
Au rayon polar, le mois de février s’annonce comme un cru d’excellence. Si l’on est sensible à l’Histoire, on déguste sans modération une magnifique page d’histoire islandaise signée Indridason, la première affaire d’une jeune surdouée de la police scientifique par Henri Lœvenbruck, une série de meurtres sous le IIIe Reich de Fabiano Massimi et une enquête durant la Grande guerre d’Audrey Brière.
Le Roi et l’horloger – Arnaldur Indridason (Métailié)
Esprit fécond, romancier prolifique, Arnaldur Indridason suit scrupuleusement sa boussole en mettant sur pause la quête identitaire de Konrad le temps d’un roman historique de haute volée où se cristallisent toutes ses thèmes de prédilection. Rapport au temps et à l’Histoire, injustice sociale, colonialisme, liberté d’expression… Le Roi et l’horloger fourmille de sujets enchâssés dans deux temporalités qui se répondent. Nous sommes au XVIIIe siècle à Copenhague. Un horloger islandais s’installe au palais royal pour réparer et restaurer une spectaculaire horloge astronomique. Intrigué, le roi Christian VII lui rend régulièrement visite et le questionne sur ses origines. Avide de détails sur le destin tragique de ses parents en Islande, le souverain semble de plus en plus perturbé par cette histoire…
Les Démons de Berlin – Fabiano Massimi (Albin Michel)
Fasciné par les dessous du troisième Reich et de la République de Weimar, le romancier italien Fabiano Massimi s’est imposé dès son premier roman que le digne successeur du maître du genre, le regretté Philip Kerr. Après s’est inspiré avec succès d’un fait divers réel impliquant Hitler du côté de Münich, il est aujourd’hui de retour dans la capitale avec Les Démons de Berlin, une histoire de tueur en série sur fond de terreur politique et d’incendie du Reichstag. Cette fois, l’enquête du commissaire Sigfried Sauer va prendre une tournure encore plus tragique et personnelle lorsque sa fiancée disparaît après qu’elle ait rejoint la Résistance suite à la nomination d’Hitler au poste de chancelier.
Les Disparus de Blackmore – Henri Lœvenbruck (XO)
Après un cycle consacré aux enquêtes d’un jeune journaliste durant la Révolution française, Henri Lœvenbruck reste dans le thriller historique mais change d’époque avec Les Disparus de Blackmore. Direction l’entre deux guerres, en 1925. À cette époque, les techniques d’investigation policières progressent à une vitesse phénoménale. Première femme diplômée en médecine légale et en criminologie, la jeune Lorraine Chapelle rêve d’intégrer le prestigieux laboratoire de police scientifique de Lyon quand elle arrive une proposition financière qu’elle ne peut refuser. Sollicitée par un riche Lord anglais pour enquêter sur la disparition de sa petite-fille, elle embarque pour l’île anglo-normande de Blackmore.
Les Malvenus – Audrey Brière (Seuil)
Après un premier thriller au parfum gothique où elle met en scène une quête généalogique en terre d’Écosse, Audrey Brière remonte le temps pour son second roman jusqu’aux heures les plus sanglantes de la Grande guerre. Avec Les Malvenus, elle nous emmène dans un petit village de Bourgogne en 1917 où un homme est retrouvé égorgé dans une cave. L’enquête est confiée à un enfant du pays devenu inspecteur de police, élevé par les religieuses du couvent des Ursulines comme bon nombres d’habitants dont la victime qui n’est autre que le bras droit redouté et détesté du maire de Haut-de-Cœur. Vengeance ou crime crapuleux ? Entre secrets bien gardés et coups tordus inavouables, les mobiles ne manquent pas parmi les villageois.
Le Club des amateurs de romans policiers – Ils étaient sept – Christina Larmer (Cherche-Midi)
Encore inconnue des fans de romans cosy crime français, hormis pour celles et ceux qui lisent en VO, l’ex-journaliste australienne Christina Larmer ne devrait pas le rester longtemps après la parution de la première enquête de sa série Le Club des amateurs de romans policiers. Une série originellement publiée en 2012 sous le titre sans ambiguité d’Agatha Christie Book Club. Dans ce tome 1, baptisé Ils étaient sept en guise d’énorme clin d’œil à un des chefs-d’œuvre de la reine du Whodunit, on fait la connaissance d’Alicia Finlay, une mordue de romans policiers qui décide de créer un groupe de lecture dédié aux géants du polar. Alors que leur première réunion bat son plein dans son salon, un des membres échappe de justesse à un tentative de meurtre quand un second disparaît…
Le Cimetière de la mer – Aslak Nore (Le Bruit du Monde)
Auteur norvégien apprécié dans son pays pour ses romans d’espionnage virant vers le noir, Aslak Nore débraque aujourd’hui en France avec une première parution qui devrait enchanté les amateurs de trhillers sombres et réalistes. Drame domestique où tous les coups sont permis,
Le Cimetière de la mer mélange la convoitise des uns à la malveillance des autres dans un jeu de massacre familial qui n’a rien à envier à ce que pouvait produire de plus sale les Ewing du côté de Dallas.
L’Énigme de la Stuga – Camilla Gebe (Calmann Levy)
Aussi célèbre dans son pays que l’autre Camilla (Läckberg), Camilla Grebe gagne à chaque nouveau roman de précieux points de succès et de notoriété hors de Suède. La faute à un art consommé du suspense, un style direct qui fait mouche, des personnages solides et des intrigues à l’ADN 100% nordique. Pour L’Énigme de la Stuga, elle place l’action de son thriller dans un milieu de l’édition qu’elle connaît sur le bout des doigts. On y découvre le combat pour la vérité d’une éditrice injustement mise en cause dans le meurtre de la meilleure amie de son fils et de ses amis lors d’une fête donnée chez elle huit ans plus tôt.
Argylle – Elly Conway (JC Lattès)
Quel est le lien entre un avion de la CIA est abattu dans le Triangle d’or thaïlandais, birman et laotien, la découverte d’un trésor nazi en Pologne et celle de la huitième merveille du monde ? Responsable de cette succession d’événements, un puissant oligarque rêve de rendre sa grandeur à la Russie en mettant en péril l’équilibre du monde. Pour mettre fin à ces noirs desseins, l’agent trouble Argylle s’impose comme le seul recours possible. Totalement tourné vers l’action, Elly Conway signe un un thriller d’espionnage d’une redoutable efficacité.
Mélancolie blanche : Saison morte – Erik Axl Sund (Actes sud)
Patronyme composite réunissant deux auteurs en un pseudo, Erik Axl Sund démontre à chaque nouveau roman sa fidèlité sans faille aux préceptes du thriller scandinave. Particulièrement sombre, la série Mélancolie propose à chaque tome une immersion dans les zones les plus obscures de la nature humaine sur fond de contexte politique et social. Après la pédocriminalité et le sort des migrants dans un épisode précédent teinté de gris, le cycle passe au blanc avec Mélancolie blanche : Saison morte. Pour ce nouvel opus, débutant par une découverte macabre puis l’apparition d’une créature démoniaque de la forêt, le duo d’auteurs introduit pour la première fois une dose de surnaturel dans une intrigue qui lorgne ouvertement du côté des légendes nordiques.
La dernière maison avant les bois – Catriona Ward (Sonatine)
Adoubée depuis ses débuts par un Stephen King qui tarit pas d’éloges sur son talent pour le suspense, l’Américaine Catriona Ward arrive aujourd’hui pour la première fois en France avec la parution de son troisième roman.Thriller vénéneux flirtant avec l’horreur insidieuse des contes de fées, La dernière maison avant les bois va sans aucun doute imposer son nom à tous les amateurs de sensations fortes. Car, l’histoire cauchemardesque de cette maison isolée en lisière de forêt et habitée par d’étranges personnages n’a été brillamment conçue que dans un seul but : mettre nos nerfs à rude épreuve.
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