Netflix et les autres plateformes de SVOD proposent du contenu labellisé « 4K ». Mais leur qualité est loin d’égaler celle d’un véritable Blu-ray !
Vous avez peut-être déjà fait l’expérience de comparer la qualité d’un film sur un service de SVOD comme Netflix ou Disney+, à celle d’un Blu-ray. De manière générale, vous remarquerez que les services en ligne proposent une qualité d’image toujours inférieure à celle d’une platine Blu-ray, quel que soit le service, la qualité de votre connexion ou votre matériel. À quoi est-ce dû ? Pour le comprendre, il faut s’intéresser à deux concepts : la compression vidéo et le débit de diffusion.
La compression vidéo face à la qualité d’image
Lorsque vous regardez un film sur Netflix, votre récepteur se connecte aux serveurs du site, sur lesquels sont stockés les fichiers vidéos qui vous intéressent. Par souci d’économie d’espace de stockage, mais aussi pour optimiser le débit (nous y reviendrons), ces fichiers sont dits « compressés » par un codec.
Concrètement, cela signifie qu’un algorithme de compression a été appliqué pour réduire la taille totale du fichier, mais cela pose un défi. Ce gain de place implique nécessairement une perte d’information dans le fichier lui-même, et le travail du codec et de son algorithme va donc être d’obtenir le fichier le moins volumineux possible tout en limitant au maximum la perte d’informations (responsable d’une image « moins belle »).
Les différentes plateformes en ligne compressent leurs vidéo pour économiser du stockage et réduire le débit. Il existe plusieurs codecs différents utilisés par les services de SVOD, ayant chacun leurs avantages et leurs inconvénients : H.264 (et sa variante H.265), AV1, VP9… Netflix, par exemple, utilise un mix entre H.264 et AV1 en fonction du récepteur utilisé (concrètement, l’AV1 est plus performant et principalement utilisé sur les smartphones sous Android, les consoles PlayStation et certaines TV compatibles).
Lors de l’encodage d’une vidéo, l’algorithme va analyser l’image et la « découper » en plusieurs subdivisions nommées « blocks ». Ces sections d’image, d’une taille de 4 à 128 pixels de côté, vont être scrutées à nouveau afin de déterminer la couleur de chaque pixel. Si, par exemple, un pixel change rarement de couleur dans la vidéo (comme sur un plan fixe ou pendant une scène de nuit), les informations relatives à ce pixel peuvent être supprimées et dupliquées par l’algorithme. Un traitement similaire peut également être appliqué si un pixel est entouré d’autres de la même couleur, permettant de répliquer cette information partout où elle est pertinente.
Cette méthode est particulièrement efficace pour créer des fichiers vidéo d’une taille raisonnable, mais elle peut avoir tendance à causer des artefacts plus ou moins visibles sur l’image, et qui peuvent être plus ou moins importants en fonction des algorithmes utilisés et du niveau de compression.
Les limites du débit pour les plateformes
Le travail de ces algorithmes est donc de limiter la taille des vidéos stockées sur les services de SVOD, mais cette opération a également pour effet de réduire le débit de diffusion, très important pour ces plateformes qui ne fonctionnent qu’au bon vouloir d’une connexion à Internet. Il est généralement exprimé en Mb/s (Megabits par seconde) et représente la quantité de données qui sera transférée chaque seconde entre le serveur et votre récepteur.
Si cette donnée est cruciale pour les plateformes en ligne, c’est parce que la vitesse de votre connexion à Internet va déterminer le débit auquel vous pourrez prétendre, et donc la qualité à laquelle vous aurez droit. Le but est donc d’avoir la connexion la plus rapide possible et, pour Netflix et consorts, de proposer le débit le plus bas possible, ce qui les pousse à appliquer une compression toujours plus agressive. Sur son site, Netflix recommande un débit minimum de 5 Mb/s pour avoir accès à du 1080p, et au moins 15 Mb/s pour prétendre à l’Ultra HD (4K) : toutes les connexions n’y auront donc déjà pas droit.
Revenons maintenant sur la comparaison avec notre Blu-ray. Dans le cas d’un lecteur branché à un téléviseur, le débit entre les deux appareils peut monter jusqu’à 48 Gb/s (avec un câble HDMI 2.1), soit 3 200 fois plus rapide que le débit minimal demandé par Netflix pour de l’Ultra HD. Il n’est désormais plus nécessaire de passer par une compression aussi agressive que pour les services de SVOD au moment de l’encodage, ce qui permet aisément d’obtenir une image dépourvue d’artefacts sans prendre le risque que la liaison entre l’émetteur et le récepteur agisse comme un goulot d’étranglement.
Dans le cas d’un Blu-ray Ultra HD, qui utilise un codec H.265 (comparable à celui de Netflix), les débits de lecture peuvent donc aller jusqu’à 128 Mb/s, près de neuf fois plus que le service de SVOD. Cela permet bien sûr d’avoir une image plus nette, mais également de profiter de fonctions supplémentaires comme le HDR ou la gestion d’un espace colorimétrique plus grand (Rec. 2020). Vous savez tout, vous pourrez maintenant briller en société.