Écrire un second roman n’est jamais simple, le réussir l’est encore moins. Surtout, lorsqu’il est attendu par le public et la critique. Parmi tous les auteurs francophones engagés dans cette rentrée littéraire, trois romancières et deux romanciers transforment l’essai et confirment leur talent. Sélection !
C
ent millions d’années et un jour – Jean-Baptiste Andréa (L’iconoclaste)
Après avoir remporté le prix du premier roman avec l’émouvant Ma Reine, Jean-Baptiste Andréa reste en montagne et prend de la hauteur jusqu’aux glaciers alpins pour Cent millions d’années et un jour. Dans cette histoire de paléontologue vieillissant obsédé par une chimère, le réalisateur-scénariste affirme avec force le caractère visuel et sensuel d’une écriture qu’il sublime aujourd’hui d’une excitante touche romanesque. À la fois récit d’aventures sur une expédition extraordinaire et conte onirique sur la temporalité, ce second roman montre une nouvelle facette d’un auteur sur qui il faut désormais compter.
Les yeux rouges – Myriam Leroy (Seuil)
Qu’elle soit réelle ou virtuelle, la violence des rapports sociaux est au centre des préoccupations de Myriam Leroy. Avec Les Yeux rouges, la journaliste belge récidive sur cette thématique en proposant un nouveau roman profondément dérangeant sur le harcèlement numérique. À travers le récit glaçant d’une jeune femme victime de la haine anonyme qui se déverse en ligne, elle pointe une des dérives hideuses de notre société ultra-connectée où les ordures chassent en meute et avancent masquées.
Le nom secret des choses – Blandine Rinkel (Fayard)
Après un foisonnant portrait de femme d’un âge où l’on est sensé abandonner toute prétention, Blandine Rinkel continue de se demander ce que signifie réussir sa vie en se penchant cette fois sur le sort d’une jeune provinciale partie à l’assaut de la capitale. Le nom secret des choses est un second roman initiatique où se mèlent avec grâce et justesse des questionnements sur l’identité, la découverte de soi, l’importance des rencontres ou encore le besoin de se réinventer pour rester libre de choisir sa vie.
Attendre un fantôme – Stéphanie Kalfon (Joëlle Losfeld éditions)
Pour son second roman, la scénariste Stéphanie Kalfon abandonne Erik Satie à ses Gymnopédies et change radicalement de partition. Roman acéré traversé tout du long par une tension diffuse, Attendre un fantôme met en scène la violence psychologique d’une mère toxique qui vole sans ménagement la peine de sa fille dévastée par le décès brutal de son fiancé. À l’aune de cette tragédie, se joue alors un drame familial où les non-dits, l’égoïsme et l’usurpation des émotions bloquent toute possibilité de faire le deuil.
L
es Hommes incertains – Olivier Rogez (Le passage)
Ancien reporter spécialiste de l’Afrique, Olivier Rogez signe à l’occasion de cette rentrée littéraire un second roman qu’il situe là où a commencé sa carrière journalistique ; au début des années 1990. C’est donc à Moscou sur fond d’effondrement imminent du régime soviétique que se déroule Les Hommes incertains. À travers les destins croisés d’une série de personnages représentatifs d’une nation au bord de l’implosion, l’auteur livre avec une maîtrise évidente de son sujet une réflexion grinçante sur les effets révélateurs d’une révolution devenue inéluctable.
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