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À La Piscine de Roubaix, les auteurs interrogent les enjeux de la fiction

04 octobre 2022
Par Apolline
La Fnac a organisé plusieurs soirées littéraires, dont une à La Piscine de Roubaix.
La Fnac a organisé plusieurs soirées littéraires, dont une à La Piscine de Roubaix. ©Sarah Bastin

En cette rentrée littéraire, la Fnac a organisé plusieurs soirées dans des lieux culturels emblématiques au cours desquelles des auteurs ont pu échanger autour de thématiques d’actualité. L’une d’elles s’est tenue ce lundi 3 octobre à La Piscine de Roubaix et s’intéressait à la fiction et aux enjeux qu’elle dessine. Retour sur cet évènement d’exception.

À quel point notre environnement actuel est-il façonné par nos expériences passées ? Telle est la thèse développée par Djamel Cherigui dans Le Balato, son dernier ouvrage paru aux éditions JC Lattès. Dans le microcosme des bars qu’il compare à des romans, l’auteur originaire de Roubaix dresse un portrait social de sa région. Si la fiction littéraire apparaît souvent comme un jeu, elle n’en demeure pas moins porteuse d’enjeux d’envergure que la Fnac a décidé d’aborder à l’occasion d’une soirée thématique organisée ce lundi 3 octobre à La Piscine de Roubaix. À cet effet, Djamel Cherigui, Marcus Malte, Yannick Haenel, Christophe Ono-Dit-Biot, Monica Sabolo et Elliott Armen ont été invités à échanger et à créer des passerelles entre leurs œuvres. 

Bouleverser les croyances

Au fil de leurs derniers ouvrages, les auteurs conviés démontrent à leur façon toute l’influence que ces fameuses expériences du passé, menées à titre individuel ou collectif, exercent encore et toujours sur notre quotidien. Dans Qui se souviendra de Phily-Jo ? (Zulma), Marcus Malte offre ainsi un roman à tiroirs qui retrace le parcours d’un inventeur éponyme dont la disparition demeure énigmatique. De son vivant, son succès a été occulté par une série de complots dirigés à son encontre et soulève en creux certains ressorts du capitalisme. 

L’expression d’un système que l’on désire rejeter sans pourtant parvenir à le dépasser est également au cœur du Trésorier-payeur (Gallimard) de Yannick Haenel. Le protagoniste prend le contre-pied de sa profession de banquier en s’attachant à défendre les surendettés, quoiqu’il ne se soustraie pas à ce calcul permanent de l’argent. Cette absence de réelle alternative se concrétise chez Christophe Ono-Dit-Biot sous la forme du refuge. Alors qu’une simple phrase à la force sibylline ébranle les croyances d’un couple de jeunes parents, ils s’en vont donc trouver refuge (Gallimard) en exil, en une terre régie par des règles qui ne sont toujours pas les leurs. 

Ouvrir les esprits

Enfin, cette existence tourmentée par la conjoncture d’un pays s’incarne avec justesse dans La Vie clandestine (Gallimard) de Monica Sabolo. À la lisière entre une enquête intime sur la figure paternelle et le récit d’actes terroristes perpétrés par le groupe d’extrême-gauche Action Directe, l’ouvrage esquisse des parallèles. Ceux-ci soulignent alors la vanité de certaines actions qui, pourtant, auront d’importantes répercussions sur le devenir des êtres. 

Cette complexité – tout aussi inhérente à la fiction qui, en cherchant à rendre naturel ses rouages bien pensés, souligne tout le paradoxe d’une telle entreprise – cristallise le fonctionnement des systèmes dans lesquels nous évoluons. Par la même occasion, cette réalité confirme en fin de compte l’importance de la littérature dans l’ouverture des esprits, mais également dans sa propension à redessiner inlassablement les contours de nos sociétés.

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Article rédigé par
Apolline
Apolline
Journaliste