Selon un projet de règlement, les plateformes seront notamment tenues d’avoir suffisamment de modérateurs humains par rapport à leur service et auront de nouvelles obligations à propos des commentaires.
La Chine souhaite améliorer la modération des contenus sur les réseaux sociaux. L’Administration du cyberespace du pays – organisme fixant des règles pour les activités en ligne – a publié un projet de règlement le 17 juin. Ouvert aux commentaires jusqu’au 1er juillet, il obligerait les plateformes à employer une équipe de modération de contenu correspondant à l’échelle de leur service et d’améliorer la qualité professionnelle du personnel chargé d’examiner les publications. Il imposerait également des règles par rapport aux commentaires. Les réseaux sociaux devraient, par exemple, vérifier ces derniers avant leur publication.
Le projet de loi prévoit en outre des mesures en cas de violation. Les plateformes s’exposeraient ainsi à des avertissements, des amendes ou encore à la suspension de la fonction de publication des commentaires. Autrement dit, la Chine renforcerait le règlement existant, qui exige que les sociétés examinent les commentaires uniquement sous les actualités et stipule simplement que des mesures soient prises par les autorités compétentes contre les fournisseurs de services enfreignant les règles.
La modération, une inquiétude dans plusieurs pays
Conformément aux règles existantes, le projet de loi impose par ailleurs aux utilisateurs de s’inscrire sous leur véritable identité afin de publier des commentaires. Plusieurs sanctions sont prévues pour les usagers qui violeront cette obligation : ils pourraient être avertis, invités à supprimer leurs commentaires ou encore voir leur compte suspendu ou désactivé. Les internautes ont été nombreux à réagir de façon négative à ce projet de règlement. Un utilisateur du réseau social Weibo a par exemple affirmé que « l’enregistrement du nom réel est suffisant » et qu’il « n’est pas nécessaire de trop restreindre [la liberté] d’expression ».
La Chine n’est pas le seul pays à s’inquiéter de la modération des contenus sur les plateformes. L’Union européenne a adopté en avril sa législation sur les services numériques (Digital Services Act) qui les oblige à se doter de moyens humains proportionnels à leur nombre d’utilisateurs et à proposer une modération adaptée à la langue de chaque pays. Des règles nécessaires au vu du manque d’effectifs au sein des entreprises. En décembre, BFMTV a révélé que Twitter emploie moins de 2 000 modérateurs dans le monde pour contrôler les écrits d’environ 400 millions d’utilisateurs. De même, les Facebook Files ont dévoilé que le plus grand réseau social manque de modérateurs humains, notamment dans les pays en conflit.