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Vie privée : cinq associations de consommateurs européens portent plainte contre Google

03 juillet 2022
Par Kesso Diallo
Les pratiques de Google en termes de données personnelles sont critiquées.
Les pratiques de Google en termes de données personnelles sont critiquées. ©Mitchell Luo / Unsplash

Elles accusent le géant de « traitement étendu et invasif » des données personnelles tout en rendant difficile pour les utilisateurs de mieux protéger leur vie privée.

Google est dans le viseur de plusieurs groupes de consommateurs pour son « système de surveillance ». Le Bureau européen des consommateurs (BEUC) a annoncé le 30 juin que les associations de cinq pays, dont la France, ont porté plainte contre l’entreprise américaine au sujet de la vie privée des utilisateurs. Selon elles, la firme incite les consommateurs à « autoriser un traitement étendu et invasif » de leurs données personnelles lors de la création de leur compte. Le géant enfreint ainsi le règlement général sur la protection des données (RGPD).

« Il suffit d’une simple étape pour laisser Google surveiller et exploiter tout ce que vous faites. Si vous souhaitez bénéficier de paramètres respectueux de la vie privée, vous devez parcourir un processus plus long et un mélange d’options peu claires et trompeuses », a expliqué Ursula Pach, directrice générale adjointe du BEUC. Les associations de trois autres pays (Danemark, Pays-Bas, Suède) se sont également adressées à leurs régulateurs nationaux sur les pratiques du géant. De son côté, l’organisation allemande VZBV a envoyé un courrier d’avertissement à Google.

Un problème de facilité et de clarté

Concrètement, lorsqu’un consommateur créé un compte, il est invité à définir les paramètres relatifs à la collecte de données pour les habitudes de navigation, l’historique YouTube et la personnalisation des annonces publicitaires. Alors qu’une seule étape lui permet d’activer l’ensemble de ces paramètres, il n’a pas la possibilité de les désactiver en un seul clic. En effet, cinq étapes en dix clics sont nécessaires si les utilisateurs veulent activer les options les plus respectueuses de la vie privée. De plus, ils se retrouvent face à « des informations peu claires, incomplètes et trompeuses » et Google leur fait comprendre qu’ils renoncent à des avantages comme les résultats de recherche plus pertinents, voire des fonctions indispensables.

À cela s’ajoute le fait que les consommateurs peuvent être obligés de créer un compte pour l’utilisation de certains produits et services de la société. Cela est par exemple nécessaire pour ceux qui achètent des smartphones utilisant son système d’exploitation Android, soit près de 7 appareils sur 10 dans le monde. « Seule cette inscription leur permet d’accéder aux services qu’il propose (tels que Chrome, YouTube, la recherche Google, Gmail, Google Maps ou le Google Play Store », indique l’association française UFC-Que Choisir dans un communiqué.

Face à ces accusations, Google a affirmé que les options proposées aux utilisateurs lors de la création d’un compte « sont clairement présentées et simples à comprendre ». Un porte-parole de l’entreprise a indiqué que ces dernières ont été développées « sur les fondements des résultats de recherches approfondies, et selon les lignes directrices des autorités de protection des données, ainsi que sur les retours de tests d’utilisateurs ». Ce n’est pourtant pas la première fois que Google est accusé de ne pas respecter la loi pour ses pratiques par rapport aux utilisateurs. Fin décembre dernier, la Cnil lui a infligé une amende de 150 millions de dollars pour ne pas avoir rendu le refus des cookies aussi simple que leur acceptation, incitant ainsi les internautes à privilégier la facilité du bouton « j’accepte ». L’autorité française lui reprochait également un manque de clarté informationnelle.

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Kesso Diallo
Journaliste