Décryptage

Snailbrook : la ville du futur estampillée Elon Musk

06 avril 2023
Par Florence Santrot
Snailbrook : la ville du futur estampillée Elon Musk
©Chap Ambrose

Au Texas, non loin d’Austin, Elon Musk se rêve en bâtisseur. Il possède 1 416 hectares de terrain sur lesquels il envisage de loger ses employés. À sa manière.

Jusqu’où ira Elon Musk ? Après les projets spatiaux, le photovoltaïque, l’Internet par satellite, les voitures électriques, les réseaux sociaux, les neurosciences… bientôt une ville à son image ? Direction le comté de Bastrop, dans la grande banlieue d’Austin au Texas. Selon le Wall Street Journal, le milliardaire, par l’entremise de plusieurs de ses entreprises, y a acquis des milliers d’hectares de terrains agricoles et de prés de pâturage. La surface serait d’environ 1 416 hectares, soit environ quatre fois la taille de Central Park, à New York. D’autres évoquent un terrain qui dépasserait déjà les 2 500 hectares.

Impossible de savoir avec précision tant Elon Musk s’efforce de garder la chose secrète et passe par différentes sociétés pour acheter des terrains en restant plus ou moins sous les radars. Une chose est sûre, le terrain est proche des sièges – actuellement en construction – de deux de ses sociétés, SpaceX et The Boring Company. La première abrite ses projets spatiaux, la seconde a été fondée en 2016 pour mener à bien ses projets de tunnels, mais aussi concevoir des engins de forage qui « iraient plus vite qu’un escargot », selon les termes d’Elon Musk. Une expression qui a donné l’idée du nom de code de la ville : Snailbrook ( le ruisseau de l’escargot, en anglais). Ville qui n’a encore rien d’officiel : selon la loi texane, une nouvelle municipalité ne voit le jour que si elle passe le cap des 201 habitants. À date, aucune demande n’a été faite.

Loyers bas… mais préavis d’un mois

Le projet est surveillé de près par Chap Ambrose, un programmateur qui vit à deux pas, sur une colline qui surplombe les terrains des sièges en construction. Et il entend documenter régulièrement sur Twitter le développement des projets de Musk sous son nez. « Ils veulent garder le secret et tout faire avant que les gens ne réalisent ce qui se passe réellement », explique-t-il. En novembre dernier, il a tweeté une photo de Snailbrook :

Pour l’instant, la ville rêvée d’Elon Musk a davantage l’apparence d’un « Trailer Park ». La « Texas utopia » du milliardaire, son utopie texane, est simplement identifiée par une bâche indicant « Welcome, Snailbrook, tx, est. 2021 ». Il s’agit d’une zone de maisons modulaires pour accueillir les premiers employés. L’espace est néanmoins doté d’une piscine, d’un terrain de sport extérieur et d’une salle de sport. 

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Montant du loyer ? Selon le WSJ, le prix serait d’environ 800 dollars par mois pour un module d’une ou deux chambres. Des conditions particulièrement abordables quand on sait que le loyer médian dans le comté de Bastrop est de 2200 dollars. Cependant, la condition est que les occupants devront quitter les lieux sous 30 jours en cas de licenciement ou de démission.

Le quotidien indique que les documents reçus par le comté mentionnent les premiers noms de rue – comme Boring Boulevard, Waterjet Way, Cutterhead Crossing –, mais aussi un projet de création d’une école Montessori.

Un plan de construction concernant 110 maisons modulaires a été publié auprès du comté de Balstrop :

©Bastrop County Commissioners Court

Musk-ville, une mauvaise nouvelle pour le fleuve Colorado ?

Cette « Musk-ville » devrait voir le jour le long de la Colorado River, le fleuve Colorado. Chap Ambrose et d’autres voisins tweetent quasi quotidiennement sur les avancées des travaux des sièges… et la pollution qui en découle. Les terrassements actuels intègrent en effet le percement d’au moins deux tunnels de test, dont les eaux usées sont déversées dans le fleuve. À raison de 530 000 litres par jour, selon les demandes d’autorisation auprès des autorités locales. Mais nul ne sait dire si un permis a été émis ou non…

D’ailleurs, The Boring Company a été notifiée de pas moins de trois violations environnementales la semaine dernière. Il lui est notamment reproché par la Commission du Texas sur la qualité de l’environnement de ne pas avoir mis en place des contrôles efficaces pour minimiser le rejet de polluants.

Un ancien réalisateur de films devenu fermier et chef locavore, David Barrow, s’inquiète pour l’avenir de son exploitation, l’Eden East Farm, située non loin. « J’aimerais savoir ce qui est réellement pulvérisé, ce qu’ils construisent vraiment et qui va les tenir responsables », a-t-il déclaré au WSJ. Chap Ambrose est de cet avis et cherche actuellement des fonds et une équipe de tournage pour venir réaliser un documentaire sur les travaux et la pollution qui en découle. Une épine supplémentaire dans le pied d’Elon Musk.

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