Prise en main

Leica Q3 : un pour tout

26 janvier 2024
Par Louis Cayatte
Leica Q3 : un pour tout
©Leica

La série Q poursuit son petit bonhomme de chemin dans la galaxie Leica, en marge des appareils à optiques interchangeables numériques M ou S. Le Q3 est un modèle expert à optique fixe, doté d’un capteur plein format de 60 Mpx et d’un système autofocus à détection de phase, qui lui octroient une grande polyvalence. En somme, le Q3 est un concentré de haute technologie, dans un design des plus sobres.

En résumé

Le Q3 n’est pas un appareil comme les autres. Sur le marché, il n’a pas d’équivalent. Et même au sein de la galaxie Leica, il est unique. Certains détracteurs estimeront que le choix du 28 mm n’est pas le plus judicieux, préférant le 35 mm. Mais, avec 60 Mpx au compteur et les capacités de recadrage offertes, le Q3 offre plus de possibilités qu’il n’y paraît.

L’autofocus, s’il n’est pas encore tranchant, est bien meilleur que sur le Q2. La qualité de construction est toujours aussi exemplaire et la sobriété de l’ergonomie ravira les puristes, ceux-là, peut-être, qui ne profiteront jamais des possibilités vidéo, pourtant impressionnantes, du boîtier. L’inclinaison de l’écran est bienvenue, tout comme la hausse de définition du viseur OLED. Quant à la qualité d’image, elle est somptueuse.

La seule question qui vaille, finalement, est celle du prix. Si vous avez les moyens de vous l’offrir, il y a fort à parier que vous ne regretterez pas l’expérience que procure le Q3, qui peut se suffire à lui-même, si les longues focales ne sont pas une priorité. Il a pour lui le fait d’être unique, en raison de ses caractéristiques, et donc, incomparable.

Note technique

Les plus et les moins

Les plus
  • Boîtier tout temps
  • Superbe qualité d’image
  • Optique très agréable à manipuler
  • Polyvalence de l’optique avec des recadrages
  • Autofocus en progrès
  • Recharge USB en direct
  • Bonne autonomie
  • Vidéo 8K
Les moins
  • Prise en main perfectible
  • Ergonomie (trop) sobre
  • Prix élevé

Comment situer le Leica Q3 parmi tous les appareils disponibles sur le marché ? Ce modèle fait partie d’une catégorie de moins en moins fréquentée, celle des compacts experts. Autrement dit, des modèles à objectif incorporé, contrairement aux reflex ou aux hybrides, qui sont des systèmes à objectif interchangeable.

L’incarnation du compact expert

Ainsi, le Leica Q3 muni d’une focale fixe joue dans la même cour que le Fujifilm X100V, avec un avantage sur ce dernier, de taille : le Q3 possède un capteur 24×36 de 60 Mpx, alors que le X100V dispose d’un imageur APS-C de 26 Mpx. Autre différence majeure entre les deux appareils, la focale de 28 mm sur le Leica, tandis que le compact Fujifilm offre un équivalent 35 mm en 24×36.

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Il y a quelques années (il faut remonter à 2015, année de sortie du premier Leica Q !), Sony commercialisait le RX1R II, un compact expert plein format de 42 Mpx, qui reste à ce jour le seul véritable modèle à optique fixe auquel on pourrait comparer le Q3.

Parmi les hybrides, nous pourrions tout à fait coupler un Canon EOS R5, un Nikon Z8 ou un Sony A1 à focale fixe lumineuse. Mais aucune de ces propositions n’offrirait le même ratio poids-encombrement que le Q3 et son excellent 28 mm f/1,7, qui offre en plus une position Macro, nous y reviendrons. À l’heure actuelle, le Leica Q3 s’impose comme le seul véritable compact expert plein format du marché.

Le Leica Q3 est un compact 24×36 à optique fixe, un 28 mm f/1,7.©Leica

S’il fallait le comparer à l’offre existante, alors le Ricoh GR III, compact expert APS-C muni d’une optique équivalent à un 28 mm f/2,8 et le Fujifilm X100V, avec le convertisseur grand-angle WCL-X100 II équivalent à un 28 mm f/2, seraient les deux modèles les plus légitimes. Mais en réalité, chacun correspond à des usages différents : le Ricoh GR III est un compact « de poche », idéal en street photo, pour la prise de vue sur le vif, mais très limité en vidéo.

Voici trois approches différentes, pour les amateurs de 28 mm : le Ricoh GR III (APS-C), le Leica Q3 (plein format) et le Fujifilm X100V (APS-C), ici avec le convertisseur WCL-X100 II, qui offre l’équivalent d’un 28 mm en 24×36.©Louis Cayatte/L'Éclaireur

Le Fujifilm X100V a pour lui un viseur hybride, à la fois optique et électronique, une panoplie de simulations de films très séduisants et une ergonomie vintage qui se rapproche de celle du Q3, mais l’absence de stabilisation le rend délicat à manier en vidéo. Enfin, le Q3 apparaît comme le boîtier le plus polyvalent des trois. Le plus volumineux et le plus lourd aussi : 743 g contre respectivement 478 g et 257 g pour les compacts Fujifilm et Ricoh. Le terme « compact » devient alors relatif…

Un Leica à part

Un Leica à viseur électronique ? Les Leicaïstes de la première heure qui ne jurent que par la visée télémétrique des M argueront qu’il ne s’agit pas d’un « vrai » Leica. Le Leica Q3, à l’instar de ses prédécesseurs, les Q, Q2, ainsi que leurs versions monochromes respectives, ne sont pourtant pas les seuls appareils de la marque à posséder un viseur électronique, puisque la gamme SL, constituée de boîtiers hybride, repose aussi sur ce type de visée.

Viseur électronique, focale fixe, écran LCD inclinable : le Leica Q3 ne ressemble à aucun autre Leica.©Louis Cayatte/L'Éclaireur

Au fil des modèles, la série Q est devenue culte, en raison d’un design sobre et élégant, d’une qualité optique formidable, ainsi que d’une panoplie d’accessoires qui font écho à la flatteuse réputation de la marque, qu’il s’agisse de courroies en cuir, de repose pouce ou autre cache de protection de la griffe porte-accessoire, à chaque fois proposés dans divers coloris.

Cette fois, pour le Q3, Leica pousse même le curseur technologique un cran au-dessus, avec un système de recharge sans fil par induction via un socle optionnel, le Drop XL, couplé à la poignée HG-DC1, elle aussi optionnelle. 

Le socle Drop XL, une fois couplé à la poignée HG-DC1 (les deux optionnels), permet de recharger le Q3 par induction.©Leica

S’il fallait retenir une poignée de caractéristiques, voici les plus essentielles. Le Q3 abrite un capteur 24×36 de 60 Mpx avec une plage de sensibilité comprise nativement entre 50 et 100 000 Iso. Il est pourvu d’une focale fixe 28 mm f/1,7 stabilisée, avec la possibilité, grâce à la très haute définition du capteur, d’opter pour des recadrages à 35, 50, 75 et 90 Mpx, moyennant à chaque fois une définition revue à la baisse (lire plus loin).

Le viseur OLED offre une définition de 5,76 Mpt avec un grossissement x0,79. Le LCD arrière pivote et fonctionne tactilement, avec une définition de 1,8 million de points à la clé. L’autofocus est de type hybride, à détection de phase et de contraste. Il est possible de tourner des vidéos en 8K 30p. L’ensemble est protégé contre les intempéries grâce à la norme IP52. Enfin, contrairement à ses deux prédécesseurs, le Q3 dispose de deux ports, USB-C et HDMI Type D.

Cet accessoire améliore considérablement la prise en main du Q3.©Leica

Ergonomie et menus

Finalement, malgré une avancée technologique incontestable, le Q3 ne rompt pas vraiment avec le Q2 du point de vue de l’ergonomie. Une roue pour ajuster la vitesse, pendant qu’on paramètre le diaphragme via la bague dédiée sur l’optique. Pas de joystick au dos pour gérer l’autofocus, mais un trèfle, qui sert aussi à naviguer dans les menus, accompagné des touches Play et menu. Difficile de faire plus sobre !

La différence la plus notable, c’est la possibilité d’incliner l’écran LCD. Très lisible en plein jour, avec 1,8 million de points, il bascule ainsi sur un axe vertical, ce qui incite à cadrer de manière différente, ou à réaliser quelques séquences vidéos. 

La sobriété est de mise sur le Q3. L’écran LCD tactile et inclinable est un vrai plus par rapport aux Q et Q2.©Louis Cayatte

La prise en main de l’appareil est bonne, mais perfectible. C’est pour cela que des accessoires tels le repose pouce ou un grip en façade (fixation au niveau de la semelle), qui améliorent considérablement la préhension, sont recommandés. Par défaut, la paroi avant est un peu trop lisse, mais c’est un point de vue que ne partageront probablement pas les aficionados de Leica M.

Le vrai bonheur, quand on manipule le Leica Q3, tient dans l’optique : la bague de diaphragme du 28 mm f/1,7 est située à l’extrémité et il est conseillé de gérer l’ouverture ainsi, plutôt que d’opter pour la position automatique (A), tant elle est agréable à actionner. Il en va de même pour celle dédiée à la mise au point, si bien qu’à plusieurs reprises, le mode AF a laissé la place au mode manuel lors de notre prise en main.

Enfin, le passage en mode macro s’effectue en pressant un petit bouton placé sur la petite protubérance, juste sous la bague de mise au point, et en tournant la bague. Du très bel ouvrage, qui participe pleinement au caractère unique de « l’expérience » Q3.  

L’optique est un régal à utiliser, notamment les pages de diaphragme et de mise au point.©Louis Cayatte/L'Éclaireur

Une plongée dans les menus confirme que la sobriété est de mise. Les différentes fonctions sont plutôt aisées à trouver, car Leica ne joue pas dans la surenchère, mais l’essentiel est là. 

Sur le terrain

Par défaut, le Q3 embarque un capteur de 60 Mpx et une optique 28 mm. Mais cet appareil expert cache bien son jeu. En réalité, il combine plusieurs focales grâce à cette très haute définition. On a droit, au choix, à un 35, 50, 75 ou même 90 mm, avec à chaque fois, une définition respective de 39, 19, 8 et 6 Mpx, et un cadre qui s’affiche dans le viseur, indiquant le recadrage à l’œuvre.

Si les focales de 75 et 90 mm relèvent plus du symbole, étant donné les faibles définitions, les amateurs de 35 et 50 mm apprécieront certainement de pouvoir jongler entre ces différentes possibilités. Quant à ceux qui ne jurent que par la visée télémétrique, ils se rendront compte qu’on peut là aussi voir le sujet littéralement « entrer dans le cadre », et ainsi anticiper le déclenchement, plutôt que d’avoir une image recadrée plein champ dans le viseur. 

Indéniablement, le plaisir à l’usage est bien là. Pourtant, la surprise, à l’issue de plusieurs semaines passées avec l’appareil, vient du relatif anonymat avec lequel on prend des photos dans la rue. D’aucuns pourraient penser que la célèbre pastille rouge attirerait les regards – au moins ceux des photographes avertis – telle une célébrité lâchée parmi ses fans.

Sobre, discret, le Leica Q3 est un formidable boîtier pour la street photo.©Louis Cayatte/L'Éclaireur

Dans les mêmes circonstances, le Fujifilm X100V suscite plus de questions de la part de personnes croisées ou photographiées. Le design résolument retro joue peut-être ; la sobriété du Q3 est assurément un avantage quand on veut se faire oublier. Sa robustesse permet par ailleurs d’envisager des prises de vue quelles que soient les conditions météo.

L’application Leica Fotos permet de recueillir des images depuis le Q3.©Louis Cayatte/L'Éclaireur

L’autonomie n’est en revanche pas exceptionnelle, surtout quand on consulte régulièrement ses images ou en activant le wifi et le Bluetooth pour transférer des fichiers sur son smartphone, par le biais de l’application Leica Fotos. Le fait de pouvoir recharger la batterie en USB-C, ce qui n’était pas possible sur les deux premiers Q, privés de ce port, est un atout important sur le terrain. 

Autofocus et qualité d’image

Le Q2 était déjà un excellent compact expert, très fiable dans des conditions climatiques délicates. S’il y avait un domaine dans lequel il était perfectible, c’est celui de la mise au point AF. La seule détection de contraste donnait des résultats erratiques. L’arrivée de la détection de phase sur le Q3 entraîne une nette amélioration en termes de performances de l’autofocus… sans se rapprocher des meilleurs toutefois.

S’il est à l’aise en basse lumière, le domaine de prédilection du Q3, plutôt contemplatif, n’est pas la photo d’action. À 28 mm, la mise au point importe moins qu’avec une focale standard ou un téléobjectif, et on prend même un certain plaisir à manipuler la bague de mise au point en mode manuel. Il faut par contre se montrer plus rigoureux en photo rapprochée (a fortiori en mode Macro), à grande ouverture (f/1,7).

En basse lumière, l’autofocus est précis et réactif.©Louis Cayatte/L'Éclaireur

Le vrai bonheur réside dans la finesse du viseur OLED, très réussi. On visualise ainsi parfaitement le résultat final et, si le nombre de possibilités en matière de styles d’image est plutôt modeste, certains sont très réussis, notamment le mode noir et blanc, qui incite à shooter en Raw + JPEG pour conserver ces derniers.

La même scène en couleur et en noir et blanc, laissant apprécier les nuances de ce dernier.©Louis Cayatte/L'Éclaireur

On imagine bien Leica proposer un Q3 Monochrome prochainement (capteur uniquement noir et blanc, même pour les fichiers bruts), comme la firme allemande l’a déjà fait sur les deux premières générations de la saga.

La position Macro n’offre pas le rapport 1:1, mais elle autorise des vues très rapprochées, jusqu’à 17 cm.©Louis Cayatte/L'Éclaireur

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