Prise en main

Nikon Z9 : notre prise en main autour du Mont-Blanc

16 septembre 2022
Par Louis Cayatte
Il est possible d’utiliser des optiques Nikkor F, conçues pour les reflex Nikon, sur les hybrides en monture Z de la marque, tel le Z9, grâce à un adaptateur, en l’occurrence le FTZ, qui vient s’intercaler entre le boîtier et l’objectif.
Il est possible d’utiliser des optiques Nikkor F, conçues pour les reflex Nikon, sur les hybrides en monture Z de la marque, tel le Z9, grâce à un adaptateur, en l’occurrence le FTZ, qui vient s’intercaler entre le boîtier et l’objectif. ©Peignée Verticale

Premier appareil numérique entièrement dépourvu d’obturateur mécanique, le Nikon Z9 est à l’avant-garde sur de nombreux fronts technologiques. Nous avons pu le constater au cours d’une prise en main du boîtier, lors de la dernière édition du mythique Trail autour du Mont-Blanc, l’UTMB. Des enseignements qui en disent long sur la maturité atteinte sur les appareils à optique interchangeable sans miroir, aussi bien en photo qu’en vidéo.

Levons, d’emblée, toute ambiguïté. Le Nikon Z9 s’adresse avant tout aux photographes et vidéastes chevronnés. Son prix (il est positionné à 5 999 € boîtier nu) et son gabarit, digne des reflex professionnels de la marque (149×149,5×90,5 mm pour 1,3 kg avec accu et carte), en attestent.

Pourtant, ce modèle apparaît comme un symbole, à plusieurs titres, tant il regorge de technologies qui révolutionnent la pratique de la photo, mais aussi de la vidéo. Nous avons pu le constater auprès des équipes de production de la société Peignée Verticale, en marge de l’édition 2022 de l’UTMB, série de courses à pied mythiques autour du Mont-Blanc qui s’est déroulée du 22 au 28 août, dont l’épreuve reine finale de 170 km. Un beau terrain de jeu pour éprouver les possibilités du Z9, aussi démesurées que le dénivelé moyen du parcours.

À partir de
5 999€
En stock
Acheter sur Fnac.com

Notre prise en main

Un pari payant

Nikon était attendu au tournant, après que Canon et Sony ont successivement sorti les EOS R3 et l’Alpha 1, deux bolides aboutis, conçus pour les pros. La firme nipponne n’a pas raté son entrée. Mieux, avec le Z9, elle frappe un grand coup, grâce à plusieurs audaces technologiques.

La première tient dans l’absence totale d’obturateur mécanique. Une caractéristique unique, qui pourrait octroyer au Z9 une longévité inédite, cette pièce étant d’ordinaire garantie pour un nombre de déclenchements par le constructeur. Incidence directe sur le terrain, le déclenchement est donc totalement silencieux, comme c’est déjà le cas sur les appareils pourvus d’un obturateur électronique. Ce qui peut perturber à la fois la personne photographiée et le photographe lui-même, surtout en mode rafale ! Mais il est possible de simuler un bruit de déclenchement, ne serait-ce que pour s’assurer que l’on a bien pressé le bouton.

Nikon Z9
Dynamique, grand-angle, haute définition, autant d’atouts maîtres du Z9.©Louis Cayatte

Au passage, le phénomène de rolling shutter (déformations visibles sur des mouvements rapides, lors de prises de vue à cadence élevée), plutôt courant dans ces conditions, est remarquablement limité, même à la plus haute cadence de 20 i/s, à pleine définition (45 Mpx), avec suivi de l’autofocus et de la mise au point sur chaque image.

Attention en revanche, sous certains types d’éclairages, aux bandes horizontales (effet de banding), quand on photographie avec l’obturateur électronique ! Autre fait marquant sur le Z9, la possibilité de tourner en 8K, en interne, en 60p, avec un format Raw propriétaire, et en 4K 120p. Le tout dans un boîtier stabilisé, sur cinq axes, et totalement protégé contre les intempéries, comme ses aînés reflex de la série D à un chiffre. Nikon, qui avait été la première marque à proposer un mode Vidéo sur les reflex (720p sur le D90, il y a 14 ans), confirme son savoir-faire dans le domaine.

Nikon Z9
Photo prise au Nikon Z9.©Louis Cayatte

Configuration plus légère

Autant d’arguments qui ont convaincu Timothée Nalet, fondateur de Peignée Verticale, de préférer ce boîtier aux caméras cinéma RED, qu’il a utilisées l’an dernier, pour produire des contenus pour ses clients, à l’occasion de cette manifestation sportive majeure.

« Aujourd’hui, les systèmes autofocus embarqués dans les hybrides sont beaucoup plus performants et adaptés pour suivre des sportifs. On n’a presque plus à se soucier de la mise au point, ce qui révolutionne notre travail. »

Timothée Nalet
Fondateur de Peignée Verticale

« Les RED sont très contraignantes sur le terrain : il faut un assistant pour les installer, les mettre sur un stabilisateur… c’est un chantier qui prend du temps (environ 15 minutes de manipulations), nous explique-t-il. Avec le Z9, je gagne ainsi en réactivité, en variété d’images, de plans ; aujourd’hui, les systèmes autofocus embarqués dans les hybrides sont beaucoup plus performants et adaptés pour suivre des sportifs. On n’a presque plus à se soucier de la mise au point, ce qui révolutionne notre travail. »

Depuis que le Canon EOS 5D Mark II, lancé en 2008, a démocratisé le tournage en 1080p avec un appareil photo à optique interchangeable, les progrès n’ont cessé d’être constants dans ce domaine. Mais ce n’est que depuis quelques années que les systèmes hybrides offrent une solution réellement « viable » sur le terrain en matière de fiabilité, qu’il s’agisse de l’ergonomie (encore perfectible, un boîtier photo n’est pas un caméscope…) ou, surtout, du suivi de l’autofocus, ô combien crucial pour assurer des plans nets, surtout dans un environnement sportif. 

L’autofocus, nerf de la course

Les modes de détection de sujets (personnes, animaux, véhicules…) que l’on trouve désormais sur tous les hybrides du marché, toutes marques confondues, sont d’une efficacité telle que les réalisateurs de l’équipe de Peignée Verticale, à l’image d’Antoine, font confiance au suivi de l’autofocus, en mode AFC, en tenant le boîtier à main levée.

Impensable du temps des reflex ! Et pas toujours probant d’un appareil hybride à l’autre. Toutes les marques ne jouent pas à armes égales en termes d’efficacité de l’autofocus. Des boîtiers Nikon plus abordables comme le Z6 II ou le Z7 II assurent déjà des performances très satisfaisantes. Le Z9 va plus loin dans la précision et la réactivité, grâce à l’apport du processeur Expeed 7.

Nikon Z9
L’écran LCD peut être orienté de plusieurs manières et ce, même en position verticale. Dans les menus, il est possible de faire en sorte que le sens de lecture des informations affichées bascule aussi (ce qui n’est pas le cas sur cette image).©Peignée Verticale

Et, malgré le poids et l’encombrement du Z9, les équipes de Peignée Verticale filment la plupart du temps à main levée, se reposant sur la stabilisation sur cinq axes logée dans le boîtier, et n’hésitent pas à suivre les concurrents en courant, utilisant dans ces conditions un accessoire type Ronin, stabilisateur sur trois axes qui permet d’obtenir des plans plus fluides. 

Visées multiples

Une fois n’est pas coutume sur un boîtier de cette catégorie, c’est l’écran LCD qui est le meilleur outil pour cadrer dans ces conditions. L’écran du Z9 n’est pas multidirectionnel (ce qui est dommage, car il est toujours bon de pouvoir rabattre le LCD contre le boîtier pour le mettre à l’abri des chocs ou rayures éventuelles). Il est néanmoins orientable sur quatre axes, ce qui facilite le cadrage en position verticale : et même le sens de lecture des informations bascule en fonction de l’orientation, si cela a été défini dans les menus.

Nikon Z9
L’écran LCD peut être orienté de plusieurs manières et ce, même en position verticale. Dans les menus, il est possible de faire en sorte que le sens de lecture des informations affichées bascule aussi (ce qui n’est pas le cas sur cette image).©Peignée Verticale

Avantage des hybrides en vidéo, par rapport à la visée reflex, il est permis de filmer en gardant l’œil dans le viseur, l’affichage électronique étant identique à celui du LCD. En regardant dans le détail, on parvient tout de même à trouver quelques petites failles sur ce colosse : aussi, la dalle OLED de 3,68 Mpt du Z9, bien que procurant une image large et lumineuse, apparaît un peu sage, vu la concurrence et les autres caractéristiques embarquées dans le boîtier. Mais, dans la pratique, il faut reconnaître que la visée ne souffre d’aucun ralentissement et procure un confort très agréable.

Gérer le flux

Photographier à 20 i/s, filmer en ultra HD, avec plus de flexibilité, est appréciable. Revers de la médaille : « On crée plus d’images, trop d’images », reconnaît Timothée. Un travers propre à l’ère numérique, qui touche tous les créateurs de contenus, amateurs ou professionnels.

Avec le Z9, tous les curseurs peuvent être poussés au maximum. Le capteur Cmos plein format de 45 Mpx, qui adopte une structure empilée (stacked) – technologie déjà éprouvée chez Sony notamment – permet d’incorporer une puce au niveau du capteur. Cela accélère le traitement des données, mais le poids des fichiers est tel qu’il faut des cartes à la fois rapides et de grandes capacités pour tirer le maximum du boîtier.

Idem en vidéo 4K et a fortiori 8K. C’est pourquoi l’appareil abrite deux emplacements pour cartes CFexpress Type B. Pour y voir clair dans sa « darkroom » au rez-de-chaussée d’un chalet avec vue sur le Mont-Blanc, sur les hauteurs de Chamonix, QG éphémère de Peignée Verticale durant la compétition, Thibault gère l’édition des photos. Il utilise le classement par étoiles du logiciel Lightroom, ce qui lui permet de faire un tri rapide, dès le premier passage en revue. Pour ensuite envoyer des images rapidement aux clients, qui communiqueront sur leurs réseaux sociaux pendant la course.

Nikon Z9
L’éditing est une étape aussi importante que la prise de vue. Avec un boîtier capable de photographier à 20 im/s, il faut se montrer patient et méthodique pour faire un tri pertinent…©Peignée Verticale

Derrière leurs écrans, Léo et « Floppy » gèrent quant à eux le flux vidéo, cherchant à identifier rapidement un moment-clé, une émotion, sur le visage d’un athlète, et diffuser rapidement de courts extraits pour les sponsors. Sur une semaine, ils ont « digéré » plus de 2,5 To de vidéo (flux 4K 8 bits, codec H.265), qu’ils archivent sur plusieurs disques dur. La qualité des fichiers captés avec le Z9 est au rendez-vous. Ce boîtier confirme la cohabitation durable de la photo et de la vidéo et augure de fonctionnalités et performances qui pourraient « ruisseler » sur des modèles plus grand public, dans les mois à venir…

Article rédigé par
Pour aller plus loin