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Six livres qui donnent envie de voyager seul

20 août 2022
Par Hugo Mangin
Six livres qui donnent envie de voyager seul
©Danka & Peter/Unsplash

Pour qui ne l’a jamais tenté, voyager seul est une expérience à part, qui réconcilie en soi le désir du monde et l’appréhension de ses dangers – souvent imaginaires. Quelques idées de livres pour accompagner les soirées à hauteur des espaces traversés.

Robert Louis Stevenson, Voyage avec âne dans les Cévennes

Idéal pour accompagner le GR70 qui lui est dédié, Voyage avec un âne dans les Cévennes fait le récit des douze jours de randonnée de l’auteur et de son ânesse porte-bagage, Modestine, à travers les Cévennes et la Lozère. Étape après étape, l’auteur de l’Île au trésor décrit les petites misères concrètes du voyage en solitaire, mais aussi les bienfaits intellectuels de la fatigue des mollets après une bonne journée de marche. Idéal pour redécouvrir la beauté de l’expression « dormir à la belle étoile ».

Voyage avec un âne dans les Cévennes, de Robert Lois Stevenson, 1879.


Blaise Cendrars, Bourlinguer

Poète suisse fugueur dès dix-sept ans, engagé volontaire dans la légion étrangère en 1914, amputé de la main droite durant le conflit, puis voyageur infatigable, Blaise Cendrars allie une appétence infinie pour le monde et un refus de son idéalisation : il le décrit tel qu’il le voit, laid par endroit, beau parfois, sublime lorsqu’il fait écho au mouvement perpétuel qui agite le cœur de l’auteur.

Née dans et pour les voyages, la prose poétique de Cendrars est à retrouver dans ses Mémoires dont on retiendra ici les deux derniers ouvrages, Bourlinguer et Les lotissements du ciel. Venise, Naples, Bordeaux, Gêne sont ainsi autant de lieu à redécouvrir au travers d’un regard unique et intense. Tout le contraire d’un tour-operator…

Bourlinguer, de Blaise Cendrars, 1948.

Nicolas Bouvier, Le poisson-scorpion

Tous les voyages ne sont pas réussis. Celui relaté à Ceylan par Nicolas Bouvier, l’auteur du légendaire L’usage du monde, pourrait même sembler cauchemardesque, alors qu’une fièvre tropicale maintient l’auteur coincé dans une chambre miteuse. Commence ainsi un véritable périple quasi-immobile où le grouillement des insectes nocturnes se mêlera aux dialogues hallucinés avec un missionnaire portugais du XVIIIe siècle.

La fièvre aidant, les impressions, couleurs et odeurs, imprègnent le récit pour lui donner corps. Le voyage devient un piège organique et sensuel. À lire comme on profite d’un orage nocturne depuis l’abri d’une chambre confortable.

Le poisson-scorpion, de Nicolas Bouvier, 1982.

Jim Fergus, Mille femmes blanches

Œuvre de fiction de l’autrice Jim Fergus, Milles femmes blanches n’est pas à proprement parler un livre de voyage. Le livre se présente comme le journal d’une femme volontaire pour participer au programme fictif « Brides for indians », suite à la visite du chef cheyenne Little Wolf à Washington en 1874.

Mise en perspective de la place des femmes et des communautés autochtones au XIXe siècle aux États-Unis, le livre est en réalité le formidable récit – très plausible – d’un voyage entre deux cultures et deux personnages.

Milles femmes blanches, de Jim Fergus, 2000.

Bruce Chatwin, Le chant des pistes

Écrivain de la marche et des marcheurs, Bruce Chatwin a d’abord été galeriste et critique d’art. Il se décide à prendre la route lorsqu’il perd la vue. Une affliction qu’il ne parvient pas à soigner jusqu’à ce qu’un médecin lui conseille la fréquentation des grands espaces : miraculeusement, sa vue revient alors.

Dans Le chant des pistes, Chatwin construit un récit de voyage en forme d’essai anthropologique. Il raconte ainsi l’importance des itinéraires chantées, véritables cartes mentales qui contractent en chansons et références totémiques les routes empruntées depuis des milliers d’années par les aborigènes. Magique…

Le chant des pistes, de Bruce Chatwin, 1987.

Sylvain Tesson, Dans les forêts de Sibérie, 2011.

Se retrouver à trente-huit ans coupé du monde dans une cabane au milieu des bois sibériens ; c’est le pari accompli par Sylvain Tesson.

Et si le bonheur revenait à disposer de solitude, d’espace et de silence – toutes choses dont manqueront les générations futures ?

Sylvain Tesson
Dans les forêts de Sibérie

Entre description de paysages, méditation savante au cœur de la forêt et chaleur humaine de sibériens un peu envahissants, Tesson démontrait déjà, plus de dix avant La panthère des neiges, l’étendu de son talent de voyageur-conteur.

Dans les forêts de Sibérie, de Sylvain Tesson, 2011.

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Article rédigé par
Hugo Mangin
Hugo Mangin
Journaliste