L’immobilité, l’écrivain voyageur Sylvain Tesson l’a en horreur. C’est avec « l’énergie vagabonde » que cet insaisissable baladin, observateur vorace à la plume vissée au corps, n’a de cesse d’éprouver le monde, épris de liberté, pour mieux s’éprouver lui-même. Entre récits de voyage, essais et explorations imaginaires, voici une sélection des plus beaux voyages littéraires de Sylvain Tesson.
Des récits de voyage
Dans les forêts de Sibérie
Après son tour du monde à vélo dans On a roulé sur la terre, à pied dans l’Himalaya dans La Marche dans le ciel et à dos de cheval en Asie Centrale dans La Chevauchée des steppes, Sylvain Tesson avait enfin décidé de se poser. Seul. Pendant six mois… Au bord du lac Baïkal ! Aux carnets de voyage succédait ainsi ce formidable carnet d’ermitage. Au programme : de la pêche, du bûcheronnage, de longues marches, beaucoup de lecture et de la vodka. Dans les forêts de Sibérie est le saisissant récit d’une retraite physique et spirituelle au cœur d’une nature puissante et sauvage. L’occasion pour Sylvain Tesson d’y aiguiser son éloge de la solitude, de l’espace et du silence, véritables gages de liberté et de richesse. Des trésors que l’on semble enfouir chaque jour un peu plus aujourd’hui sous un flot d’injonctions à vivre vite et plus.
Berezina
Autre retraite, toujours en Russie, celle de Napoléon, de Moscou à Paris. La retraite de la Grande Armée décimée dont Sylvain Tesson décidait en 2012 de marquer le bicentenaire en parcourant l’impérial repli à bord de trois motos side-cars soviétiques. Plus de 4000 km parcouru en plein hiver depuis les coupoles d’or de la Cité de pierre blanche jusqu’à celle des Invalides. À ses côtés, le géographe Cédric Gras, le photographe Thomas Goisque ainsi que deux camarades russes. Dans Berezina, Sylvain Tesson entrelace le récit non dénué d’humour de son équipée sauvage aux côtés de ses quatre « grognards » avec celui, bien plus tragique, de ces milliers de soldats en déroute, affamés et sacrifiés aux rêves de grandeur de l’homme au bicorne.
Sur les chemins noirs
C’est en chutant d’un toit, en 2015, que l’écrivain-voyageur comprend ce qu’il a « manqué ». Jusqu’ici toujours à parcourir les confins du monde, Sylvain Tesson se fait alors une promesse. « Si je m’en sors, je traverse la France à pied ». Il s’en est sorti et il a traversé la France à pied. La France protégée de « l’aménagement », celle des chemins non balisés, parfois effacés des cartes mais connus des hommes. Des Alpes Maritimes à la Normandie, de la vallée de la Roya au sémaphore de la Hague, Sur les chemins noirs raconte la rééducation d’un corps et la reconstruction d’une âme.
La panthère des neiges
Chassez le naturel, il revient au galop… À peine revenu de ses chemins noirs, Sylvain Tesson s’en est retourné à l’autre bout du monde, sur les plateaux du Tibet oriental, en quête d’une ombre blanche. Celle de la mystérieuse Panthère des neiges. À ses côtés, sur les traces de l’insaisissable félin, le photographe Vincent Munier avec qui il partage son amour de la liberté et du silence et qui l’initie à « l’art de l’affût ». Un comble pour cet écrivain-aventurier toujours en mouvement, le cerveau en ébullition permanente, invité ici à observer, contempler, immobile. Et face à la formidable puissance d’un règne animal sauvage, Sylvain Tesson de dérouler ses réflexions à la fois universelles et intimes sur l’état de notre monde et les vertus de la patience.
Des essais
Petit traité sur l’immensité du monde, 2005
Au cours de ses nombreux voyages, Sylvain Tesson a toujours pris le temps de coucher sur le papier de ses carnets le fruit de ses pensées. De ses innombrables notes est né le Petit traité sur l’immensité du monde. L’auteur y partage sa nécessité absolue d’éprouver le monde. De l’explorer dans ses moindres recoins. D’y marcher, pédaler, galoper, bivouaquer. D’en longer les sentiers et les rivières, d’en traverser les déserts et les forêts, d’en gravir les montagnes et d’en épouser les vallées, mais aussi d’en escalader ces « vaisseaux de pierre » que sont les cathédrales… Le long de ces chemins, Sylvain Tesson nous dévoile ceux de ses réflexions. Nous expose sa vision de la vie, son respect profond pour la nature, son irrépressible besoin de solitude. Une ode au vagabondage moderne !
Une très légère oscillation, 2017
Sylvain Tesson rassemble de nouveau ses pensées dans Une très légère oscillation. Au fil de ce journal intime écrit entre janvier 2014 et le printemps 2017, il y mesure et enregistre chaque secousse de notre monde comme de son esprit. Ses voyages, ses lectures, son rapport au temps, à la nature, aux hommes. Son amour des cimes et son admiration pour l’élégance des alpinistes. Son brulant désir de « vivre à la verticale de soi » mais aussi sa chute depuis un toit, sa rééducation auprès de Notre-Dame. Il évoque également Daech, la politique française, le Pape… Appelle à distinguer foi et culture, dogme et civilisation. Le verbe haut et la poésie jamais très loin, Sylvain Tesson partage ainsi ses découvertes, ses indignations, ses amusements, du plus futile au plus tragique, le tout au rythme réjouissant de ses aphorismes.
Un été avec Homère
Autre oscillation signée Sylvain Tesson que cet Été avec Homère. Oscillation entre la mythologie et le monde d’aujourd’hui dans une relecture aussi épique qu’érudite de l’Illiade et de l’Odyssée. L’écrivain nous invite à (re)considérer ces Dieux décidément trop humains et ces hommes se prenant pour des Dieux, animés par leur soif de pouvoir et de gloire, avec seule la guerre pour l’épancher et des caresses pour faire la paix. Des hommes tiraillés entre le frisson de l’aventure et la douceur du foyer familial. Entre l’inextinguible désir de conquête et la tranquillité. Des hommes libres de leur choix ou à la merci de leur destin, s’interroge-t-il. Des pantins ou des forces vives ? C’est retiré sur une île des Cyclades que Sylvain Tesson est ainsi allé « capter les couleurs, la musique et les vibrations de l’univers d’Homère » pour mieux en révéler, 2500 ans plus tard, l’incomparable et troublante familiarité. Ou comment l’œuvre d’Homère se révèle-t-elle finalement prémonitoire.
Des recueils de nouvelles
Une vie à coucher dehors
Avant même de partir dans les forêts de Sibérie ou sur les chemins noirs, Sylvain Tesson se plaisait déjà à sortir du cadre confortable de la cartes postale pour préférer nous plonger au cœur de rudes contrées. Au fil des quinze nouvelles d’Une vie à coucher dehors, l’écrivain nous entraîne de l’ex-URSS au Moyen-Orient en passant par les criques de la mer Égée et les glens écossais. D’âpres destinations pour des héros malmenés par le destin et les forces de la nature. Modernité échevelée, jalousie et vanité, égalité homme-femme… La plume aiguisée, Sylvain Tesson égratigne l’homme et ses travers. Cet homme trop souvent égocentré qu’il prend soin ici de remettre à sa place. Quinze textes aux genres et aux souffles variés, tous sujets à questionner le monde tel que nous le construisons.
S’abandonner à vivre
Le « Pofigisme »… Chercher ce drôle de nom dans votre dictionnaire serait peine perdue. Il n’y a pas (encore) trouvé sa place. Sylvain Tesson, lui, en donne cette définition : « une attitude face à l’absurdité du monde et à l’imprévisibilité des événements. C’est une résignation joyeuse, désespérée face à ce qui advient. » Une façon de S’abandonner à vivre. Cet état d’esprit traverse et imprègne chaque nouvelle et chaque personnage de ce recueil. Ils sont marins, amants, guerriers, aventuriers, artistes, solitaires… Ils vivent en Bretagne, au fin fond de la Sibérie, en Suisse, au milieu du Sahara ou bien encore en Afghanistan. Dix-neuf façons de « voir » le monde ». De voyager au cœur de vies intérieures. Dix-neuf façons de recevoir et traverser les turbulences de la vie et l’ironie du sort.
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