Sélection

Les meilleurs livres de Jack London

18 juin 2021
Par Lucas
Les meilleurs livres de Jack London

Aventurier, marin, romancier voyageur, vagabond lettré… Jack London fait partie de ces écrivains incapables de rester en place, amoureux de la nature, quitte à dormir à la belle étoile. Disparu il y a bientôt 105 ans, il laisse une œuvre hantée par le désir absolu de liberté, à la fois sauvage et profondément humaniste.

L-Appel-de-la-foret jack londonL’Appel de la forêt, ou l’homme est un loup pour le chien

Buck, un chien domestique, est enlevé à son maître et vendu à un trafiquant de chiens de traîneau. Il doit donc oublier son ancienne vie californienne pour affronter le froid polaire de l’Alaska. Fini le confort, il n’y en a plus que pour l’effort, d’autant qu’il doit voler sa nourriture, mordre et se battre pour tenter de survivre. Vendu sans arrêt, sa situation va de mal en pis jusqu’à ce que Buck tombe sur John Thornton, un maître qui prend soin de lui. Mais quand ce dernier est assassiné par une tribu amérindienne, un instinct sauvage s’empare de lui et il devient le chef d’une terrible meute de loups.

C’est en 1903 que paraît L’Appel de la forêt, le premier succès en librairie de Jack London. Jusqu’alors, il jouissait d’une petite reconnaissance pour ses nouvelles. Il s’inspire ici de son expérience dans le Grand Nord canadien, plutôt malchanceuse, puisqu’il doit interrompre son expédition pour cause de scorbut. Cinq ans plus tard, le livre est adapté une première fois au cinéma, sous la direction de D.W. Griffith. Il le sera encore plusieurs fois les cent années suivantes, notamment en version japonaise animée en 1981, sous forme de parabole urbaine et violente dans White Dog en 2014, et en version blockbuster hollywoodien en 2020. Dans ce nouvel Appel de la forêt de cinéma, Buck apparaît sous forme numérique, aux côtés de Harrison Ford et Omar Sy, qui eux sont plus vrais que nature. Qu’en aurait pensé Jack London ?

Croc-blanc jack londonCroc-Blanc, un roman culte qui a du chien

Croc-Blanc est un chien-loup et vit avec les siens, dans une meute. Il y fait ses premières expériences de la vie, doit lutter pour ne pas être mangé et rencontre un Indien, Castor-Gris, qui décide de s’occuper de lui. Mais Croc-Blanc expérimente en parallèle la cruauté des autres chiens et celles des hommes blancs. Échangé pour devenir une bête de combat, il devient un adversaire féroce et sans pitié. Jusqu’à ce qu’il tombe sur plus fort que lui. Grièvement blessé, il est recueilli par un nouveau et troisième maître, Weedon Scott, qui prend soin de lui. À ses côtés, Croc-Banc va découvrir la bonté, mais aussi la fidélité envers son maître qu’il défend quand ce dernier se retrouve en fâcheuse posture.

Paru en 1906 aux États-Unis et seulement en 1923 en France, Croc-Blanc est le miroir inversé de L’Appel de la forêt. Ici, c’est un demi-loup qui quitte sa vie sauvage pour devenir chien domestique. Jack London fait à nouveau référence à ses aventures dans le Grand Nord canadien, quand il participait à la ruée vers l’or du Klondike, dans le territoire du Yukon. Fait rare dans la littérature, tout le roman se fait du point de vue de son protagoniste canin. Il s’agit du plus gros succès de London, roman devenu culte dans le monde entier et adapté une dizaine de fois au cinéma.

Martin-Eden jack londonMartin Eden, une autobiographie à peine déguisée

Martin Eden, un jeune Américain aussi pauvre que candide, sauve un autre jeune homme lors d’une rixe. Ce dernier, issu d’une classe aidée, prend Martin sous son aile et lui fait rencontrer sa sœur Ruth.. Martin en tombe éperdument amoureux et pour la conquérir, essaie de s’instruire. Prenant goût aux études et à la culture, il décide de devenir écrivain et ne parvient pas à percer. Ruth, devenue sa fiancée, le pousse à abandonner l’écriture pour trouver un travail sûr. Mais suite à un malentendu qui le fait passer pour socialiste, Ruth le quitte et Martin perd le goût de l’écriture. C’est pourtant à ce moment précis qu’il commence à devenir un auteur reconnu. Mais le succès est-il la clé du bonheur quand on se sent seul ? Quel est le sens de sa vie quand tout nous paraît vide ?

Martin Eden est un roman semi-autobiographique de Jack London, paru outre-Atlantique en 1909 et douze années après en France. Une œuvre pessimiste dans laquelle on retrouve nombre de traits communs entre le personnage principal et son auteur. Tout comme Martin, London a connu la pauvreté extrême. Et tout comme lui, il a beaucoup voyagé. Jack London, militant socialiste, a également écrit nombre de poèmes, de romans et de nouvelles avant d’accéder à une certaine notoriété et tous les deux connaîtront un destin tragique. Martin Eden choisit le suicide quand London meurt à 40 ans. Son décès reste d’ailleurs mystérieux : certains affirment qu’il s’agit des suites d’une maladie (l’urémie), quand d’autres avancent un surdosage de morphine. Le roman a toutefois eu une certaine influence sur le cinéma, le théâtre et même la musique, puisque Nekfeu s’identifie au héros dans son premier album, Feu.

Le-peuple-d-en-bas jack londonLe Peuple d’en bas, un témoignage historique

En 1902, Jack London se déguise en clochard et livre une enquête approfondie de trois mois sur les bas-fonds londoniens. En résulte une aventure bien différente de celles au grand air et dans la nature dont il sera le conteur par la suite. Ici, tout est sinistre, dénué de couleurs et d’espoir. L’East-End de Londres n’est qu’un immense dépotoir où famine, alcoolisme, violence, maladie sont légion, où l’on ne vit qu’à travers la charité ou en vendant son corps et où la mort est omniprésente. Une virée dans l’enfer sur terre, au sein duquel les hommes cessent d’être véritablement des hommes.

Le Peuple d’en bas, également appelé Le Peuple de l’abîme, est un témoignage d’investigation publié en 1903. Jack London va au plus près du réalisme, voire du naturalisme si cher à Émile Zola. D’autant plus que l’écrivain est endetté à l’époque. Il vient d’accepter une mission en Afrique du Sud, mais reste à Londres à la place. Il veut en savoir plus sur le monde ouvrier, la misère qui tenaille les ventres des sans-abris de la capitale, ville qui broie les plus faibles. Durant tout l’été 1902, il va vivre auprès d’eux, manger tout comme eux, dormir en leur compagnie et prendre notes et photographies. Un voyage au bout de la nuit dont il ne sortira pas vraiment indemne, qui va renforcer sa fibre socialiste et humaniste.

Le-loup-des-mers jack londonLes sentiments qui tanguent avec Le Loup des mers

Naufragé, l’homme de lettres Humphrey Van Weyden est secouru par le capitaine de la goélette Le Fantôme, Loup Larsen. Un homme aussi rustre que Van Weyden est délicat. Les deux hommes vont peu à peu se confronter moralement et éthiquement, avant de travailler l’un avec l’autre sur le vaisseau. Ils en viennent à punir de mort ceux qui tentent d’assassiner Larsen, lors d’une mutinerie. Mais cette relation ambiguë va changer du tout au tout lorsque les deux hommes vont s’éprendre de la même femme, la poétesse Maud Brewster, également rescapée d’un naufrage. Mais Maud n’a d’yeux que pour Humphrey et ils vont tenter d’échapper à Larsen dès que possible.

Paru aux États-Unis en 1904, Le Loup des mers sera diffusé en France sous forme de feuilleton papier en 1921. On y retrouve le Jack London marin et philosophe, avec cette confrontation entre deux mondes : le conservateur aux idées bien arrêtées, notamment sur le darwinisme (Loup Larsen) et l’humaniste pour qui toute vie revêt un caractère sacré (Humphrey Van Weyden). Avant Martin Eden, London s’est créé un double de fiction avec le personnage de Humphrey, idéaliste et romantique, l’espoir encore chevillé au corps.

Le-vagabond-des-etoiles jack londonUne incursion dans le fantastique avec Le Vagabond des étoiles

Un professeur emprisonné depuis huit ans, dont cinq passés dans un cachot plongé dans le noir et sanglé dans une camisole, attend son exécution. Pour survivre à cette torture, il s’évade par la pensée et découvre ainsi ses vies antérieures, du temps où il était un comte sous Louis XIII ou un enfant témoin du massacre de Mountain Meadows en 1857. Ou encore, lorsqu’il était un marin hollandais qui a fait naufrage en Corée et rencontre la femme de sa vie. Il remonte tellement loin dans le fil de son existence, qu’il se réincarne en homme des cavernes. Le cachot, l’obscurité, une nouvelle fois. Mais pour une nouvelle existence ?

Avec Le Vagabond des étoiles, publié en 1915 en anglais et traduit en français dix ans plus tard, Jack London s’essaie au fantastique à la Maupassant, tout en gardant un ancrage réaliste qui est sa marque de fabrique. Il s’agit d’un de ses derniers écrits avant son décès qui surviendra l’année suivante. Sa fibre humaniste transparaît à chaque page. Après la dénonciation des conditions de vie des miséreux de Londres, il s’insurge ici contre les conditions de détention des prisonniers américains. Le livre fit un tel effet lors de sa sortie, que le gouverneur de Californie a lancé un vaste programme de réformes du système pénitencier de son État, interdisant notamment l’usage de la camisole de force. Le roman a été librement adapté au cinéma en 2005 sous le titre The Jacket, avec Adrien Brody, Daniel Craig et Keira Knightley.

Le-talon-de-fer jack londonLe Talon de fer, un brûlot dystopique et socialiste

Entre 1914 et 1918, il y a certes eu la Première Guerre mondiale, mais c’est aussi la durée d’une révolution socialiste américaine. Du moins, selon Jack London. Ici, la classe ouvrière nord-américaine se soulève contre l’oligarchie capitaliste. Et à la manière d’un Roméo et Juliette, on assiste dans le tumulte à une histoire d’amour impossible, celle unissant la jeune Avis Everhard, issue des classes aisées et Ernest, un socialiste révolutionnaire. Entre violences et répressions, ces quatre années vont déchirer le pays à jamais.

On peut considérer Le Talon de fer comme une dystopie socialiste. Publié en 1908 aux États-Unis et en 1923 en France, London imagine une société au bord du chaos sans savoir que certains des événements qu’il décrit vont vraiment avoir lieu, mais en Russie, en 1917. Le livre eut un tel impact que Léon Trotsky a écrit une lettre à la fille de Jack London en 1937. Elle deviendra la préface des rééditions suivantes. D’autres préfaces suivront comme celles d’Anatole France et Paul Vaillant-Couturier et le roman est encore cité lors des grandes manifestations sociales au pays de l’oncle Sam. Jack London visionnaire ?

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Lucas
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