
Alors que Louane s’apprête à défendre les couleurs de la France lors du concours de l’Eurovision 2025 avec le beau titre « Maman », les fans de la compétition se remémorent les éditions précédentes avec leurs morceaux préférés. Un rituel que nous avons voulu suivre, nous aussi : voici les 10 chansons les plus émouvantes de l’Histoire de l’Eurovision, en toute subjectivité.
Créé en 1956, le Concours Eurovision de la chanson a gardé intacte sa mission initiale : fédérer les nations européennes le temps d’une soirée de gala durant laquelle sera élue la meilleure chanson. 44 pays participent aujourd’hui à la compétition, reflétant la diversité musicale de l’Europe et du pourtour méditerranéen. Alors que cette année, c’est Louane qui défendra les couleurs de la France lors de la finale ce 17 mai 2025, revenons sur les chansons qui auront fait pleurer l’Europe entière.
Gigliola Cinquetti – Non ho l’età (Eurovision 1964)
Grand pays de chansons, l’Italie n’est que peu présente dans le palmarès de l’Eurovision, avec seulement trois victoires – on se souvient de la dernière en date, Måneskin en 2021. Il faut dire qu’avec son concours national de variété, le célèbre festival de San Remo, la Botte a déjà fort à faire côté championnat national, et délaisse parfois les compétitions européennes.
Mais avec No ho l’età dans la première décennie de l’Eurovision, la musique transalpine a gravé une mélodie éternelle qui a valu à son interprète, Gigliola Cinquetti, une gloire durable. Parlant d’un amour ne pouvant être assumé à cause de la barrière de l’âge, cette ballade traditionnelle – qui a fêté ses soixante ans l’an dernier – reste comme un exemple classique de la grande chanson italienne des sixties.
Marie Myriam – L’Oiseau et l’Enfant (Eurovision 1977)
Aucune victoire à l’Eurovision depuis Marie Myriam en 1977 : l’aura culturelle de la France brille assez peu lors de cette grande messe télévisuelle du printemps. Ce qui fait de L’Oiseau et l’Enfant un titre des plus émouvants : d’une part, sa jolie mélodie vocale, tentative réussie de bousculer la pop seventies façon Abba ou Brotherhood of Man, mais aussi parce que depuis 48 ans, elle symbolise le « seum » à la française, ce léger sentiment d’injustice d’être totalement largué sur la scène musicale européenne.
Céline Dion – Ne partez pas sans moi (Eurovision 1988)
Si Ne partez pas sans moi est loin d’être la plus lacrymale des chansons de Céline Dion, le titre vainqueur de l’Eurovision 1988 (la diva québécoise y représentant la Suisse) a permis la révélation de la dernière grande star du 20e siècle. Ni plus, ni moins : devant 600 millions de téléspectateurs ce jour-là, la future interprète de My Heart Will Go One naissait à la scène. 21 ans, une voix déjà exceptionnelle, un sens inné du show… Grâce soit rendue au concours d’avoir révélé au monde celle par qui la variété internationale a changé à tout jamais.
Niamh Kavanagh – In Your Eyes (Eurovision 1993)
Que celui qui n’a pas eu à apprendre Zombie des Cranberries en chant ou à la flûte à bec durant les années 90 nous jette la première pierre : le conflit nord-irlandais a marqué la décennie. Reflet musical d’une époque, l’Eurovision a plébiscité les titres originaires de l’Irlande durant la même période. D’une beauté confondante, In Your Eyes par Niamh Kavanagh est emblématique de cet âge d’or : ballade orchestrale intemporelle, le titre nécessite une ampleur vocale certaine afin de communiquer une vaste gamme d’émotions. Fait intéressant : avant que l’interprète irlandaise n’enregistre sa version, c’est Idina Menzel, alors totalement inconnue, qui avait fait la voix témoin pour la composition.
Loreen – Euphoria (Eurovision 2012)
Un titre dance peut-il émouvoir ? Absolument. Il suffit d’écouter la prestation de Loreen à l’Eurovision 2012. Avec Euphoria, la jeune Suédoise a concentré tout le cortège d’émotions, entre mélancolie et souhait d’émancipation, qui peut étreindre les téléspectateurs de l’Eurovision.
Conchita Wurst – Rise Like A Phoenix (Eurovision 2014)
Vitrine culturelle du progressisme à travers ses prestations scéniques colorées et inclusives, ainsi que son public sensible à l’égalité et à l’émancipation LGBTQIA+, l’Eurovision a connu quelques grands moments sociétaux, et notamment la victoire de la draq queen autrichienne Conchita Wurst pour Rise Like A Phoenix (Conchita), hymne emphatique à l’acceptation de soi et à la différence.
The Common Linnets – Calm After the Storm (Eurovision 2014)
Dauphin de Conchita Wurst, le duo mixte The Common Linnets (Ilse DeLange x Waylon), venu des Pays-Bas, a marqué les esprits avec le très beau Calm After The Storm, titre à l’inspiration nord-américaine notable, entre country et pop. Une chanson empreinte de nostalgie passée tout près de la consécration continentale.
Salvador Sobral – Amar Pelos Dois (Eurovision 2017)
Si on aime l’Eurovision pour les improbables costumes, mises en scène ou chorégraphie venues de tous les pays d’Europe, il reste aux purs interprètes de la marge pour s’exprimer sans fioriture ou ornements. On se souvient ainsi de la prestation minimaliste du chanteur portugais Salvador Sobral en 2017 sur une ballade jazzy, Amar Pelos Dois, qui a transporté tout un continent à l’unisson derrière ce remarquable vocaliste.
Barbara Pravi – Voilà (Eurovision 2021)
Un léger voile sur la voix, une présence scénique évoquant Edith Piaf, une mélodie qui tourne façon L’Accordéoniste… Barbara Pravi a tout bon. Voilà (extrait de l’album On n’enferme par les oiseaux), chanson représentant la France à l’Eurovision 2021, reste dans tous les esprits quatre ans après, comme emblème de la variété française dans ce qu’elle a de plus noble. L’Europe ne s’y était pas trompée : jurés et public portant le titre à la deuxième place du concours cette année-là.
Kalush Orchestra – Stefania (Eurovision 2022)
Quelques mois après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les représentants ukrainiens du Kalush Orchestra ont ému tout le continent avec Stefania, hymne patriotique et pacifique mêlant trap et chanson folklorique slave. Dans une Europe qui voulait crier « I Stand With Ukraine », la portée symbolique de cette mélodie traditionnelle revisitée n’a échappé à personne… Et a assuré à la formation une victoire à l’Eurovision en forme d’appel à la paix.