Sélection

Quels sont les romans classiques à lire dans sa vie ? La sélection des membres du Forum des Lecteurs

04 avril 2024
Par Nathalie
Quels sont les romans classiques à lire dans sa vie ? La sélection des membres du Forum des Lecteurs

À l’occasion d’un challenge, nous avons demandé aux membres du Forum des Lecteurs quels étaient selon eux les romans classiques incontournables que tout à chacun devrait lire au moins une fois dans sa vie. La communauté s’est une nouvelle fois mobilisée afin de partager leurs titres préférés, français ou étrangers, du 17è siècle au 20è siècle. On regarde ça ensemble ?

Quels sont les romans du 17è siècle à lire dans sa vie ?

Au 17è siècle, le roman était considéré comme un genre mineur contrairement au théâtre ou bien à la poésie. Les auteurs à succès de l’époque sont effectivement Molière, Jean Racine ou encore Pierre Corneille

VidaLibresca a choisi de nous présenter La Princesse de Clèves de Madame de Lafayette, texte dénigré il y a quelques années par le président de la République de l’époque… Ce roman, à la fois historique et psychologique, a été publié anonymement dans un premier temps, en 1678. Il s’agit d’un texte fondateur pour les romanciers du 19è et 20è siècles. Et même si quelques anachronismes émaillent le texte de Madame de Lafayette, c’est pour la bonne cause : elle fait parfois fi des dates afin de faire coïncider la grande Histoire et l’histoire de notre chère princesse…

« Quelle jeune fille n’a jamais rêvé d’histoires de princes et de princesses, évoluant au milieu de « la magnificence », de la « galanterie » et du luxe ? Lire La Princesse de Clèves, c’est se plonger à l’époque des règnes de Henri II et de François Ier, dans un milieu de cour où s’entremêlent les histoires de cœur et les jeux de séduction, ainsi que les ambitions de pouvoir. C’est avant tout l’histoire d’une jeune fille, très tôt mariée, à un prince vraiment épris d’elle, subjugué par sa beauté. Mais c’est sans compter sur la rencontre d’un séducteur aux charmes sans pareils qui vient bouleverser le cœur de la princesse et tenter ses désirs. Mais quoi de plus plaisant – ou de plus frustrant – que d’attendre le rapprochement de ces deux êtres… Quand tout finit par faciliter leurs amours, c’est l’honneur qui triomphera. Voilà de quoi alimenter les débats : faut-il ou non se laisser aller à la tentation ? Dans La Princesse de Clèves, l’héroïsme est dans le refus. Assistez donc au premier écrit dans lequel la femme ose dire non et se fait entendre ! »

Franchement, si vous ne l’avez pas encore lu, l’argumentaire de VidaLibresca devrait vous convaincre !

La-Princee-de-Cleves

Quels sont les romans du 18è siècle à lire dans sa vie ?

Cette période n’a pas rencontré de succès auprès de nos internautes du Forum des Lecteurs. Mais il est encore temps de découvrir Manon Lescaut de l’Abbé Prévost, Jacques le Fataliste et son maître de Denis Diderot, ou bien Les Liaisons dangereuses de Pierre-Ambroise Choderlos de Laclos… Sans oublier la terrible histoire de Paul et Virginie de Bernardin de Saint-Pierre, ou encore Lettres persanes de Montesquieu. Et pour les plus avertis, n’oublions pas le divin marquis de Sade

Quels sont les romans du 19è siècle à lire dans sa vie ?

En France ou à l’étranger, le 19è siècle a vu le roman se populariser et se diffuser largement, notamment grâce aux feuilletons diffusés dans les journaux. On peut presque parler d’une forme d’industrialisation de la littérature et nombreux sont les écrivains qui sont passés par ce biais pour se faire connaître, tels Dumas, Zola, Balzac, Maupassant, George Sand, Eugène Sue ou Paul Féval.   

Et justement, pour Smarx et pour Linette, Le Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas est un des classiques à lire au moins une fois dans sa vie.

Pour Smarx, il s’agit d’un « roman qui s’inscrit dans la tradition du roman d’aventure et dans celle du roman-feuilleton du XIXe siècle. Un livre à lire et à relire aux différents âges de la vie, pour une lecture sans cesse renouvelée ». Et Linette de préciser : « C’est un livre qui m’a fasciné pendant ma jeunesse, l’auteur nous plonge dans un récit historique entouré de mystère, qui rend la lecture palpitante, saisissante, captivante. On n’a pas de mal à rentrer dans la peau des personnages, grâce au talent d’Alexandre Dumas, qui a marqué son siècle. C’est un grand classique dont je garde un souvenir inoubliable ».

Le-Comte-de-Monte-Cristo

Parmi les auteurs plébiscités, Émile Zola a été cité pour trois de ses romans, tous issus de la saga des Rougon-Macquart qui comporte vingt tomes.

Pattedechat nous raconte son aventure autour de L’Assommoir via un livre à la couverture très abimée : « Quel sacrilège ! J’ai trouvé ce livre gribouillé, abandonné de tous dans le coffre d’une amie qui voulait s’en débarrasser. Il était en train de connaître la même déchéance que les personnages d’Émile Zola dans l’Assommoir qui nous offre son observation du Paris alcoolique, misérable et ouvrier du 19è siècle au travers une famille. Après avoir lu ce livre, me voilà plongée dans la série des Rougon-Macquart. J’ai offert une place bien au chaud et bien rangé dans ma bibliothèque cet ouvrage mal aimé à qui je souhaite rendre l’hommage qu’il mérite ».

Assommoir Pattedechat L-Aommoir

Après la triste histoire de Gervaise, direction le nord de la France et la vie autour de l’industrie minière avec Germinal, un roman engagé, qui a marqué Seshat :

« Le second empire dans le nord de la France est une période difficile. Ce récit est celui du monde de la mine. Le travail est dangereux, la descente aux galeries, l’humidité, les inondations et les coups de « grisou ». Les accidents sont fréquents dans les profondeurs de la terre. Les mineurs vivent dans la misère et les angoisses. De mars 1866 à avril 1867, ces conditions de vie déplorables et la faim présente tous les jours vont engendrer une lutte revendicative : une grève. Cette lutte sera violente. C’est un beau roman très documenté sur la vie des ouvriers de cette époque et leur lutte en opposition à la bourgeoisie. Les patrons ne comprennent pas les raisons de ce mouvement. Ce livre n’a pas été bien accueilli lors de sa publication. Je l’ai beaucoup aimé. Il est un peu « cru » mais réaliste. Il nous entraîne dans la vie de ces mineurs avec les joies, les peines, la faim, le froid, la maladie et leurs amours. Un livre très émouvant, prenant, d’une grande intensité. À méditer : Germinal est le mois du printemps dans le calendrier révolutionnaire… ».

Germinal

Enfin, AMB37 a défendu La Terre et la vision que Zola donnait du monde paysan d’alors :

« La Beauce n’a pas toujours offert de vastes espaces. La campagne de Zola fait émerger les dures réalités d’une vie de paysan au 19è siècle sur des petits lopins de terre. Ce roman, 15ème tome des Rougon-Macquart est une chronique sociale du monde paysan sous le Second empire. Il m’a marquée par la nature brute et violente des personnages, leur âpreté au gain, leur attachement viscéral à la terre qui développe des appétits spéculateurs allant jusqu’au crime dans la famille. Certains passages sont férocement écrits, d’autres sont d’une modernité étonnante à l’heure où toujours les paysans rencontrent des problèmes d’exploitation et de pérennité de leurs activités. Pour preuve, ce passage dans le café du village où un journalier relaie des infos glanées lors de ces placements saisonniers : la menace d’un exode rural, la politique gigantesque des Etats-Unis avec des machines, des espaces à cultiver sans aucune mesure avec les petites parcelles Françaises. Zola aurait-il été devin en la matière ? Sans doute, mais c’est surtout un très grand écrivain de son siècle, ses œuvres sont journalistiques pour nous rappeler l’Histoire d’une époque. Son art de faire des portraits hyper/réalistes rend ce milieu et cette famille, inoubliables dans la fresque magistrale qu’il nous laisse. Je trouve que c’est très cinématographique et je ne peux m’empêcher d’y associer Au nom de la Terre le film de Guillaume Canet. »

La-Terre-nouvelle-edition

Comme vous l’aurez compris, la série des Rougon-Macquart demeure une œuvre très moderne et nous vous conseillons de (re)découvrir ces romans engagés qui font écho à l’actualité contemporaine.

Amorcas nous a fait part des ses souvenirs de lycée et de sa découverte de Stendhal avec Le Rouge et le Noir. Et cette mise en perspective nous a bien amusés (et fait réfléchir), il faut l’avouer.

« Le Rouge et le Noir, c’est curieux comme cet ouvrage qui s’annonçait rasoir et que nous infligeait le programme a pu faire tilt sur l’ado que j’étais. Au début avec mon pote Dudule on se foutait pas mal de cette histoire à la « mords moi le nœud », imposée par Bobonne (c’était le surnom de la prof de français au lycée Aubanel d’Avignon) d’ailleurs que l’on n’a pas tardé à la surnommer Bobonne de la Môle… Et puis … Et puis je ne sais pas pourquoi je me suis identifié à Julien. Oh ! c’est ballot, à l’époque je n’ambitionnais ni devenir curé ou militaire… L’armée c’est con, ça pue et ça pollue. Non, ce n’est pas ça. Julien, il s’extrait de sa condition morose pour devenir quelqu’un… juste quelqu’un de bien comme disait la chanson. C’est toute l’angoisse de l’ado qui se dilue et s’identifie dans cette élévation dans ce qui va devenir une existence, une vie. Et ça marche, il y parvient, il réussit dans la vie. Il existe enfin. En plus, il aime et il est aimé, trop peut-être. Oh !  Bon Dieu comme j’ai pu haïr le geste de ce con de Julien quand il a tout foutu en l’air en tirant un coup de pétard sur la rombière, sur Madame de Rénal !
Je l’ai lu, puis relu ce fichu bouquin, moins que le Club des Cinq contre-attaque, mais, oui, il fait partie de ces bouquins qui m’ont aidé à me dépatouiller dans cette étrange et singulière aventure de la vie. »

Alors, pour les parents qui se désespèrent parce que leurs enfants ne lisent pas ou qu’ils n’ont pas de projets d’avenir, faites-leur découvrir Le Rouge et Le Noir : un texte peut changer une vie…

Le-Rouge-et-le-Noir

Caroline7 a décidé de nous entraîner sur les chemins de l’aventure avec Le Tour du Monde en 80 jours de Jules Verne : attachez-vos ceintures !

« Phileas Fogg, un gentleman anglais, aussi riche et flegmatique qu’énigmatique, passe ses journées au Reform Club à lire le journal et à jouer aux cartes. Un jour, en feuilletant son journal, il tombe sur un article affirmant que, grâce à l’ouverture d’une nouvelle ligne de chemin de fer en Inde, il est à présent possible de faire le tour du monde en 80 jours. Il s’ensuit un débat passionné avec ses amis du Club. Phileas Fogg va alors parier la moitié de sa fortune pour prouver qu’une telle entreprise est possible. Etant un maniaque de la ponctualité, l’itinéraire décrit dans le journal lui semble totalement faisable, il va donc se lancer dans l’aventure le jour même avec son valet Jean Passepartout, un Français d’une trentaine d’année, ancien acrobate et au caractère diamétralement opposé à celui de son maître. Mais leur voyage va être semé d’embûches et de contretemps.
Le pari et le départ de Fogg font la une des journaux. La police soupçonne Phileas Fogg d’être le fameux voleur qui vient de dévaliser la Banque d’Angleterre. L’inspecteur Fix part donc à sa recherche et ne cessera de le poursuivre dans tous les pays traversés…
Les romans de Jules Verne, toujours très documentés, se déroulent généralement au cours de la seconde moitié du XIXe siècle. Ils prennent en compte les technologies de l’époque, mais aussi d’autres non encore maîtrisées ou plus fantaisistes. Avec un total de 4 751 traductions, il vient au deuxième rang des auteurs les plus traduits en langue étrangère après Agatha Christie et devant Shakespeare. Il est ainsi, en 2011, l’auteur de langue française le plus traduit dans le monde.
Pour ma part, j’ai découvert les histoires de Phileas Fogg et de ses acolytes à la télé avec la série animée dont la particularité était de représenter les personnages par des animaux anthropomorphes. Ainsi, Phileas Fogg était un lion, Passepartout, un chat, Fix un chien…
Ce n’est que plus tard, vers l’âge de 10 ans, que j’ai commencé à lire tous les livres de Jules Verne et c’est avec un grand plaisir que je me suis replongée dans les aventures de ce gentleman anglais.
Donc, même s’il est difficile de choisir un seul livre parmi tous les romans de Jules Verne, Le tour du monde en 80 jours reste mon préféré parce qu’il me ramène à cette période de mon enfance où la vie était tellement plus simple, avec ses dessins animés et les goûters après l’école… »

Le-Tour-du-monde-en-80-jours

Elle a tout dit ! Merci Caroline7.

Comment parler des classiques du 19è siècle sans faire référence à Victor Hugo ? « Ce siècle avait deux ans », ça vous dit quelque chose ? C’est Nathalie qui a décidé de nous parler de sa passion pour Les Misérables… et Montfermeil :

« J’ai passé mon enfance et mon adolescence à Montfermeil : tout y était sous le signe de ce roman, des noms des rues du centre-ville, aux noms des écoles et des commerces. En effet, c’est là où se trouvait l’auberge des Thénardier, Au sergent de Waterloo… La rencontre entre Cosette et Jean Valjean a lieu à la fontaine (qui existe encore !) et le brave homme vient au secours de l’enfant en l’aidant à porter son seau avant même de l’emmener loin de ses bourreaux ! Mais avant cette scène mythique à mes yeux, il y a la vie de Jean Valjean, échappé du bagne et qui se rachète une conduite, en devenant maire de Montreuil-sur-Mer sous le nom de monsieur Madeleine… Il y fait connaissance de Fantine, la mère de Cosette et l’accompagne jusqu’à sa mort. Après maintes péripéties, il s’installe à Paris avec Cosette mais traqué par l’inspecteur Javert, il trouve refuge au couvent Picpus. Dix ans plus tard, il est de nouveau confronté aux Thénardier. Puis vient le temps des barricades et on se souvient tous aussi de la mort de Gavroche (fils des Thénardier, détail à ne pas oublier !). Jean Valjean sauve Marius et permet même à Javert de s’enfuir ! Bon, je concède que mon résumé comprend des coupes sombres mais ce roman est un des classiques à lire dans sa vie : toute la nature humaine y est dépeinte, pour le meilleur mais aussi pour le pire. Une œuvre engagée, politique, sociologique et philosophique qui reste très contemporaine ! Victor, je l’adore »

Les-Miserables victor hugo

Et puis, des portraits de femmes et des ouvrages sur la condition féminine de l’époque sont ressortis des chroniques des membres du Forum des Lecteurs. Nous ne pouvions passer à côté de Madame Bovary de Gustave Flaubert.

Sous la plume d’AMB37, nous avons redécouvert ce roman incontournable :

« Je viens de relire Madame Bovary avec plaisir. Le roman de Gustave Flaubert offre une image de la société provinciale Normande du 19ème siècle. Il met en lumière les attentes d’une femme déçue par son conjoint qui cherche à combler ses rêves et ses envies de luxe dans les bras d’autres hommes. Une affaire d’adultère, dans un microcosme bourgeois, me direz-vous ? Pas que ! Les caractères des personnages profilent des portraits très crédibles dont la modernité me saute aux yeux maintenant .C’est l’histoire d’un couple qui se délite, d’une femme exaltée qui court après des illusions, d’hommes manipulateurs, le tout dans des codes sociétaux étriqués, une belle étude de mœurs : Charles plus timoré que passionné, mais fidèle époux trompé se coule dans la conformité d’un petit médecin engageant sa réputation professionnelle sous la pression du pharmacien et de sa femme. L’opération du pied-bot du garçon d’écurie sera un échec. Emma a épousé un looser qui l’idéalise ! Emma Louault, élevée au couvent a des attentes hyperromantiques au sujet du mariage. La réalité ne correspond pas à ce qu’elle a lu dans les livres et très vite elle s’ennuie. De relation en relation, elle s’endette à vouloir vivre plus haut qu’elle n’est perchée et finit par se suicider. Charles en mourra de chagrin. On pourrait prendre ce scénario pour un épisode de Plus belle la vie ou un fait-divers de Voici, un roman de Nous deux. Sauf- et heureusement- qu’il y a l’écriture de Flaubert, son souci du réalisme au rythme du lyrisme (il disait ses textes dans son gueuloir) et ce contexte de société qui appartient à l’Histoire. Des qualités qui me plaisent toujours, soixante ans après ma première lecture. »

Madame-Bovary

Autre portrait au féminin, celui de Jeanne dans Une Vie de Guy de Maupassant : un roman à relire année après année pour Nathalie :

« Certes, on le connait pour ses nombreuses nouvelles mais n’oublions pas que Maupassant a écrit aussi six romans, et Une vie est le premier, publié en 1883. J’ai découvert ce texte il y a bientôt cinquante ans et j’ai toujours autant de plaisir à le relire tant l’émotion ressentie reste intacte. Une vie, c’est l’histoire de Jeanne, une jeune fille de 17 ans qui sort du couvent au début du roman. D’un mariage désastreux à une fin de vie apaisée, on la suit dans son parcours qui est à la fois cruel et poignant. Des rêves de jeunesse aux désillusions, je me laisse toujours porter par cette histoire simple… La plume de Maupassant contribue largement à mon plaisir de (re)lecture. Je l’avoue, c’est un de mes auteurs préférés. »

Une-vie

Passons outre-Manche découvrir Raison et sentiments de Jane Austen défendu par Leo26 :

« La célèbre Jane Austen écrivait essentiellement sur la condition des femmes de son époque (18è- 19è ). Des femmes, bien que de plus en plus instruites, manquaient toujours de liberté et de reconnaissance. Justement, le roman Raison et sentiments débute par une grande injustice. Au décès de Mr.Dashwood , son fils aîné, reçoit l’entièreté de l’héritage alors que ses trois filles et leur mère se retrouvent sans rien. Ces dernières sont contraintes de quitter leur grande propriété anglaise pour rejoindre la campagne qui semble dans un premier temps très morose. Un changement de vie qui n’est pas simple, en particulier pour les deux aînées. Dans ce nouveau monde, l’amour réserve à Elinor et Marianne de nombreuses surprises. Il me semble intéressant de lire ce roman pour diverses raisons. Tout d’abord, pour découvrir la plume fantastique de Jane Austen et pour se plonger dans la bourgeoisie britannique de l’époque. L’écriture de Jane Austen est ponctuée d’émotion, mais aussi d’ironie. Dans ces romans, elle décrit à merveille l’une des préoccupations principales des femmes de son époque : trouver un mari convenable. Aspiration dans laquelle condition sociale et éducation jouent un rôle important. Il est aussi intéressant de lire cette œuvre classique pour sa jolie palette de personnages. Si je ne vous ai pas encore convaincu de lire ce beau roman, sachez que ce dernier est aussi riche en intrigues. C’est certainement l’une de mes œuvres classiques favorites. »

Raison-et-Sentiments

Enfin, un dernier portrait pour clore le chapitre du 19è siècle, celui du fameux Dorian Gray d’Oscar Wilde par Caroline7 :

« Dorian Gray, un jeune dandy londonien, se trouve chez son ami peintre Basil Hallward qui vient de terminer son portrait, lorsqu’il fait la connaissance de Lord Henry. Ce dernier, émerveillé par sa jeunesse, sa beauté et sa naïveté, se lie rapidement d’amitié avec lui. De son côté, Dorian se laisse séduire par les théories sur la jeunesse et le plaisir de ce nouvel ami qui le révèle à lui-même en le flattant :
« Un nouvel Hédonisme, voilà ce que le siècle demande. Vous pouvez en être le tangible symbole. Il n’est rien avec votre personnalité que vous ne puissiez faire ».
Le discours tenu par Lord Henry à l’égard de son portrait va modifier la façon dont Dorian le perçoit. Il formule alors le souhait que le tableau vieillisse à sa place pour pouvoir garder lui-même sa beauté d’adolescent :
« Si c’était moi qui toujours devais rester jeune, et si cette peinture pouvait vieillir !… Pour cela, pour cela je donnerais tout !… Il n’est rien dans le monde que je ne donnerais… Mon âme, même ! »
Son vœu sera exaucé : l’aristocrate anglais va, certes, pouvoir rester éternellement jeune, mais ce vœu a un coût : c’est son portrait qui vieillira à sa place et qui sera progressivement marqué par les ans, les vices et les crimes.
Le portrait de Dorian Gray est un roman sur le pouvoir de la fascination, l’influence maléfique, la tentation du mal, mais aussi sur la désillusion et la vanité de l’existence.
Pour ma part, j’ai « fait la connaissance » de Dorian Gray avec la collection Penguin Popular Classics, des classiques de la littérature anglaise en VO, accessibles à deux euros. Je ne connaissais pas encore cette histoire à ce moment-là, et je l’ai donc découverte en la lisant. Le récit est à la fois prenant et surprenant. J’ai surtout été bluffée par la fin, je ne m’attendais pas du tout à ça de la part d’un « classique » (au cas où certains d’entre vous auraient la chance de ne pas la connaître, je n’en dirai pas plus pour ne pas spoiler le plaisir de la découverte). Aujourd’hui, même si l’effet de surprise n’est plus là, la lecture et la relecture de cette œuvre reste toujours un bon moment. »

Le-Portrait-de-Dorian-Gray

Quels sont les romans du 20è siècle à lire dans sa vie ?

De manière très subjective, je place en tête Le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry, tout comme lamournexistepas :

« Ce livre a marqué ma jeunesse…Il m’a fait découvrir la lecture et la passion du livre…Je me souviens que je l’avais emprunté à un cousin qui l’avait laissé de côté… « quand on est tellement triste, on aime les couchers de soleil » …Et le renard… Le Petit Prince est l’œuvre la plus connue d’Antoine de Saint Exupéry. Un conte poétique et philosophique, qu’il faut absolument lire. »

Le-Petit-Prince

Le 28 janvier dernier, nous fêtions les 150 ans de la naissance de Colette. VidaLibresca a sélectionné Sido, un roman dédié à la mère de l’auteure.

« Sido est une œuvre d’abord autobiographique, retraçant l’enfance de Sidonie Gabrielle Colette. Publiée en 1930, elle vient rendre hommage aux êtres chers : la mère, le père, les frères et sœurs. L’attention est avant tout portée sur la figure maternelle et son éducation hors du commun. Aussi exigeante que tendre, sa caractérisation frôle le merveilleux : Sido devient une véritable fée du logis ou encore une déesse de la nature… Et là s’impose alors le style de Colette qui ne se limite pas à représenter le réel mais vise sa sublimation. L’œuvre est une vraie célébration du monde dès lors que les humains sont sublimés tout autant que la faune et la flore. La nature prend une place considérable et les descriptions, notamment du jardin de Sido, sont si sensorielles que nous pouvons voir et sentir ces paysages bucoliques, transcrits avec la nostalgie du pays natal.
Pour le plaisir des descriptions qui entremêlent les genres (entre réalisme, lyrisme et merveilleux), Sido est un classique à lire et à relire à différents âges de la vie. »

Sido-suivi-de-Les-Vrilles-de-la-vigne

Et s’il y a bien un autre auteur qui a su partager ses Souvenirs d’enfance, c’est Marcel Pagnol : premier tome de cette série qui comprend 4 romans, La Gloire de mon père a été le choix de linette.

« Marcel Pagnol nous raconte ses souvenirs d’enfance, dans sa Provence natale, ses vacances d’été à la Bastide, juchée sur les collines. Les rayons du soleil, l’accent chantonnant, l’odeur du thym le long des sentiers, les parties de pétanque, la chasse à la bartavelle, la limonade fraîche bue goulument. On s’y croirait presque… Et puis l’amour familial, le père Joseph, la mère Augustine, le p’tit frère Paul, l’oncle Jules, la tante Rose. L’écriture est naturelle et limpide. Un roman tendre et attachant, qui se lit tout seul… Un vrai souffle de fraicheur… A découvrir. »

La-gloire-de-mon-pere

À lire ensuite, Le Château de ma mère, Le Temps des secrets et Le Temps des amours, roman inachevé qui a été publié à titre posthume.

« On est de son enfance comme on est d’un pays » selon Saint-Exupéry. Romain Gary a traversé l’empire Russe et l’Europe en compagnie de sa mère, avant de s’installer à Nice avant la Seconde Guerre Mondiale. Avec La Promesse de l’aube, il nous brosse le portrait d’une femme à la fois forte, aimante et parfois très envahissante. Yasei nous a livré son avis sur ce roman :

« L’insaisissable Romain Gary avec La promesse de l’aube, où il raconte avec verve et émotion, l’amour extraordinaire et excessif que lui porte sa mère. Ce livre est un bijou, un touchant hommage à l’amour maternel. On y suit le héros (Gary lui-même, romancé) d’enfant à adulte, avec cette mère exubérante et agaçante sur le dos, mais qui le nourrira intensément de la force nécessaire à sa réussite. Un classique magnifique. »

La-promee-de-l-aube

Il a été jazzman, parolier, chanteur, poète, écrivain, ingénieur, critique musical et j’en oublie… Il a publié sous de nombreux pseudonymes dont Vernon Sullivan (pour J’irai cracher sur vos tombes). Si je vous glisse à l’oreille (je ne vais pas trop chanter sinon la pluie reprendre) : « On n’est pas là pour se faire engueuler, on est là pour voir le défilé » ou bien « Ah, Gudule, viens m’embrasser et je te donnerai… Une tourniquette pour faire la vinaigrette, un bel aérateur pour bouffer les odeurs, des draps qui chauffent, un pistolet à gaufres, un avion pour deux, et nous serons heureux… ». Vous avez bien sûr reconnu ce cher Boris Vian !

L’Écume des jours est entré dans ce top grâce à Maud et Xiane :

Comme l’indique Maud, « On ne va pas se mentir, les classiques sont souvent parfois un peu difficiles à lire. Pas celui-ci. L’Écume des jours semble avoir été écrit par un grand enfant, qui traduit les pires problèmes de la vie par des situations imaginatives. Un conte qui nous embarque du début à la fin, décrivant la naissance et la fin de belles histoires. Le roman laisse une immense place à l’imagination du lecteur, avec des mots et objets inventés de toute pièce pour cet univers surréaliste si proche du réel. L’Écume des jours est un roman poétique, imagé et plein d’émotion. Il raconte la vie, dans ses beaux et ses pires moments, avec une poésie qui amène le rêve dans le réel, et vice-versa. » 

Des propos complétés par ceux de xiane : « La première fois que j’ai lu ce livre, je devais avoir une vingtaine d’années. 30 ans plus tard, je l’ai relu et je n’en avais rien oublié.
Ni l’amour de Colin et de Chloé, ni la maladie de Chloé, ni le travail à la chaîne exécuté par Colin pour fabriquer des canons de fusil et gagner assez d’argent pour soigner Chloé ni le fait qu’il s’était fait renvoyer car il faisait fleurir les canons de fusils… C’est un livre qui marque par toute sa poésie, sa musique sous-jacente mais aussi sa tristesse. »

L-ecume-des-jours

Autre auteur disparu très jeune, Alain-Fournier : victime des atroces combats de la Première Guerre Mondiale, sa dépouille n’a été retrouvée qu’en 1991. Il nous reste de lui un inoubliable roman, Le Grand Meaulnes. Yza29 le résume :

« Le Grand Meaulnes est un roman de Alain Fournier, publié en 1913. Augustin Meaulnes, se retrouve par hasard au milieu d’un domaine où se tient une fête d’enfants. Il y rencontre une belle jeune fille, Yvonne de Galais, dont il tombe amoureux. Soudain un coup de feu vient bouleverser la magie de ce moment festif. Ce n’est pas seulement une histoire d’amour mais aussi d’amitié, avec François l’inséparable ami d’enfance. J’adore l’ambiance vaporeuse et onirique, le mystère qui se dégage du roman. »

Le-Grand-Meaulnes

Autre destin tragique (serait-ce le propre des grands auteurs), c’est celui d’Albert Camus qui est mort dans un accident de voiture avec Michel Gallimard.

On a tous en mémoire L’Étranger mais pour Minerve, La Peste qui reste son classique de choix :

« J’ai découvert Camus au Lycée et grâce au théâtre. J’ai aimé et j’ai continué de découvrir l’œuvre camusienne. Pourquoi La Peste ? Au-delà du style clair et concis, Camus nous propose un pacte de lecture difficile : qu’aurais-tu été, toi lecteur ? Qu’aurais-tu choisi comme parti ? Aurais-tu été un Dr Rieux, esprit éveillé, prêt au sacrifice ? Aurais-tu été de ces profiteurs qui s’enrichissent quand les autres crèvent. Aurais-tu été de ces figures rigides, n’hésitant pas à se placer au-dessus des autres hommes ou aurais-tu été Joseph Grand, le premier sauvé, le Lazare de ce magnifique roman. Grand, le mal nommé, qui tente d’écrire un roman et revient toujours sur sa première phrase ; Grand dont on se moque un peu, le petit fonctionnaire sans attaches. Mais Grand le bien nommé qui se met au service de Rieux sans réfléchir plus avant. Grand, celui qui, dans son humilité, devient le plus grand résistant au Mal. Et bien sûr, La Peste se lit comme une métaphore de l’emprise nazie sur l’Europe. Camus travaille par touches : la ville en quarantaine, les fumées qui montent au-delà du stade… Tout est suggéré et cela n’en est que plus percutant. Enfin, les derniers mots laissés à Rieux sont glaçants : rien n’est jamais gagné. Nous devons tous rester à l’affût pour débusquer les premiers symptômes de la peste. Ce roman, écrit en 1947, reste malheureusement d’actualité face à la montée des périls que connaissent le monde et la France en particulier. »

La-Peste

Grande suite romanesque composée par Roger Martin du Gard de 1922 à 1940, la série des Thibault compte 8 volumes. Il s’agit des destins croisés de deux familles bourgeoises, les Thibault et les Fontanin que l’on va suivre de la Belle époque jusqu’au premier conflit mondial. C’est EglantineLilas qui a retenu cette œuvre :

« Je m’en voudrais de ne pas vous inviter à découvrir ou à relire ce chef d’œuvre d’un temps passé et pourtant toujours d’actualité.
« Vois-tu, je pense à ceci que nous sommes deux frères. Ça n’a l’air de rien et pourtant c’est une chose toute nouvelle pour moi, et très grave. Frères ! Non seulement le même sang, mais les mêmes racines depuis le commencement des âges, exactement le même jet de sève, le même élan ! Nous ne sommes pas seulement deux individus, Antoine et Jacques : nous sommes deux Thibault, nous sommes les Thibault … C’est en nous que l’arbre Thibault doit s’épanouir : l’épanouissement d’une lignée ! »

Les-Thibault

Petite transition avant de vous proposer quelques classiques étrangers : Louis Hémon était un écrivain français qui a résidé au Québec. En 1913, il a publié Maria Chapedelaine dans un feuilleton du quotidien Le Temps. C’est seulement en 1921 que Bernard Grasset s’empare du texte et ne cessera de la rééditer.

Taratata nous narre par le menu sa rencontre avec ce texte :

« Au cours d’une flânerie, je suis tombée sur un roman du terroir écrit par un Français. Le titre me disait quelque chose sans trop savoir pourquoi. Quant à l’auteur, je ne le connaissais pas (même pas honte !). Après avoir lu la 4ème de couverture, j’ai acheté le livre et comptais bien combler mes lacunes. J’ai donc découvert un classique de la littérature canadienne, une histoire d’amour tragique dans un pays où la vie des cultivateurs était dure, au début du XXe siècle. L’intrigue est simple, mais émouvante. Les descriptions des paysages sont belles, les personnages attachants. Il y aurait beaucoup plus de choses à dire…  Maria Chapdelaine est à lire et l’auteur Louis Hémon à connaître. Il est intéressant de pousser un peu sa curiosité et de découvrir la genèse de ce roman. »

Maria-Chapdelaine

Maintenant que nous avons franchi l’océan Atlantique, tanguons entre Cuba et les États-Unis avec Ernest Hemingway. Le Vieil homme et la mer a en effet rédigé à Cuba, à la Havane plus précisément, en 1951 et publié l’année suivante. Ce court roman a reçu le prix Pulitzer en 1953 et le prix Nobel de Littérature en 1954.

C’est TOFPOLAR qui a mis en avant ce chef d’œuvre de la littéraire américaine :

« J’aurais aimé faire le tour du monde, vous parler de cape et d’épée, vous conter une odyssée faite d’amour ou de préjugés. Il y a tant de classiques à lire et à relire. Je viens vous parler d’un classique, mais pas trop. L’histoire du fameux combat de l’homme face à la nature. Un classique d’aujourd’hui et de demain. Pas une goutte d’eau dans l’océan, non. Une goutte d’eau pour vivre ou survivre. Une lutte pour la vie qui me rappelle toujours ce court récit. Une œuvre comme une litote, qui consiste à écrire peu, mais fort, pour laisser entendre davantage. Comme le bruit assourdissant d’une goutte d’eau qui éclate. Vital. Enorme. »

Le-vieil-homme-et-la-mer

On ne peut pas évoquer la littérature classique américaine sans évoquer Jack London et ses récits de d’aventures dans une nature sauvage. Certains de ses textes sont autobiographiques, comme Le Cabaret de la dernière chance et Martin Eden, le roman préféré de Yasei :

« J’ai hésité à participer, c’est tellement difficile de choisir un classique ! Je vais écouter mon impulsion et choisir d’abord un auteur étranger, avec Jack London et son marquant Martin Eden. Ce roman initiatique est tout simplement passionnant, l’histoire du héros est hors norme et nous fait vivre des émotions fortes à travers une aventure humaine intense ; j’ai un grand attachement pour ce livre qui raconte la détermination de vivre sa vie, qui dénonce les torts de la société et qui exploite profondément la psychologie des personnages. Ce chef-d’œuvre est à lire à tout âge, grand ado comme adulte… »

Martin-Eden

Plus proche de nous dans le temps car publié en 1979, Le Choix de Sophie de William Styron est une lecture dont on ne sort pas indemne comme le prouve Zaza13 :

« En 1947 à Brooklyn, un jeune écrivain rencontre Sophie, une catholique polonaise rescapée des camps de la mort. Le récit sensible du jeune homme nous raconte sa rencontre avec l’amour et sa relation avec Sophie et son compagnon. On découvre surtout le martyre de Sophie qui a survécu à l’horreur. Dans ce livre, le passé et le présent sont marqués par l’holocauste nazi et l’omniprésence du mal. J’ai lu ce roman il y a très longtemps mais il m’a profondément marquée. L’adaptation cinématographique d’Alan J.Pakula avec Meryl Streep est magnifique. »

Le-choix-de-Sophie 

Petit détour entre la Colombie où il est né et le Mexique où il est mort avec Gabriel Garcia Marquez et ses Cent ans de solitude. Pour Gentiane, il s’agit d’un « « roman saga onirique et pourtant ancré dans la vie, le social et le politique. C’est drôle, c’est souvent éprouvant, c’est une histoire qui vous change profondément, en modifiant le regard sur la vie et la perspective des choses, lesquelles sont importantes, lesquelles sont juste ennuyeuses et oubliables. Je me rends compte aujourd’hui que j’avais emprunté, quand j’avais 20 ans, cet exemplaire, lu et relu, à ma sœur ainée ! ».

Il faudra peut-être penser à lui rendre ou bien lui acheter un nouvel exemplaire Gentiane !

Cent-ans-de-solitude

Traversons à nouveau l’océan en direction de l’Angleterre.

Pour Chanhi, c’est George Orwell qui fait l’unanimité de ce côté de la Manche, avec La Ferme des animaux : « Ce roman dystopique de George Orwell publié en 1945 est malheureusement toujours d’actualité dans certains pays et nous ouvre les yeux sur l’insidieux et terrible chemin que peut prendre la dictature. Court mais percutant, c’est à lire par tous pour ne plus répéter le passé. ». Nous ne pouvons qu’adhérer.

La-ferme-des-animaux

Enfin, comment penser littérature britannique sans citer Virginia Woolf ? Une chambre à soi a marqué Samme durablement : « Il n’y pas d’histoire, seulement la description d’un état, d’une situation précaire décrite au quotidien de l’histoire des femmes par une femme géniale et touchante.  Les années ont passées et à lire et relire cette œuvre transcendante qui traverse les siècles me bouleverse à chaque fois et me ramène durement à une réalité toujours aussi actuelle. »

Une-chambre-a-soi

On s’envole maintenant vers l’Italie : je sais, l’aviation au début du 20è siècle, ce n’était pas gagné… Mais je prends le risque comme Louis Blériot en 1909 !

Et c’est Chanhi qui nous permet ce voyage pour aller rejoindre Dino Buzzati et Le Désert des Tartares : « Ce livre nous met dans le quotidien de Giovanni Drogo, posté au fort Bastiani, qui attend et attend toujours les ennemis. Nous lisons de belles réflexions sur la guerre, la gloire, mais surtout sur la fuite du temps, les désillusions, la solitude. On y trouve une citation qui a résonné en moi:
« Drogo s’aperçut à quel point les hommes restent toujours séparés l’un de l’autre, malgré l’affection qu’ils peuvent se porter ; il s’aperçut que, si quelqu’un souffre, sa douleur lui appartient en propre, nul ne peut l’en décharger si légèrement que ce soit ; il s’aperçut que, si quelqu’un souffre, autrui ne souffre pas pour cela, même si son amour est grand, et c’est cela qui fait la solitude de la vie. » En passant outre le sujet de la vie au fort qui n’est qu’un prétexte, on réfléchit sur nos attentes, nos espoirs, nos déceptions. »

Le-desert-des-tartares

De l’Italie à la Suisse, il n’y a qu’un pas pour découvrir Belle du Seigneur d’Albert Cohen, roman défendu par HELEN :

« A lire et relire … Pour le début : « Descendu de cheval, il allait le long des noisetiers et des églantiers, suivi des deux chevaux que le valet d’écurie tenait par les rênes, allait dans les craquements du silence, torse nu sous le soleil de midi, allait et souriait étrange et princier, sûr d’une victoire. A deux reprises, hier et avant-hier, il avait été lâche et il n’avait pas osé. Aujourd’hui, en ce premier jour de mai, il oserait et elle l’aimerait » … Pour l’histoire. Pour la magie d’une rencontre, pour Solal le magnifique et sublime, pour Ariane la divine obsédée de perfection, pour cette rencontre improbable, pour le récit d’une passion hors du temps avec le « délire sublime des débuts », pour l’émerveillement, pour l’humour… Mais aussi … Pour la naine bossue, pour les cousins orientaux,  pour la fierté de la judéité, pour le mauvais goût de certains personnages, pour la critique de la bourgeoisie, pour la fatuité des diplomates, pour la cruelle réalité de l’érosion du couple, pour le Ritz, pour l’anticonformisme, pour la sagesse, pour la déraison, pour la solitude, pour l’ennui, pour l’ironie, pour l’émotion, pour la nostalgie, pour le lyrisme, pour le style, pour la poésie, pour les « ô », pour la « marche triomphale » pour « nous deux seuls exilés » et … pour le piège merveilleux et renouvelé de chaque lecture … ».

Belle-du-Seigneur

Enfin, notre tour d’Europe s’achève en Allemagne, chez Thomas Mann non loin de La Montagne Magique, roman très cher à Zaza13 : « C’est en 1911, lors d’un séjour en Suisse, alors que son épouse était soignée au sanatorium de Davos, que Thomas Mann eut l’idée de ce livre dont il poursuivit la rédaction pendant et après la guerre et qu’il publia en 1924.
Je l’avais depuis longtemps dans ma bibliothèque mais je n’avais jamais osé me lancer dans la lecture de ce pavé de plus de mille pages. Et puis, une fois le livre ouvert, je n’ai plus pu le refermer.  Tout comme Hans Castorp, le personnage principal, j’ai été prise dans l’atmosphère si particulière du sanatorium isolé dans la montagne où, coupés du monde, les curistes perdent la notion du temps ainsi que les repères qui les rattachent à leur famille et à leur vie d’avant. Si la maladie et la mort sont omniprésentes, Thomas Mann émaille les conversations et la description du quotidien de détails très drôles. A un deuxième niveau de lecture, ce sont les sentiments et les pensées des personnages qui tissent le roman de fils psychologiques très denses. Enfin, toute la trame est sous-tendue par la menace de la première guerre mondiale. Certains personnages sont les porte-paroles de Thomas Mann et livrent ses interrogations, ses inquiétudes et ses doutes vis-à-vis des conflits qui s’amorcent. Ce livre est un chef d’œuvre dont il est difficile de faire le tour car il mérite plusieurs lectures pour en percevoir tous les sens et la richesse. A lire et relire donc ! »

La-montagne-magique

Et maintenant que le 21è siècle compte plus de 23 ans, on se retrouve en 2050 pour écrire un nouveau chapitre !  

D’autres textes ont été cités mais pour des raisons de lisibilité de l’article, il est impossible relayer toutes vos chroniques. Vous pouvez retrouver l’intégralité des participations sur le Forum des Lecteurs

Pour le 19è siècle :

PAT : Ainsi parlait Zarathoustra de Nietzsche

Pour le 20è siècle :

Diana : Les Clés du Royaume d’A.J Cronin

Alma : Désert de JMG Le Clézio

CamilleNC : La Grande Muraille de Claude Michelet

Maud : L’Alchimiste de Paulo Coelho

LNlecture : Les Piliers de la Terre de Ken Follett

xiane : Journal d’un monstre de Richard Matheson

Yza29 : Moderato Cantabile de Marguerite Duras

lpellevoisin : Oscar et la dame rose d’Eric-Emmanuel Schmitt

Rochella : Le Vieux qui lisait des romans d’amour de Luis Sepúlveda

Kelly : Le Parfum de Patrick Süsking

TOFPOLAR : Farenheit 451 de Ray Bradbury

Article rédigé par
Nathalie
Nathalie
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