Pour certains, ce n’est qu’un portage parmi d’autres. Pour les technophiles, en revanche, l’arrivée de Returnal sur PC est scrutée de près. Et pour cause : il s’agit de la première exclusivité PS5 à être portée sur ordinateur.
Sony poursuit l’important chantier de portage de ses exclusivités PlayStation sur ordinateur. Un pari payant, puisqu’à part un Horizon Zero Dawn sorti dans un état à peine acceptable, tous les jeux ayant jusqu’ici eu droit à ce traitement s’en sont admirablement bien tirés (God of War, Days Gone, Spider-Man et son spin-off Miles Morales…).
Seulement, le cas de Returnal est particulier. À la différence de tous les autres portages réalisés jusqu’à présent, il s’agit là du premier titre ayant été exclusivement développé pour la PS5 à s’inviter sur ordinateur. L’impeccable titre de Housemarque, très exigeant techniquement, garde-t-il de sa superbe, si loin de sa planète d’origine ? Notre verdict.
Test réalisé sur PC grâce à un code fourni par l’éditeur. Notre configuration comprend une carte graphique RTX 3090, un AMD Ryzen 5 5600X, 16 Go de RAM et un SSD NVMe.
Atroce Atropos
Nous passerons finalement assez vite sur les qualités intrinsèques du jeu de Housemarque. Véritable bijou venu de Finlande, il est, après Demon’s Souls (qui est un remake) et Destruction All Stars (que tout le monde a oublié), le véritable premier jeu exclusif à la PlayStation 5. Une vitrine technologique, doublée d’un excellent jeu, qui est notamment repartie avec la statuette du jeu de l’année lors des Bafta 2021.
Returnal est un jeu de tir à la troisième personne qui s’intègre dans le genre très en vogue du rogue-like. Comprendre : on va mourir. Beaucoup. Mais plutôt que de susciter la frustration, on apprend de chaque échec et l’on revient plus fort.
Returnal fait aussi partie de cette « nouvelle vague » de rogue-like. Dans le sillage du raz-de-marée Hades, le jeu de Housemarque n’en oublie pas la dimension narrative. En l’occurrence, Selene (la protagoniste) ne s’échoue pas par hasard sur l’hostile planète Atropos. Et découvrir les raisons qui l’ont menée là, ainsi que décortiquer la mécanique de cette étrange boucle temporelle qui la fait revenir à la vie après chaque trépas, est un plaisir qu’on ne vous gâcherait pour rien au monde.
Toute la question derrière l’arrivée de Returnal sur PC est de savoir si les développeurs de Climax Studios (qui s’est occupé du portage) sont parvenus à rendre justice au travail d’orfèvre réalisé par Housemarque, justement permis par les spécificités techniques de la PS5 de Sony. En premier lieu son SSD ultrarapide, encore sans commune mesure aujourd’hui sur ordinateur. Ce n’est d’ailleurs pas une surprise si Sony recommande une machine particulièrement musclée pour profiter de Returnal dans de bonnes conditions.
Une optimisation aux petits oignons
Ce n’est pas un caprice : Returnal a besoin d’une telle puissance de frappe pour afficher les nombreux effets de particules émanant des tirs, pour gérer correctement la destruction d’environnements, mais aussi pour articuler la génération procédurale des niveaux. En effet, à part quelques couloirs très spécifiques, la plupart des arènes du jeu sont générées au moment où l’on ouvre la porte qui nous y conduit. Les débits offerts par le SSD de la PS5 offrent aux joueurs et joueuses une expérience instantanée, sans qu’aucun chargement parasite ne casse le rythme.
Pour l’essentiel, il en est de même sur PC. Du moins si, comme nous, vous êtes équipés d’un disque SSD suffisamment véloce. En réalité, à part quelques menus ralentissements lors d’un pivot trop rapide, notre expérience avec ce portage est très proche de ce que nous avions vécu il y a deux ans sur PS5. Returnal est un jeu somptueux, assez sombre (du moins dans son premier biome), qui profite énormément de la compatibilité de ce portage avec les écrans ultrawide.
Difficile, en revanche, d’espérer dépasser les 60 images par seconde avec notre configuration de test – pourtant confortablement équipée. D’ailleurs, il nous faut obligatoirement activer le DLSS (le réglage Qualité suffit) pour conserver une fluidité confortable pendant les affrontements. Si vous comptiez profiter du jeu en 4K à plus de 60 images par seconde, on espère que vous disposez au moins d’une RTX 4080 flambant neuve.
Par acquis de conscience, nous avons aussi tenté de lancer le jeu de Housemarque sur le Steam Deck de Valve. Sans grande surprise, le jeu est difficilement jouable. Pour l’heure non certifié pour la console portable, il peut toutefois se lancer. Mais il faut garder en tête qu’on ne pourra guère dépasser les 30 images par seconde, même avec tous les réglages au minimum et avec le FSR réglé sur un profil « performances ».
Les manettes à pleins gaz
Se posait aussi, fatalement, la question de la prise en charge des spécificités de la manette DualSense. Rassurant, comme sur les précédents portages, elle est parfaitement supportée sur la version PC de Returnal. On retrouve les excellents retours haptiques et les fonctionnalités liées aux gâchettes adaptatives qui accentuent l’immersion dans ce jeu de tir nerveux. Mais quid du jeu au clavier, ou à l’aide d’un autre contrôleur ?
C’est tout simple, en réalité. Avec un pad Xbox, il suffit de presser la gâchette gauche à mi-course pour viser et à fond pour activer le tir secondaire. Exactement comme sur la manette PS5, donc, au détail près qu’aucune résistance n’est ici opposée par la gâchette. Au clavier souris, c’est une touche distincte qui permet de sélectionner le tir secondaire (une touche de la souris par défaut). Ça fonctionne, mais Returnal est selon nous un jeu qui s’apprécie bien mieux à la manette. En effet, le titre est particulièrement riche en vibrations, et cette absence de feedback lorsqu’on joue au clavier nous manque inévitablement.
Enfin, on tenait évidemment à souligner la présence de la fonctionnalité de « suspension de cycle » qui s’était faite attendre sur PS5. À sa sortie sur la console de Sony, il était impossible de quitter le jeu au beau milieu d’une partie. À moins bien sûr d’accepter de recommencer du début ! Déployée après plusieurs mois sur PS5, la fonction de suspension est bien entendu de la partie sur la mouture PC. Ainsi qu’un mode photo très complet, cela va de soi.
Dans l’ensemble, un atterrissage tout en douceur pour le premier voyage d’un jeu PS5 hors les murs, donc. Et on vous envie d’avoir la chance de le découvrir pour la toute première fois.
