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Pourquoi l’IA menace-t-elle l’industrie du manga et de l’animation ?

21 mai 2023
Par Vincent Oms
Pourquoi l'IA menace-t-elle l'industrie du manga et de l'animation ?
©Eiichiro Oda/Shueisha

De plus en plus intrusive dans les processus créatifs, l’intelligence artificielle est désormais perçue comme une menace par les créateurs.

Une nouvelle fois, l’histoire ressemble à celle d’une boîte de Pandore que l’on aurait ouverte sans trop se poser de questions. Pire encore, et non sans une certaine ironie, les raisons invoquées dans les premières utilisations de l’IA pour produire du contenu au sein des studios d’animation étaient fort louables et compréhensibles. Face à un manque de main d’œuvre, la demande étant toujours plus forte, les studios avaient décidé de recourir à ce mode de création pour palier cette pénurie et pour préserver des conditions de travail acceptable pour leurs employés. Par la suite, des auteurs se sont emparés de l’outil, soit pour des créations ex-nihilo expérimentales, soit par une forme de flemme assumée, comme l’illustre Eiichiro Oda (One Piece) en fut l’exemple.

L’IA au-dessus des lois

Entre bienveillance et curiosité, l’IA ne semblait donc pas menacer l’industrie, bien au contraire. Mieux encore, on pouvait imaginer qu’elle aiderait les auteurs à la santé fragile, tels que Togashi et son Hunter X Hunter, à reprendre ses récits. Pourtant, dans un récent sondage publié par TBS News Dig, que relaie le site AnimeNewsNetwork, les créateurs se montrent bien plus pessimistes. Cette étude, menée auprès de quelque 25 000 artistes de l’Arts Workers Japan Association, révèle en effet leurs vives inquiétudes face à des abus déjà constatés. Non-respect des droits d’auteur, modifications de leurs travaux revendus par la suite ou publication de leurs contenus à l’étranger sans aucun contrôle ne sont que quelques exemples des dégâts causés par l’IA.

Une attitude responsable

En conséquence, l’Association propose une double solution. Soit améliorer la surveillance et les interventions autour de cette menace visant les contenus, soit mettre en place un dédommagement pour les artistes concernés. Comme trop souvent, les cibles les plus faciles sont les plus fragiles, les grands noms de l’industrie s’appuyant eux sur des éditeurs puissants aux services juridiques suffisamment armés pour lutter contre ces pratiques. Mais elles risquent fort de s’accentuer dans les années à venir. Et l’autre idée qui n’est pas évoquée par l’Association tombe sous le sens : en tant que spectateur ou lecteur, il conviendra de ne pas encourager ces pratiques illégales, sous peine de voir son média favori en souffrir durablement.

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Article rédigé par
Vincent Oms
Vincent Oms
Journaliste