Pour la Virtual Global Taskforce, alliance mondiale comprenant notamment le FBI et Europol, le chiffrement des messages sur les plateformes de la firme pourrait nuire aux enfants.
Cette année, Meta devrait déployer le chiffrement de bout en bout par défaut sur Messenger et Instagram. Avec ce système, seules les personnes qui communiquent peuvent lire les messages échanger. Si pour l’entreprise, cela permet de sécuriser les conversations, la Virtual Global Taskforce (VGT) voit l’arrivée du chiffrement sur ses plateformes d’un mauvais œil. Cette alliance mondiale, composée de 15 organismes chargés de faire respecter la loi (FBI, Europol, National Crime Agency au Royaume-Uni…), a été créée pour lutter contre la menace des abus sexuels sur les enfants.
« Il ne fait aucun doute que le chiffrement joue un rôle important dans la protection de la vie privée, mais cela doit être équilibré avec l’importance de protéger les enfants en ligne », a-t-elle déclaré. Elle estime que le déploiement de ce système sur les plateformes de Meta est « un exemple d’un choix de conception qui dégrade les systèmes de sécurité et affaiblit la capacité à assurer la sécurité » des enfants qui les utilisent.
Des plateformes moins sécurisées pour les enfants
Comme l’indique la VGT, Meta est actuellement le fournisseur qui signale le plus de cas d’abus sexuels sur mineurs au Centre national pour les enfants disparus et exploités (NCMEC). Saluant le travail de la société avec cet organisme, elle craint que cela ne change une fois que les messages seront chiffrés sur ses plateformes. « La VGT n’a encore vu aucune indication de Meta que tout nouveau système de sécurité mis en œuvre après le chiffrement de bout en bout correspondra ou améliorera efficacement ses méthodes de détection actuelles », indique-t-elle.
L’alliance cite en outre le cas de David Wilson, « l’un des agresseurs sexuels les plus prolifiques » qui a été emprisonné en 2021 pour avoir abusé de 52 enfants, estimant que de telles arrestations seront impossibles avec le chiffrement. « La poursuite fructueuse de Wilson et la protection de centaines d’enfants qui en a résulté a été possible parce que les forces de l’ordre ont pu accéder aux preuves contenues dans plus de 250 000 messages via Facebook », a expliqué la VGT.
Meta a réagi à ces déclarations par la voix d’un porte-parole, affirmant que « l’écrasante majorité des Britanniques s’appuient déjà sur des applications qui utilisent le chiffrement ». « Nous ne pensons pas que les gens veulent que nous lisions leurs messages privés, nous avons développé des mesures de sécurité qui préviennent, détectent et nous permettent de prendre des mesures contre cet abus odieux, tout en préservant la confidentialité et la sécurité en ligne », a-t-il déclaré au Guardian. « Alors que nous continuons à déployer nos plans de chiffrement de bout en bout, nous restons déterminés à travailler avec les forces de l’ordre et les experts en sécurité des enfants pour garantir que nos plateformes sont sûres pour les jeunes », a aussi assuré le porte-parole.
Meta a également contesté les déclarations de la VGT concernant l’arrestation de David Wilson, indiquant avoir utilisé des informations publiques et privées pour aider les autorités. « Nous avons développé des systèmes de détection utilisant des signaux comportementaux et d’autres activités de compte qui ne dépendent pas du contenu des messages privés pour identifier les acteurs malveillants comme David Wilson. Il est trompeur et inexact de dire que le chiffrement nous aurait empêché d’identifier et de signaler aux autorités des comptes comme celui de David Wilson », a indiqué le porte-parole.
