L’Eclaireur livre les trois bonnes raisons pour lesquelles il faut aller voir La Syndicaliste au cinéma avec Isabelle Huppert.
Les cinéphiles ne savent plus où donner de la tête cette semaine au cinéma. Entre le retour de Sam Mendes dans Empire of Light, le nouveau drame familial de Florian Zeller, The Son, mais aussi Creed III, le septième art a de quoi nous offrir plusieurs pépites cette semaine. Il faut aussi évoquer La Syndicaliste, long-métrage coup de poing porté par Isabelle Huppert sur l’agression de Maureen Kearney, le 17 décembre 2012.
À cette époque, la syndicaliste enquête sur des contrats secrets passés entre la France et la Chine concernant la conception d’un nouveau réacteur nucléaire. Elle est persuadée qu’en arrière-plan de ces négociations stratégiques se joue l’avenir d’Areva, de plus en plus éclipsée par sa rivale EDF. La lanceuse d’alerte tente alors de prévenir les politiques et les médias, en vain… Après avoir reçu plusieurs menaces, Maureen Kearney sera finalement agressée chez elle et violée. Les coupables ne seront jamais identifiés. Ce drame, le metteur en scène Jean-Paul Salomé a choisi de le raconter le plus fidèlement possible dans son film, La Syndicaliste. Une réussite, dont on vous livre trois arguments infaillibles si vous hésitiez encore à le découvrir sur grand écran.
Un thriller politique
La Syndicaliste ne se contente pas simplement d’offrir un drame larmoyant sur le combat d’une lanceuse d’alerte, et son acharnement face à une justice qui voyait en elle une coupable, plutôt qu’une victime. Dans sa première partie, le film utilise les codes du thriller politique. Il revient sur les pressions professionnelles, médiatiques et politiques subies par toutes les parties, la lutte de Maureen Kearney pour être entendue, et les menaces qu’elle a subies. Le long-métrage tend alors vers un registre plus sombre à travers lequel Jean-Paul Salomé tente d’expliquer au spectateur les enjeux de ces nouvelles négociations autour du nucléaire français, jusqu’au fatidique point de non retour : l’agression de Maureen Kearney.
Un film engagé et féministe
En filmant son agression, mais aussi les enjeux judiciaires dans une seconde partie, Jean-Paul Salomé délivre un film engagé et inspirant. Si le sujet central est évidemment le combat de Maureen Kearney pour défendre la vérité, celui-ci fait finalement écho au traitement – trop souvent – réservé aux femmes au coeur de la justice. Maureen Kearney incarne finalement toutes les femmes trop peu écoutées, trop peu entendues, trop peu crues. Il ressort ainsi de La Syndicaliste, un film de procès féministe.
On peut également citer le personnage de Marina Foïs. Ici, l’ancienne humoriste des Robin des Bois incarne Anne Lauvergeon, l’ancienne directrice d’Areva, évincée au profit de Luc Oursel. L’actrice délivre une performance troublante, et passionnante d’une cheffe d’entreprise combative prête à tout pour défendre sa réputation. Un portrait ambivalent qui prouve que les femmes ne sont pas simplement cantonnées à des rôles plus fragiles.
L’interprétation d’Isabelle Huppert
Dès les premières minutes du long-métrage, Isabelle Huppert s’impose par la force de sa détermination. Entêtée, la quinquagénaire n’a pas froid aux yeux et veut s’attaquer à toute une machine politique qui la dépasse. Cependant, dans un second temps, le film ne cesse de dresser les faiblesses de Maureen Kearney, broyée par un système, mais aussi par ses propres démons. Ce mélange offre beaucoup d’émotions et permet à Isabelle Huppert d’explorer toute une palette de sentiments. L’actrice nous embarque dans le tourbillon poignant un film rythmé, mais surtout important, à découvrir depuis le 1er mars 2023 dans les salles obscures.