82 premiers romans vont bientôt recouvrir les étals des librairies. Difficile de faire un choix parmi ces histoires regorgeant de sincérité et d’émotions. En voici dix, qui recouvrent tout le prisme de ces premiers récits, entre quêtes initiatiques et épopées intimes et grandiloquentes.
Zébu Boy – Aurélie Champagne (Monsieur Toussaint Louverture)
C’est un véritable survival que ce Zébu Boy, où le mystère se dispute à l’horreur de la guerre, celle de 1947 à Madagascar, période durant laquelle l’île se soulève avec pertes et fracas. Parmi ses héros, Ambila, devenu apatride, erre comme une âme en peine et en péril… Passionnée par Madagascar, la journaliste Aurélie Champagne a mis près de dix ans pour écrire ce premier roman qui emporte le lecteur avec force et émotions.
Tous tes enfants dispersés – Beata Umubyeyi Mairesse (Autrement)
Récit semi-autobiographique sur le devoir de mémoire, Tous tes enfants dispersés est un livre poignant sur le génocide rwandais de 1994. Le personnage principal a refait sa vie en France en laissant sa mère. L’auteure, elle, a quitté son pays natal avec sa famille. C’est à un travail de réconciliation avec leur passé auquel se livrent l’une et l’autre. Un roman bouleversant, où l’on retrouve toute la poésie de Beata Umubyeyi Mairesse, après ses recueils Ejo et Lézardes.
À la demande d’un tiers – Mathilde Forget (Grasset)
Voici le roman le plus cynique de notre sélection : À la demande d’un tiers convoque à la fois Bambi, des requins, un hôpital psychiatrique, une héroïne abandonnée par celle qu’elle aime et une mère suicidée. Rien que cela. À ce personnage de recoller les morceaux de son existence en lambeaux. Et le pire, c’est que cela en devient férocement drôle. L’écriture incisive de Mathilde Forget risque de faire grincer bien des dents !
Une Histoire de France – Joffrine Donnadieu (Gallimard)
Base militaire de Toul, 1999 : la jeune Romy, neuf ans, est abusée par France, sa voisine. Un acte sexuel et cruel qui sera le catalyseur de toute son existence, alors qu’elle ne comprend pas ce corps féminin qui commence à éclore. Pendant dix ans, elle luttera. Contre sa mère malade, son père absent et surtout contre elle-même… Une Histoire de France de Joffrine Donnadieu, est un roman âpre et implacable, qui ose parler du tabou de la pédophilie au féminin.
Nafar – Mathilde Chapuis (Liana Levi)
Lorsqu’elle vivait en Turquie, Mathilde Chapuis a rencontré de nombreux Syriens exilés. Elle recueillait dans sa mémoire leurs témoignages, souvent tragiques et a décidé de s’en inspirer pour un roman sans concession, Nafar (qui signifie « sans droit »). La narratrice y raconte les errances du Syrien Méric, tandis qu’il cherche à fuir la dictature de Bachar Al-Assad et à gagner les rives de l’Europe. Un récit haletant, où le lecteur est en immersion totale avec ce héros désemparé.
Protocole gouvernante – Guillaume Lavenant (Rivages)
Ne jamais laisser entrer le loup dans la bergerie : on l’apprend toujours à ses dépends. Dans la lignée de Théorème de Pasolini ou du récent Parasite de Bong Joon-ho, Protocole Gouvernante, cinématographique en diable, retrace l’arrivée dans une famille parfaite, d’une jeune gouvernante aussi étrange qu’envoûtante… Après l’écriture de pièces de théâtre ou du conte poétique Cheval, Guillaume Lavenant offre un roman sulfureux au suspens implacable.
Ceux que je suis – Olivier Dorchamps (Finitude)
Marwan et ses deux frères sont nés en France de parents marocains. Lorsque leur père décède, ses dernières volontés sont d’être enterré à Casablanca. Marwan s’y rend, seul, tandis qu’il découvre, par l’intermédiaire de sa grand-mère, tout un pan de la vie de sa famille qui lui était inconnu. Ceux que je suis est un roman initiatique dont l’écriture poétique et pleine d’humour révèle un auteur franco-britannique définitivement à suivre.
Loin – Alexis Michalik (Albin Michel)
On ne présente plus le comédien Alexis Michalik, devenu en quelques années le pape du renouveau du théâtre français, avec des succès en tant qu’auteur et metteur en scène qui ne se démentent pas, du Porteur d’histoire à Edmond. Le conteur qu’il est nous propose avec Loin un roman où l’on retrouve toute sa démesure, entre plusieurs pays et plusieurs époques, quête historique et humoristique d’un jeune homme sur les traces d’un père mystérieux…
Sale Gosse – Mathieu Palain (L’Iconoclaste)
D’un côté Louise, une fille-mère à qui les services sociaux ont retiré son bébé. De l’autre, Wilfried, le bébé en question, devenu enfant et adolescent, que l’on ballotte de familles d’accueil en institutions. Un destin ordinaire qui devient extraordinaire dans Sale Gosse, grâce à l’écriture touchante et précise de Mathieu Palain. Le journaliste signe ici un essai réussi dans le monde de la fiction, après sa récompense en 2014 du prix Françoise-Giroud pour l’une de ses enquêtes.
77 – Marin Fouqué (Actes Sud)
À seulement 28 ans, Marin Fouqué a déjà plusieurs cordes à son arc : un diplôme des beaux-arts, un talent dans le chant lyrique et la boxe, l’écriture de poèmes, de nouvelles et de textes de rap, mais aussi des performances artistiques sur scène. Un fourmillement que l’on retrouve dans 77 ou l’histoire d’une bande de laissés pour compte, entre innocence brisée, violence d’une enfance en mutation, destruction des rêves et réalité qui emporte tout. Poignant de bout en bout.
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