En résumé
Le Xperia 1 II de Sony laisse une étrange impression. Il est à la fois excellent et particulièrement frustrant. Il séduit en effet sans peine par son design atypique sur un marché aujourd’hui très homogène, intégrant un bouton déclencheur photo physique, une prise jack devenue rare et des haut-parleurs stéréo en façade, mais aussi par son bel écran OLED taillé pour la vidéo. Il fourmille en outre d’options de capture d’images. Pourtant, ces qualités côtoient des zones d’ombre : malgré la préinstallation de CoD Mobile, son écran n’offre un taux de rafraîchissement ni de 120 Hz ni de 90 Hz, et la 4K semble peu utile sur un si petit écran. Surtout, ses fonctions de prise de vues – fixes comme animées – s’adressent à un public expert, quand les smartphones concurrents cherchent au contraire à simplifier l’accès aux réglages les plus pointus à leurs utilisateurs. Pour offrir tout son potentiel, le Xperia 1 II devra donc être placé entre les mains d’un public photographe ou vidéaste, mais toujours averti, tandis que les néophytes pourront profiter d’un modèle franchement plaisant à utiliser.
Note technique
Les plus et les moins
- Affichage jusqu'en 4K
- Design "signature"
- Bonne autonomie
- Taux de rafraîchissement limité à 60 Hz
- Performances un peu en retrait
Détail des sous notes
Notre test détaillé
En marge du Xperia 10 II positionné en milieu de gamme et que nous avons déjà essayé pour vous, Sony propose avec le Xperia 1 II son modèle le plus perfectionné. Un smartphone 5G tourné vers les amateurs d’images fixes et animées. Il s’est plié à nos tests en Labo, dont voici les résultats.
Successeur d’un Xperia 1 datant du début 2019, le Xperia 1 II se veut un modèle véritablement premium. Connecté en 5G – c’est le premier de Sony à profiter de cette connectivité -, il se veut le pendant mobile aux appareils photo Alpha. Un programme ambitieux que nous avons détaillé pour vous.
Haut de gamme oblige, le Xperia 1 II embarque ce que Sony propose de mieux sur mobile. Il est ainsi équipé d’un écran OLED de 6,5 pouces affichant de la 4K, mais aussi de la plateforme Snapdragon 865 de Qualcomm, accompagnée pour l’occasion de 8 Go de mémoire vive. Le smartphone dispose d’un stockage UFS de 256 Go complété par un port microSDXC capable d’accueillir des cartes mémoire jusqu’à 1 To, et d’une batterie de 4000 mAh. Au rayon du multimédia, le Xperia 1 II propose un triple appareil photo dorsal comptant trois modules de 12 Mpx, l’un avec une optique grand-angle, le second avec un zoom et le troisième avec un ultra-grand-angle. L’appareil profite d’un unique capteur de 8 Mpx en façade dédié à la prise de selfies.
L’ergonomie et le design
Sony ne revoit pas spécialement le design de sa série Xperia, mais force est de constater que son smartphone a le mérite d’arborer un design “signature” à l’heure où beaucoup de modèles concurrents se ressemblent beaucoup. Le Xperia 1 II hérite ainsi d’un look minimaliste, très rectangulaire à l’heure où la tendance est aux rondeurs, avec un revêtement Gorilla Glass 6 à l’avant comme à l’arrière. Puisqu’il est affublé d’une vitre à l’avant comme à l’arrière, où Sony a opté pour un effet glossy, le smartphone accroche très facilement les traces de doigts.
Quoi qu’il en soit, le form factor du Xperia 1 II lui confère une bonne prise en main, ses dimensions n’excédant pas 166 × 72 × 7,9 mm grâce à son ratio 21:9, c’est-à-dire étiré en hauteur. Les esprits chagrins regretteront sans doute l’absence de lecteur d’empreintes sous son écran – remplacé par un capteur situé sur son bouton d’allumage, et plutôt pratique d’ailleurs -, mais aussi celle d’un écran infinity incurvé sur les côtés. Le Xperia 1 II présente néanmoins une qualité d’assemblage sans défaut et constitue un ensemble efficace. Il se paie même le luxe de rester relativement léger au regard de son grand écran, puisqu’il n’excède pas les 181 g sur la balance.
Petit plus en matière d’ergonomie, un bouton d’accès direct à l’appareil photo, accessible en bas de la tranche droite du smartphone, permet de lancer l’application sans déverrouiller le mobile et bien sûr joue les déclencheurs physiques. La certification IP65/68, commune chez Sony, mais pas forcément sur les smartphones de marques concurrentes, est par ailleurs de la partie.
L’écran
Quant à son écran, OLED donc et d’une diagonale de 6,5 pouces, il est à la fois très intéressant et légèrement déceptif. Pour peu que l’on ait déjà goûté à un écran 90 Hz, voire 120 Hz, ce qui se démocratise sur le segment premium, le taux de rafraîchissement standard du Xperia 1 II (60 Hz) risque de laisser sur sa faim. Si l’on apprécie l’absence d’encoche et un format parfaitement adapté à la vidéo comme au jeu, on peut regretter des bordures qui ne sont pas les plus fines du marché, cet écran occupant 82 % de la façade de l’appareil. Enfin, on note que cette dalle affiche de la 4K (1644 x 3840 pixels) – potentiellement du moins, ses réglages par défaut privilégiant la Full HD. On obtient donc une résolution maximale très élevée de 641 ppp. La promesse, assez difficilement exploitable toutefois, est séduisante.
Nous avons relevé en Labo de bons résultats, notamment au rayon de la directivité, très contenue. De 219 cd/m2 de face, la luminosité de cet écran ne tombe pas en deçà des 101 cd/m2 à 45°. Observée selon un angle de 15°, elle se maintient même à 205 cd/m2, et à 30°, à 164 cd/m2. Cette dalle a également le mérite d’offrir un excellent contraste de 616:5.
Côté colorimétrie toutefois, l’écran du Xperia 1 II reste perfectible, offrant d’ailleurs un delta U’V’ moyen de 0,021. Quelques écarts sont à relever dans le magenta, mais ils sont heureusement peu pénalisants au quotidien. On note pour finir un gamma dans la moyenne.
L’interface utilisateur
Sorti sous Android 10, le Xperia 1 II présente une interface épurée et proche d’Android stock. Elle est essentiellement marquée par la multiplication des applications dédiées au multimédia. On y retrouve également un tiroir sur le côté de l’écran, lequel permet d’accéder au multifenêtrage, bien pratique sur un si grand écran.
Les performances
Équipé d’un Snapdragon 865 (un cœur Kryo 585 à 2,84 GHz, trois à 2,42 GHz Kryo 585 et quatre à 1,8 GHz) et de 8 Go de mémoire vive, le Xperia 1 II ne manque de rien comparé à ses concurrents directs. Et si son écran ne profite pas d’un taux de rafraîchissement spécialement dédié aux joueurs, force est de constater que le format étiré du mobile comme ses performances à l’usage a su nous convaincre. Nous n’avons pas relevé de chauffe particulière lors de nos parties de Call of Duty Mobile, le jeu étant d’ailleurs préinstallé sur le smartphone. Toutefois, nos tests ont relevé une chute rapide de framerate lorsque des processus sont exécutés, le smartphone atteignant néanmoins un très correct 20 fps au mieux.
La photo et la vidéo
Le Xperia 1 II adopte la nomenclature “Mark” des appareils photo Sony, et se veut à la fois un smartphone tourné vers le jeu et la consommation d’images, mais aussi un véritable appareil photo/caméra de poche. Des options rappelant celles de ses boîtiers Alpha y sont ainsi incluses, secondant un hardware prometteur sur le papier.
On trouve ainsi un bloc photo dorsal comprenant trois modules pourvus de capteurs de 12 mégapixels de tailles différentes : un Exmor RS de 1/1,7 pouce pour le principal, un de 1/3,4 pouce pour le second avec zoom, et un Exmor RS de 1/2,55 pouce pour le dernier avec ultra-grand-angle. Au rayon des optiques, signées Zeiss, le module principal est pourvu d’un objectif ouvrant à f/1,7, tandis que le second (stabilisé, comme le premier d’ailleurs) profite d’une ouverture de f/2,4 et le dernier, de f/2,2. Un capteur ToF couronne le tout, pour un ensemble somme toute complet, et assez surprenant dans la mesure où il est rare de retrouver des capteurs de définition semblable sur les différents modules dorsaux des smartphones.
L’ensemble fournit une prestation intéressante, même s’il nous faut souligner un problème de taille : pour profiter de l’ensemble des fonctionnalités photo et vidéo (jusqu’en 4K à 60 fps) du smartphone, il faut s’en remettre à trois applications différentes. Autant dire que hormis les plus aguerris, la plupart des utilisateurs risquent de se contenter de l’app Photo classique, et de n’ouvrir que bien rarement les apps Cinema Pro et Photo Pro, lesquelles fourmillent pourtant de réglages et visent clairement les photographes et vidéastes plus experts. C’est d’ailleurs eux que visent les options inspirées de l’univers des Alpha, les appareils photo hybrides de la marque. Elles concernent essentiellement la mise au point, qui nous a semblé pour le moins rapide, puisqu’il s’agit ici d’autoriser un mode rafale à 20 images par seconde avec AF/AE. Ce “burst mode” est d’ailleurs accessible depuis le bouton physique de l’appareil, sous réserve d’activer l’option dans les paramètres de l’application photo : niveau ergonomie, rien à redire, donc. On apprécie également de retrouver le suivi des visages et de l’œil, également appréciable pour réussir des portraits – et accessible dans l’application photo standard. Un mode portrait d’ailleurs bien géré, le capteur ToF ici à l’œuvre s’avérant particulièrement efficace. Sony promet par ailleurs un autofocus couvrant 70 % de l’image, et de fait, il semble bien fonctionner et nous épargner bonne quantité de clichés flous.
Quid de la qualité ? Utilisé en mode automatique, le capteur principal offre d’excellents résultats en centrage, mais les clichés offrent une résolution manquant d’homogénéité. Les possibilités de recadrage sont minces. On regrette également l’absence de mode nuit dédié, et une tendance au bruit lorsque la luminosité baisse, ce qui s’est confirmé lors de son passage en Labo. À 500 et 250 Lux, le niveau de détail baisse drastiquement. En revanche, nous avons pu apprécier une optique aux performances presque irréprochables.
Nous avons par ailleurs apprécié, sur le terrain, l’homogénéité que l’on peut constater au niveau colorimétrique lorsque l’on passe du grand-angle au zoom ou à l’ultra-grand-angle. À ce niveau de prix, on ne peut toutefois s’empêcher de regretter que Sony se “contente” d’un zoom 3x quand ses concurrents commencent à dépasser cette limite, mais le Nippon vise clairement des cibles en quête d’autres options – un format cinéma pour le tournage vidéo, par exemple. Voici en tout cas quelques exemples de photos prises avec le Xperia 1 II, à l’aide de son application principale en priorité, puisqu’elle reste la plus aisément accessible au quotidien.
Quant au module frontal, avec son capteur de 8 Mpx associé à une optique ouvrant à f/2,4, il offre une haute résolution au centre de l’image, mais peine davantage sur les côtés. Il ne concède que peu de défauts optiques et, comme bien des smartphones, montre ses limites en basse luminosité.
Le rendu audio
À noter également que le smartphone embarque deux haut-parleurs avant qu’il est agréable d’utiliser en jeu ou au visionnage de vidéos, et qui renforcent le sentiment d’immersion. Leur réponse en fréquence est convenable, mettant surtout l’accent sur les médiums, et faisant l’impasse sur les extrêmes aigus.
L’audio fait d’ailleurs partie des éléments les plus soignés par Sony, le Xperia 1 II étant compatible Dolby Atmos, conservant la prise jack qui fait défaut à la grande majorité des smartphones haut de gamme du moment et proposant à la fois le support de l’AptX et des fichiers 360 Reality Audio. Comme toujours, le support des fichiers Hi-Res audio (avec et sans fil) est également de la partie.
La qualité de réception (performances radio)
Comme nous le précisions plus haut, le Xperia 1 II est compatible avec le réseau 5G, qui s’apprête à démarrer en France. Il se tient donc prêt pour les années à venir. Nous l’avons pour notre part soumis à notre banc d’essai dédié à la 2G, la 3G et la 4G. Il présente des performances satisfaisantes sur toutes les bandes de fréquences examinées, sans toutefois se classer parmi les plus sensibles ou les moins directifs.
Par ailleurs, nous avons évalué à titre indicatif les performances du Xperia 1 II en matière de Wifi. Il s’est avéré très performant à l’usage des WiFi a, b et g, et un peu moins sur les WiFi n et ac. Notez qu’il est également compatible avec le tout récent WiFi 6 (WiFi x).
L’autonomie
Le Xperia 1 II est pourvu d’une batterie de 4000 mAh, dans la moyenne actuelle. Le smartphone offre une autonomie convaincante, avec en moyenne 10h05 d’usage par charge. On note par ailleurs sa compatibilité avec la charge rapide (21W) et avec la charge sans fil. Sony ne prétend pas arriver au niveau des charges ultra-rapides des marques concurrentes, et préfère miser sur une charge adaptative estampillée Xperia ou encore sur son mode d’économie d’énergie Stamina. Nous avons pour notre part constaté en Labo qu’une charge complète demandait 2 heures en moyenne.
Conclusion
Le Xperia 1 II de Sony laisse une étrange impression. Il est à la fois excellent et particulièrement frustrant. Il séduit en effet sans peine par son design atypique sur un marché aujourd’hui très homogène, intégrant un bouton déclencheur photo physique, une prise jack devenue rare et des haut-parleurs stéréo en façade, mais aussi par son bel écran OLED taillé pour la vidéo. Il fourmille en outre d’options de capture d’images. Pourtant, ces qualités côtoient des zones d’ombre : malgré la préinstallation de CoD Mobile, son écran n’offre un taux de rafraîchissement ni de 120 Hz ni de 90 Hz, et la 4K semble peu utile sur un si petit écran. Surtout, ses fonctions de prise de vues – fixes comme animées – s’adressent à un public expert, quand les smartphones concurrents cherchent au contraire à simplifier l’accès aux réglages les plus pointus à leurs utilisateurs. Pour offrir tout son potentiel, le Xperia 1 II devra donc être placé entre les mains d’un public photographe ou vidéaste, mais toujours averti, tandis que les néophytes pourront profiter d’un modèle franchement plaisant à utiliser.