencent holding), Michael Dell (Dell Technologies) ou encore Eric Schmidt (ex-Google, membre du conseil d’administration du MIT).
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Les jeunes premiers
Ils sont jeunes, brillants et n’ont pas attendu le nombre des années ou les diplômes pour se lancer.
Alexandr Wang et Scale AI
Pas de E dans son prénom pour qu’il ne contienne que 8 lettres. Un nombre qui porte chance en Chine, le pays de ses ancêtres. En 2016, à seulement 19 ans, Alexandr Wang a abandonné le MIT après seulement une année d’études et a cofondé Scale AI avec une amie, Lucy Guo, 21 ans. La jeune société se positionne comme une société de services pour les entreprises. Une sorte de boîte à outils qui permet d’exploiter l’intelligence artificielle pour l’intégrer dans tous les types d’industries et à tous étages ou presque.
C’est là tout le paradoxe de Scale AI : faciliter l’utilisation de l’intelligence artificielle grâce à des équipes qui font tout ce que ne peut pas faire l’IA, comme bien labelliser les données pour apprendre à une IA à conduire un véhicule de manière autonome. En étant pionnière dans ce domaine, la startup signe avec des clients prestigieux comme Nvidia, Samsung, Toyota, LinkedIn, SAP… Résultat : Scale AI a été valorisée à 7,6 milliards de dollars en 2021. L’année suivante, à seulement 25 ans, Alexandr Wang est devenu le plus jeune milliardaire au monde. Avant même la hype ChatGPT.
David Holz et Midjourney
Midjourney n’est pas sa première startup. Avant cette AI générative d’images concurrentes de Dall-E, David Holz a abandonné sa thèse en mathématiques et des projets à la Nasa pour faire ce qui le passionnait : pousser tout le potentiel de sa société Leap Motion, fondée en 2008. Celle-ci a créé un périphérique capable de suivre les mouvements de la main pour contrôler, par exemple, un ordinateur sans toucher ni clavier ni souris.
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Après avoir revendu Leap Motion en 2019, il prend le temps de la réflexion sur les besoins du futur et finit par se jeter début 2022 dans l’aventure IA avec Midjourney. Il s’agit d’une intelligence capable de créer des images à partir d’une requête écrite sur la plateforme de discussion Discord. Exception parmi les pépites de l’intelligence artificielle, Midjourney n’a jamais levé le moindre dollar pour se financer. Basée à San Francisco, elle emploie 20 personnes.
Shunsaku Sagami et M&A Research Institute
Peu connu, Shunsaku Sagami n’en est pas moins milliardaire à l’âge de 32 ans. Son créneau ? Utiliser l’intelligence artificielle pour trouver repreneur aux sociétés dont le PDG n’a pas de successeur. Avec sa firme, M&A Research Institute, il se concentre sur les petites et moyennes entreprises familiales dont les propriétaires sont âgés et cherchent à revendre leurs biens.
Diplômé de l’université de Kobe, Shunsaku Sagami a eu l’idée de créer sa propre base de données et d’entraîner une intelligence artificielle pour détecter les potentielles entreprises qui pourraient être intéressées à acheter ces actifs. Il a également « disrupté » le marché en ne faisant payer que l’acheteur et non pas le revendeur. Et en ne demandant à être payé qu’une fois le deal finalisé. L’entrée en bourse au Tokyo Stock Exchange en juin 2022 lui a permis de devenir milliardaire.
Les patients
Après s’être intéressées très (trop) tôt à l’intelligence artificielle ou avoir exploré d’autres pistes, ces personnalités récoltent enfin le fruit de leur dur labeur.
Daphne Koller et Insitro
À l’époque, il ne fallait pas parler d’intelligence artificielle mais de machine Learning (apprentissage automatique en français). On est en 1995 et Daphne Koller devient la première professeure à enseigner la discipline au département de science informatique de Stanford (Californie). Depuis, Daphne Koller a fondé Insitro, une startup qui mixe biologie et intelligence artificielle afin de créer de nouveaux médicaments. Elle travaille ainsi en partenariat avec Gilead afin de mettre au point un médicament pour les maladies du foie. Objectif suivant : devenir une entreprise pharmaceutique à part entière et vendre directement ses propres médicaments. La startup de Daphne Koller, qui a soufflé ses cinq bougies, est évaluée à 2,4 milliards de dollars.
David Luan et Adept
En plus de dix ans, David Luan a écumé les entreprises impliquées dans l’IA et le machine learning : Microsoft, OpenAI, Google, Axon… Et puis, en janvier 2022, il fonde Adept avec Niki Parmar, Ashish Vaswani et Kelsey Schroeder. Le but de cette startup ? « Créer le meilleur coéquipier IA possible pour tout le monde », explique David Luan. Un assistant intelligent qui pourra nous éviter les tâches fastidieuses comme cliquer, scroller, écrire ses requêtes, etc. Les deux mastodontes Nvidia et Microsoft croient en ce projet au point d’avoir investi dans la firme, qui a été financée à hauteur de 415 millions de dollars pour l’heure.
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Victor Riparbelli et Synthesia
Ne serait-ce que par sa localisation, Synthesia est une exception. Cette startup n’est pas basée dans la baie de San Francisco mais… à Londres. Créée en 2017, cette société est capable de créer une vidéo en 120 langues en se basant sur un simple script (qui peut lui-même avoir été créé par une IA) et un personnage de synthèse choisi sur un large catalogue. Son cofondateur, Victor Riparbelli, a débuté au début des années 2010 dans le marketing digital avant d’évoluer vers la réalité virtuelle puis de faire le grand saut dans l’IA avec Synthesia. La startup peut notamment imaginer des vidéos de formation ou explicatives sur la base d’un simple script. Parmi ses clients, on compte Reuters, Nike, la BBC ou encore Amazon. La startup a levé quelque 66 millions de dollars à date.
Quid de Sam Altman d’Open AI ?
On pourrait imaginer très logiquement que le cofondateur d’OpenAI figure en bonne place dans cet article. Pourtant, l’homme d’affaires américain, ancien président du très réputé incubateur Y Combinator, a déclaré devant le Congrès américain qu’il ne possédait aucune part dans la société, qui a été initialement créée comme une association à but non lucratif en 2015 avant de voir ses statuts modifiés pour devenir une société tout ce qu’il y a de plus classique. Mais Sam Altman n’est pas à plaindre, car ses précédents investissements lui ont permis d’acquérir une fortune estimée entre 250 et 500 millions de dollars.