Une nouvelle fois traduit devant la justice américaine pour des motifs liés à la confidentialité des données, Google est désavouée par certains employés.
En anglais, la « navigation privée » de Google Chrome s’appelle « Incognito Mode » et, dans tous les cas, est représentée par un pictogramme évoquant un espion, trenchcoat, lunettes de soleil et chapeau de personnage de polar à l’appui. Mais de nombreux employés de la firme s’accordent à dire que cette représentation est trompeuse.
La navigation privée n’a rien de privée
« Nous devons arrêter de l’appeler Incognito et d’utiliser une icône d’espion« , estimait déjà en 2018 un ingénieur travaillant sur Google Chrome dans un échange privé déterré par Bloomberg. Une déclaration à laquelle un collègue abonde, estimant qu’il serait plus juste d’utiliser une image de Guy Incognito, un personnage de la série animée Les Simpson, qui est en réalité un doppelgänger du protagoniste Homer Simpson.
Une petite blague qui est néanmoins représentative du malaise qui pèse en interne quant à la façon dont est marketée cette fonctionnalité pourtant essentielle du navigateur le plus utilisé dans le monde.
En effet, très concrètement, le mode de navigation « privée » de Google Chrome n’a en réalité rien de privé. La page dédiée à ce mode est par ailleurs assez claire sur ce point : le mode Incognito se contente d’interrompre l’écriture de votre navigation dans un historique, et supprimera les cookies une fois le mode désactivé. En revanche, la localisation de l’appareil utilisé, l’adresse IP et quantité d’autres informations potentiellement sensibles (ou du moins permettant d’identifier l’internaute) restent lisibles pour les sites Web visités – y compris les services Google.
Google risque gros pour publicité mensongère
Pour la firme de Mountain View, le procès qu’on lui intente aux États-Unis n’a pas lieu d’être. « Le mode incognito offre aux utilisateurs une navigation privée, et nous avons été clairs à propos de son fonctionnement, alors que les plaignants ont volontairement mal interprété nos déclarations » défend un porte-parole du groupe en amont d’une audience préliminaire qui s’est tenue mardi dernier à Oakland, en Californie.
Comme lors de précédentes affaires de la sorte – dont Google est tristement coutumière –, la firme pourrait opter pour le règlement d’une amende forfaitaire afin d’éviter un procès qui pourrait la forcer à rendre publiques les façons dont elle utilise les données personnelles récoltées pendant une navigation « privée ».
La semaine dernière, rappelle Bloomberg, Google a ainsi accepté de régler la somme de 85 millions de dollars en Arizona, où elle était suspectée de récolter la localisation de ses utilisateurs pour de la publicité ciblée. En début d’année, la CNIL a également infligé une amende de 150 millions de dollars à Google pour leur gestion des cookies, ces petites « miettes » qu’on laisse derrière soi lorsqu’on navigue sur Internet.