
A l’occasion de leur concert événement au stade Vélodrome ce 28 juin et de la réédition de « Comme un aimant », BO du film coréalisé en 2000 par Akhenaton, on vous propose de revenir sur dix morceaux emblématiques du collectif rap marseillais.
Il y a 25 ans, Akhenaton accompagné de Kamel Saleh mettait en image ce que IAM racontait depuis le début des années 1990 : dans Comme un aimant – dont paraît ce mois de juin la bande originale rééditée -, on suivait le parcours de jeunes Marseillais entre déshérence et espoir.
Créé en 1988, IAM fait partie des pionniers du rap français. Et l’on doit à AKH, Shurik’n, Freeman, Imhotep, Kheops et Kephren le fait d’avoir placé les Bouches-du-Rhône sur la carte hip-hop hexagonal. Alors, quels sont les titres qui racontent le mieux le groupe marseillais ?
IAM – Pharaon revient et Pharaon reviens (1991-1993)
L’intro Pharaon revient, piste 1 du premier album d’IAM, Planète Mars, a mis en valeur l’une de ses influences majeures : l’égyptomanie. Utilisant avec humour des samples tirés de disques éducatifs sur l’Antiquité, et de BO de sons et lumières des années 1970, ce morceau introductif a fait l’objet d’une suite sur le disque Ombre et lumière, intitulée Pharaon reviens, placée à la fin du double album. Cette fois, les samples étaient accompagnés d’une suite de couplets rappés.
Support de la quête spirituelle du rappeur Akhenaton, l’Égypte représente un symbole fort de la mythologie IAM, et Pharaon reviens un hommage épique à la gloire du monothéisme, présenté avec une production boom bap orientalisante de toute beauté. Pharaon revient et Pharaon reviens, générique de début et de fin des deux premiers opus d’IAM, introduisent les auditeurs à un groupe de rap jamais loin de la mystique.
IAM – Je danse le Mia (1993)
Difficile de passer à côté de Je danse le Mia, premier tube d’IAM, dont la version radio se construit sur un sample du hit Give Me The Night de George Benson. Akhenaton y relate, avec force détails truculents, les soirées funk organisées en club « au début des années 80 ». Sa plume nostalgique et très imagée, assortie du clip malin signé Michel Gondry, a permis à IAM de tutoyer les sommets des charts, à une époque où, pourtant, le rap était un phénomène marginal.
Akhenaton – Bad Boys de Marseille, Pt. 2 (1995)
Disponible en trois versions (Bad Boys de Marseille, Bad Boys… Pt. 2, et une version « sauvage »), Bad Boys de Marseille est un morceau de choix du premier album solo d’Akhenaton, Métèque et mat, paru en 1995. Si l’opus sonne comme un hommage à l’Italie, patrie d’origine du MC d’IAM, Bad Boys de Marseille invite la crème du rap marseillais d’alors à venir briller : par ce morceau naît l’engouement autour de la Fonky Family (Don Choa, Le Rat Luciano, Sat et Menzo), bien vite nouveau phénomène de la cité phocéenne… et du rap français.
IAM – Nés sous la même étoile (1997)
En 1997, l’album L’École du Micro d’Argent plaçait IAM au firmament. Avec des singles aussi inoubliables que Petit frère ou L’Empire du côté obscur, le groupe marseillais réussissait un grand écart parfait entre egotrip et paraboles sociales. Nés sous la même étoile appartient à la deuxième catégorie, racontant les différences de destin entre deux garçons issus de deux classes sociales différentes.
IAM – Demain c’est loin (1997)
En neuf minutes, IAM a redéfini la notion même de « morceau de bravoure ». Placé en épilogue de L’École du micro d’argent, Demain c’est loin se démarque de la production rap d’alors par son ambition et son écriture. Shurik’n en premier, puis Akhenaton, jouent des homophonies et des anaphores pour relier entre eux les différents couplets. Descriptif précis de la vie sociale à Marseille et de la mentalité menant à la délinquance, ce titre boom bap participe de l’âge d’or du rap français et de la réputation du troisième disque d’IAM, classique instantané.
Shurik’n – Samouraï (1998)
En 1998, IAM laissait à un deuxième MC le loisir d’enregistrer un disque solo : Où je vis, disque de Shurik’n, est l’équivalent pour le crew marseillais des productions solo de GZA pour Wu-Tang Clan. Il faut dire que le rappeur n’a jamais caché son goût pour les horizons asiatiques, s’inscrivant ainsi dans les pas du célèbre groupe américain. Samouraï, single le plus populaire de l’opus, multiplie les références aux arts martiaux et à l’histoire japonaise, et restera l’un des meilleurs morceaux de l’univers étendu IAM.
IAM – Le Retour du Squad (1998)
Après L’École du micro d’argent, le rap marseillais est au firmament. IAM participe à la BO de Taxi, Belsunce Breakdown, tiré de Comme un aimant, dans toutes les têtes. Les disques de Kheops, ou d’Imhotep, voient apparaître des noms qui deviendront emblématiques de la deuxième génération du rap venu du 13, comme Faf Larage (frère de Shurik’n), Psy 4 de la Rime, 3e Œil… Le Retour du Squad, présent sur les Chroniques de Mars d’Imhotep, intègre Fonky Family, 3e Œil, Faf Larage, K-Rhyme Le Roi, Freeman & Akhenaton, le temps d’un hommage… grâce à l’aide créative apportée par le cannabis.
IAM – Noble art (2003)
Avec Revoir un printemps, IAM faisait de Freeman la troisième voix du collectif. Une « montée » en grade que l’on découvrait dès Noble art, single introductif du retour d’IAM en groupe (après six ans de projets solo). Mais la particularité du titre provenait de deux artistes en featuring : rien de moins que Method Man, issu du Wu-Tang Clan, et son camarade Redman, électron libre du rap new-yorkais, qui venaient apporter la touche américaine à un morceau festif, à l’image d’un disque original où apparaissait également une certaine Beyoncé.
Akhenaton – La Fin de leur monde (2006)
Tiré de l’album Soldats de fortune, exercice solo d’Akhenaton paru en 2006, La Fin de leur monde faisait renouer Akh, mais aussi Shurik’n (présent en featuring) avec le format et l’engagement de Demain c’est loin. Description cinglante des errances dans lesquelles les gouvernants de tout poil plongent l’humanité, le morceau a depuis intégré les prestations en concert du groupe marseillais. Pour autant de moments politiques et fédérateurs.
IAM – Monnaie de singe (2017)
En véritable vétéran du rap français, IAM fêtera en 2028 40 ans d’existence. Dans l’intervalle, ses membres ont su moderniser leur son, comme en témoigne Monnaie de singe, paru en 2017 sur Rêvolution, et incursion très réussie dans le rap/pop des années 2010. Authentiques et toujours engagés, les rappeurs pionniers continuent d’apparaître comme des boussoles, et constituent toujours une influence majeure de la chanson française en général.
IAM, en concert au stade Vélodrome le 28 juin 2025.