L’Éclaireur vous livre trois bonnes raisons d’aller voir le nouveau film de Jeanne Herry, Je verrai toujours vos visages, attendu ce mercredi 29 mars dans les salles obscures françaises.
La réalisatrice de Pupille (2018), Jeanne Herry est de retour dans les salles obscures depuis ce mercredi 29 mars avec Je verrai toujours vos visages. Ce nouveau long-métrage prend pour toile de fond la justice restaurative, un mécanisme de rencontre entre des victimes et des agresseurs destiné à favoriser le dialogue, ainsi que la reconstruction. La cinéaste revient ainsi avec un sujet social puissant et embarque dans cette nouvelle aventure cinématographique Élodie Bouchez, Gilles Lellouche, sa mère Miou Miou, mais aussi Leila Bekhti, Fred Testot, Adèle Exarchopoulos, ainsi que l’étoile montante du cinéma français, Dali Benssalah. Jeanne Herry a réuni un casting cinq étoiles pour évoquer un dispositif encore trop méconnu. Une réussite d’un réalisme troublant, bourré d’émotions, à découvrir sans plus attendre sur grand écran.
Entre fiction et réalité
Si Jeanne Herry s’est faite connaître du grand public avec Elle l’adore (2015), thriller porté par Sandrine Kiberlain et Laurent Lafitte, c’est avec Pupille et son traitement quasi documentaire que la cinéaste a marqué le paysage du cinéma français ces dernières années. Véritable plongée au cœur des services d’aide à l’enfance, la réalisatrice filmait avec véracité les enjeux de l’adoption sous X. Avec Je verrai toujours vos visages, c’est à la justice restaurative que Jeanne Herry a décidé de s’attaquer, embarquant une nouvelle fois le spectateur dans un drame aussi poignant que réaliste. La mise en scène comme les dialogues témoignent du travail de recherche de la réalisatrice et sa volonté d’expliquer ce mécanisme judiciaire inédit en France. Cette part documentariste n’enlève cependant rien à la force de la fiction, Jeanne Herry maniant la tension avec brio, pour y trouver un terrain de cinéma passionnant.
Un film d’acteurs
Dans Je verrai toujours vos visages, Jeanne Herry retrouve Élodie Bouchez, Gilles Lellouche, ainsi que Miou Miou, qu’elle avait précédemment dirigés dans Pupille. Pour compléter sa distribution, la réalisatrice a également fait appel à Leïla Bekhti, Dali Benssalah, Fred Testot, Adèle Exarchopoulos, mais aussi à Denis Podalydès (de La Comédie-Française) ou encore Jean-Pierre Daroussin. Grâce à cette palette de personnages, la cinéaste nous donne la possibilité de comprendre les tenants et les aboutissants de la justice restaurative.
D’un côté, les victimes ; de l’autre, les coupables ; au milieu, des accompagnants attentifs, formés pour encadrer le dialogue entre les deux parties. La réalisatrice a mis sur pied une véritable troupe de comédiens au sein de laquelle chacun joue sa partition. Tour à tour, on va découvrir les histoires de leurs personnages, Jeanne Herry brouillant les pistes entre les premiers et les seconds rôles. La caméra s’attarde alors sur chacun d’entre eux, chaque acteur laissant exploser la puissance de son jeu dans un film choral d’une grande richesse.
Des séquences saisissantes
Outre le travail de recherche et le casting cinq étoiles, Jeanne Herry offre un drame bouleversant grâce à sa mise en scène. Si celle-ci peut sembler au premier abord « simple », ce n’est que pour mettre en lumière les discours des personnages souvent pris dans l’étau de leur émotion. À coup de gros plans serrés, mais aussi de huis clos, le spectateur se retrouve alors coincé avec ces personnages, donnant ainsi lieu à des séquences saisissantes.
On retiendra le long discours de Gilles Lellouche dans lequel l’acteur se dévoile à coeur ouvert, brisant ainsi les clichés de la masculinité, les confessions de Miou Miou, ou encore une scène finale avec Adèle Exarchopoulos. Ces séquences doivent beaucoup aux dialogues écrits par Jeanne Herry elle-même, qui parvient à travers ce film d’apparence sobre à nous retourner le cœur et à offrir un film percutant, documenté, brillamment interprété.