Le plus grand écrivain de la littérature fantastique du XXe siècle continue de faire régulièrement parler de lui. Que ce soit par des adaptations de son univers en manga ou en BD, des jeux vidéo, ou des emprunts dans certains films, l’œuvre du créateur du Mythe de Cthulhu et des Grands Anciens se perpétue dans le temps. Voici dix choses à connaître pour appréhender l’aura de ce maître de l’angoisse.
Un écrivain sans le sou
Si la célébrité de Lovecraft n’est plus à prouver aujourd’hui, cet écrivain reclus, vivant à Providence, en Nouvelle-Angleterre n’a connu aucune gloire durant son existence, ignoré qu’il était de la société des lettres et des journalistes. Ses nombreux romans et nouvelles ne lui ont quasiment jamais rapporté d’argent, si bien qu’il mourut en 1937 dans le dénuement le plus total. Ses fans se sont d’ailleurs cotisés dans les années 1970 pour que le père de Cthulhu ait une stèle funéraire à son nom…
Un homme de lettres
Pour décrypter la psychologie très particulière de Lovecraft (il était fasciné par les WASP, ces riches blancs protestants du nord-est des États-Unis, et vivait avec une anxiété importante, sans sociabilité ou presque), les spécialistes peuvent se plonger dans sa correspondance : il a laissé près de 100.000 lettres, adressées à des amis lointains et admirateurs comme August Derleth (le premier à l’avoir publié) et Robert Bloch (qui avait 15 ans quand il a commencé à lui écrire).
L’homme qui ne manquait pas de Poe
S’il est difficile de définir quelles sont les influences claires de Lovecraft, tant il a innové dans le domaine de la littérature fantastique, les références à un père fondateur du genre se retrouvent dans son œuvre, Edgar Allan Poe l’ayant beaucoup marqué. La fascination pour l’Antarctique par exemple, à découvrir dans Les Montagnes hallucinées chez Lovecraft, tire son origine des Aventures d’Arthur Gordon Pym de l’auteur des Histoires extraordinaires.
Une mythologie et des mythes
« Un monde créé par erreur et par dérision » : c’est en ces termes que Lovecraft définit la Terre des « Grands anciens », les créatures qui peuplent des endroits isolés ou sous-marins de la planète dans la majeure partie de son œuvre. La cosmogonie de Lovecraft, que l’on appelle le mythe de Chtuhlu, désormais repose en effet sur des dieux monstrueux, venus sur Terre pour reprendre leur titre de souverains. Géants terrifiants, les Cthulhu, Azathoth, Yog-Sothoth et autres Shub-Niggurath évoquent des croisements d’animaux dégénérés et comme issus de cauchemars. Leur découverte et leur culte par des sociétés ésotériques représentent l’un des piliers des nouvelles de Lovecraft.
Le roi des dénouements
Contrairement à d’autres auteurs fantastiques classiques (tel Bram Stoker ou Mary Shelley), l’horreur selon Lovecraft relève parfois de la prise de conscience de la réalité, et non du phénomène monstrueux en lui-même. Les personnages de Lovecraft, loin d’être des mystiques, rencontrent le paranormal dans des moments d’abjections, souvent en fin de récit : L’Affaire Charles Dexter Ward, novella emblématique, montre une quête d’identité tourner vinaigre et revêtir une tout autre dimension dans ses dernières pages.
Un livre dans le livre : le Necronomicon
L’un des plus importants objets présents dans les livres du monde de Cthulhu demeure le grimoire appelé « Necronomicon ». Ce grimoire fictif aurait été écrit par Abdul al-Hazred, et contiendrait le savoir démoniaque de l’humanité ainsi que de nombreuses incantations aux Grands Anciens.
Un auteur repris par ses pairs
Outre les grands textes fondateurs (à retrouver dans les œuvres de Lovecraft publiées chez Robert Laffont), le mythe de Cthulhu s’est largement enrichi du travail de ses amis : une saine émulation au sein d’une société d’écrivains constitués de Robert E. Howard, Clark Ashton Smith, E. Hoffmann Price ou encore August Derleth et Robert Bloch, a permis de donner à ce cycle de nombreux prolongements.
Une influence considérable
Le cinéma, la musique, la peinture, les jeux de rôle… L’influence du mythe de Chthulhu sur la culture populaire a pris une importance considérable après la Seconde Guerre mondiale. Un livre récent détaille l’apport de cette cosmogonie au heavy metal (Cthulhu, Métal l’influence du mythe) quand le jeu vidéo The Sinking City emprunte l’ambiance des villes mystérieuses de cet univers. Le neuvième art n’est pas en reste, comme le prouve les portages de grands récits lovecraftiens en manga (par Gou Tanabe pour Dans l’abîme du temps) ou en bd classique (Les Montagnes hallucinées).
Lovecraft, un sujet houellebecquien
On l’oublie parfois, mais le tout premier livre du célèbre écrivain Michel Houellebecq demeure une analyse de la vie et de l’œuvre du reclus Lovecraft. Sous le titre Contre le monde, contre la vie, ce texte semble avoir donné le la quant à l’exploration par l’auteur de la thématique de la solitude et de la frustration, thèmes principaux de son ouvrage suivant, Extension du domaine de la lutte.
—
Aller + loin : Le mois de l’imaginaire : romans cultes et découvertes
