Un siècle et demi de littérature, et un parcours inattendu parmi les critiques contemporaines de cinquante chefs d’oeuvre… C’est ce que propose Chroniques !, en s’immergeant dans la jungle de la critique littéraire.
De Madame de Staël – qui, puisqu’elle est « passionnée », est jugée « contre la nature des femmes bien élevées » – à Samuel Beckett et le « fourmillement contradictoire » qu’est son Molloy (1951), Chroniques ! parcourt cent cinquante ans de réception critique de la littérature.
Car les indéboulonnables classiques qui composent notre paysage littéraire ont été, en leur temps, des parutions contemporaines et ont, en conséquence, déchaîné les louanges ou les assauts de la presse. Et ils sont tous là, des Illusions perdues de Balzac au Voyage au bout de la nuit de Céline, en passant par Madame Bovary, Crime et Châtiment ou encore Dracula.
On s’amuse par exemple de la réception du Bel-Ami de Maupassant, fustigé par ses contemporains – et pour cause, puisque le texte est une cinglante satire du milieu journalistique, que l’auteur connaît bien, pour y avoir lui-même travaillé. Peu étonnant que les intéressés, vexés, aient alors jugé le roman « absolument fantaisiste » et saturé « d’ignominies ».
Mais les réceptions critiques des œuvres littéraires permettent aussi de s’immerger dans l’air – parfois nauséabond – du temps. On découvre ainsi avec affliction la façon dont le texte de Simone de Beauvoir, désormais si cher aux mouvements féministes, a été conspué. François Mauriac s’alarmait du Deuxième sexe et le jugeait aux « limites de l’abject ».
Chroniques ! éclaire ainsi ces grands classiques d’une nouvelle lumière, en les appréhendant dans leur contexte historique et par le biais de leur réception. Mais ce livre, richement illustré des archives dans lesquelles il se plonge, invite aussi à parcourir les évolutions de la presse des XIX et XXe siècles.