Ouvrier, navigateur, prospecteur, reporter de guerre, Jack London a vécu mille vies. Humaniste convaincu, il s’investit très tôt dans la défense des plus démunis et militera sa vie durant pour les droits de la classe ouvrière. Jack London, l’enfant misérable, devient de son vivant un trésor international. Son triomphe, il le doit à ses récits, ses nouvelles et ses romans qui tous, sans exception, subliment la plus belle des conditions : celle de la liberté. Sélection.
Le destin tumultueux de Jack London
Jack London naît en 1876 à San Francisco. Son enfance chaotique, faite de déménagements et de déracinement, le marque profondément. En effet, son beau-père adoptif, John London, qui tente de protéger sa famille des tumultes de la grande ville, va de ferme en ferme dans l’espoir d’une vie meilleure.
Dix ans plus tard, le jeune adolescent, installé à Oakland, se découvre une passion dévorante pour les mots et la littérature. C’est à la bibliothèque municipale, auprès des grands auteurs, qu’il se forge une âme d’écrivain. Ses lectures, le vagabondage et les petits boulots qui s’enchaînent jusqu’à ses 18 ans nourrissent également sa détermination à devenir un indéfectible allié des couches populaires. D’ailleurs, son autobiographie romancée, Martin Eden, parue en 1909, raconte cet engagement sans faille contre la misère sociale.
Et puis, vient l’année 1897. Une année charnière où Jack London part pour le Klondike, le Grand Nord canadien, chercher l’or qui rend les hommes fous. Là-bas, il ne fait pas fortune mais utilise son temps à écouter les vieux prospecteurs et les gens du pays. Il tire de ces rencontres les thèmes fondateurs de ses plus belles œuvres, L’Appel de la forêt et Croc-Blanc.
Jusqu’à sa mort en 1916, Jack London traverse les océans et parcourt les étendues les plus sauvages du monde entier, écrivant jusqu’à l’épuisement. Il reste pour la postérité ce conteur hors pair qui, d’un trait de plume, nous embarque dans de périlleuses aventures.
Jack London en 10 livres
Martin Eden : les étoiles contraires
Martin Eden est l’histoire d’une tragique ascension sociale. Le parcours initiatique d’un homme privé de tout et qui, du jour au lendemain, découvre l’amour, la richesse et l’origine des inégalités qui déchirent la société. À travers son autobiographie romancée, Jack London nous alerte sur les désillusions si cruelles qui, un jour ou l’autre, pointent le bout de leur nez. Voilà l’ouvrage clé pour mieux comprendre l’engagement politique de son auteur.
Croc-Blanc : le courage et le dévouement 
Roman d’apprentissage par excellence, Croc-Blanc s’inscrit au panthéon des classiques de la littérature par la pureté et l’intelligence de ses propos sur la nature humaine. Nous découvrons du point de vue de Croc-Blanc ce qu’il y a de meilleur et de pire chez l’homme. Cette bouleversante aventure au cœur du Grand Nord canadien dépayse autant qu’elle donne une sacrée leçon sur la vie.
L’appel de la forêt : le retour au bercail
En 1898, Jack London, malade du scorbut, quitte le territoire sauvage du Klondike pour coucher sur le papier l’une de ses plus belles oeuvres, L’appel de la forêt. Nous suivons Buck, un chien-loup qui, après avoir été enlevé à son premier maître, retrouve ses instincts et retourne à la vie sauvage.
La dernière adaptation cinématographique en date qui voit Harrison Ford incarner John Thornton, le « gentil maître » de Buck, est une vraie réussite.
Le Loup des mers : duel en haute mer 
À travers Le Loup des mers, l’auteur raconte ses campagnes de chasse au phoque en opposant deux hommes d’allures et de tempéraments radicalement différents. Le capitaine Loup Larsen, brutal et dominateur face à Humphrey, un intellectuel sensible et contemplatif. Le Loup des mers, c’est le combat du cynisme contre la morale, un pur roman d’aventure philosophique.
Le Talon de fer : un examen de conscience
Avis Everhard, une jeune femme de bonne famille, est amoureuse d’Ernest, un socialiste engagé auprès des classes laborieuses. Alors que les ouvriers se révoltent, l’oligarchie capitaliste opère une violente répression. Faut-il choisir l’amour ou la cause ? En posant cette douloureuse question, Le Talon de fer dépeint avec réalisme ce qu’est l’esprit révolutionnaire.
Le Vagabond des étoiles : le voyage intérieur 
Le professeur Darrel Standing, incarcéré dans une prison d’État de Californie, attend l’heure fatidique de son exécution. Maltraité et désespéré, il s’évade dans ses pensées. Le Vagabond des étoiles dénonce les insupportables conditions de rétention dans les prisons américaines au début du XXe siècle. Jack London signe un roman sans concession sur le système carcéral.
Le Peuple d’en bas : hommage aux parias
Le Peuple d’en bas relate l’expérience vécue par Jack London durant l’été 1902 dans un quartier surpeuplé de l’East End londonien. Insalubrité, misère, violence, maladies, la description de la capitale anglaise est sans appel. Les pauvres crèvent pendant que les salauds dorment en paix.
Construire un feu : la cruauté de Mère Nature 
Cette courte nouvelle raconte à quel point Mère Nature peut être féroce quand l’homme pèche par excès de confiance. Construire un feu sublime le classique récit initiatique par sa complexe simplicité.
La route : la crise économique vue d’en bas
Avec La route, Jack London revient sur son année (1893-1894) de vagabondage à travers les États-Unis. Il rapporte avec précision les causes et les conséquences de la crise économique qui accablent le pays. La route est un souffle de liberté qui inspirera Jack Kerouac. On connaît la suite.
La Peste écarlate : anticipation 
2073.Une pandémie entraîne la quasi-disparition de l’humanité. Subsistent une poignée d’hommes et de femmes qui vivent au jour le jour. Le passé semble étrangement s’être effacé de leur mémoire. La Peste écarlate, récit post-apocalyptique glaçant, imagine l’avènement d’un nouveau monde. Prémonitoire ?
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Photo by Jeff Nissen on Unsplash
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