Le neuvième art a ses incontournables : entre séries historiques, romans graphiques, comics strips et grandes sagas, voici un top de titres emblématiques pour se plonger dans l’art des cases et des bulles littéraires ! Une sélection très subjective, non exhaustive.
Les mystères de Londres
Qui était Jack l’éventreur ? Alan Moore, un des plus grands auteurs de BD du XXe siècle, expose sa théorie bien personnelle à cette question qui hante la pop cuture depuis plus d’un siècle. Ultra documenté (Moore a lu tous les livres disponibles à l’époque avant de se faire son opinion), sublimé par le dessin expressionniste en noir et blanc d’Eddie Campbell, From Hell est une descente aux Enfers impitoyable. C’est une des plus importantes réflexions sur la modernité, le féminisme et une critique violente de l’ère victorienne. Bref, une œuvre dense, à laquelle on redécouvre une nouvelle dimension à chaque lecture.
Des souris et des chats
Publié initialement en deux parties en 1986 et en 1991, Maus d’Art Spiegelman s’impose d’emblée comme un événement littéraire sans pareil. Couronné par le prix Pulitzer en 1992, le récit autobiographique narre la relation de l’auteur à son père, un survivant de la Shoah, et la difficile transmission de ce passé épouvantable. En remplaçant les humains par des animaux, Spiegelman livre une analyse nécessaire sur les horreurs humaines. Sa vision cauchemardesque et percutante n’a rien perdu de sa force d’évocation. C’est une lecture toujours aussi essentielle aujourd’hui que lors de sa parution.
L’homme et son double
Quand la foudre réduit en cendre son appartement, un architecte et professeur d’université nommé Asterios Polyp, décide de tout quitter. Il s’installe au fin fond des États-Unis et devient garagiste. C’est le point de départ d’une méditation sur la dualité (homme/nature ; rêve/réalité…) et sur ce qui détermine notre construction. Réaliste, onirique, parfois fantasmagorique, le récit de David Mazzuccheli est une merveille de subtilité et d’intelligence. Une ode à la liberté d’être soi dans un monde qui n’est que contraintes et empêchements.
Il était une fois en Iran
Est-il encore besoin de présenter Persépolis ? Le magnus opus autobiographique de Marjane Satrapi est un des plus grands succès de la BD indépendante française. Son adaptation cinématographique a reçu le grand prix du Jury à Cannes en 2007 et deux Césars. Dans ce récit qui s’étale sur 10 ans, Satrapi propose un regard inédit, tendre et réaliste sur un pays mal connu : son Iran natal. Réflexion sur l’identité, l’exil et la marche de l’Histoire, c’est à la fois un document indispensable et une fiction enchanteresse.
Corps d’ado malade
Black Hole est un récit en noir et blanc, relatant les ravages d’une mystérieuse MST provoquant des mutations physiques impressionnantes. Située dans la banlieue de Seattle pendant les années 1970, l’histoire tourne autour de certains ados, essayant tant bien que mal de vivre avec les conséquences de la maladie qui les marginalise. Véritable classique de la BD underground, le récit de Charles Burns évoque tout autant Cronenberg que Lynch. Le dessin très contrasté conjure un cauchemar dans lequel une fois plongé, il est impossible de ressortir indemne.
Premiers baisers
Les récits d’un premier amour adolescent sont légion, quel que soit le média. L’originalité de Blankets de Craig Thompson se trouve dans son côté autobiographique d’une part et dans le cadre familial et social du héros de l’autre. Élevé dans une famille évangélique très pratiquante, Craig a du mal à concilier sa foi, l’éveil de sa sexualité et son premier amour. Sublimement dessiné, Blankets est une histoire bouleversante sur la douleur de grandir, d’apprendre à aimer et la nécessité parfois de s’éloigner des siens pour mieux devenir soi. Sans jamais juger ou condamner, Thompson nous plonge dans ses tourments spirituels et accouche d’une œuvre sensible et délicate.
Lost in suburbia
Peu de romans graphiques peuvent se targuer de l’étiquette désormais éculée de « culte », mais parmi les prétendants aux titres, Ghost World fait preuve d’archi-favori. Narrant avec ironie et sarcasme le quotidien de deux jeunes femmes qui ne cessent de se moquer et de critiquer leur ville de banlieue, Ghost World est aussi drôle qu’amer. L’amitié résiste-t-elle aux réalités de la vie ? Que signifie devenir adulte ? Daniel Clowes dépeint avec humour et cruauté ses deux héroïnes, devenues des stars pour les ados du monde entier. Et pas seulement depuis la brillante adaptation de 2003 avec Thora Birch et Scarlett Johansson.
Être, et être soi
L’auteure de Fun Home, Alison Bechdel, est connue pour un test qui permet de déterminer le niveau de sexisme d’un film. Mais, si de futures générations se souviendront d’elle c’est surtout grâce à ce récit qui mêle le public et le privé, qui parle d’orientation sexuelle, de suicide et d’acceptation de soi. Basé sur sa vie, Alison Bechdel y dépeint la difficile relation avec son père et le long chemin vers son coming out familial. Un parcours décrit avec malice, gravité et surtout un talent époustouflant.
Grandir et devenir
Le roman d’apprentissage est un des genres les plus populaires de la littérature. Il est aussi bien représenté dans les romans graphiques, qui lui apportent une âme supplémentaire en nous immergeant de manière organique dans les tourments des protagonistes. Cet été-là de Mariko et Jillian Tamaki en est un brillant exemple. En suivant les mésaventures de la jeune Rose, dessinées en nuances de bleu, les auteurs nous entraînent dans son monde intérieur et font le difficile passage de l’adolescence.
Retour vers le passé
Incontournable classique du manga seinen, Quartier lointain est une œuvre dont la poésie, l’aspect philosophique et l’impact émotionnel dévastateur ne peuvent pas laisser indifférent. Crée par le grand Jiro Taniguchi, c’est une réflexion bouleversante sur le passé, l’enfance et les choix de nos parents. Prenant un cadre fantastique digne de La Quatrième Dimension, Taniguchi imagine un homme projeté dans son corps d’adolescent mais avec ses mémoires d’adulte. Peut-il améliorer sa vie ? Modifier son passé ? Une oeuvre indispensable et inoubliable.
Chroniques d’une lutte acharnée
L’ascension du haut mal représente ce qu’il y a de mieux en matière de BD autobiographique. Car pour David B. il ne s’agit pas juste de dessiner des souvenirs d’enfance : il raconte son vécu, son ressenti. Au final son œuvre majeure se lit comme une interprétation de la mythologie familiale qui l’a vu grandir. Partant de la maladie de son père (l’épilepsie) et de la lutte familiale pour trouver un remède, il dépeint un univers où les angoisses et les névroses de chacun prennent forme devant nos yeux.
Sur la route
Que pourrait-il bien arriver de mal à une jeune fille de 17 ans qui part en vadrouille seule entre l’Autriche et l’Italie ? C’est ce que raconte Ulli Lust dans Trop n’est pas assez, un récit basé sur sa propre expérience. Nous sommes en 1984, la jeune femme est naïve et émerveillée par le monde qui s’offre à elle. Il y aura de belles rencontres et des moments de grande peur, sa vie sera en danger, et son monde va changer à jamais. Cet instant d’adolescence vu à travers le regard de la femme de 40 ans qu’elle est devenue est raconté avec honnêteté et sans concession. Une œuvre salutaire et courageuse.
Chat-rivari
Mythique comic strip publié chaque semaine et week-end aux États-Unis de 1913 à 1944, le Krazy Kat de George Herriman voit ses planches dominicales de 1925 à 1929 ici rassemblées dans le premier volume d’un recueil qui en comptera quatre.
Aventurier belge
Grand incontournable de la BD belge, Tintin a promené ses compagnons aux quatres coins du monde et s’est retrouvé embrigadé dans les affaires les plus sordides. L’Affaire Tournesol a été publiée pour la première fois en noir & blanc en 1956. Cet album est sans doute l’un des plus cultes de la série d’Hergé. Véritable polar centré autour du facétieux professeur Tournesol, entre enquête et course-poursuite en pleine guerre froide, on ne saurait se lasser de ce classique.
Un duo emblématique
Album abouti et emblématique de la série Black et Mortimer, La Marque Jaune est un florilège de ce qu’Edgar P. Jacobs sait faire de mieux. Des personnages so british, des textes denses, des péripéties passionnantes, du suspense, le tout saupoudré d’un soupçon de fantastique, tous les ingrédients sont réunis pour faire de cet album un incontournable pour tous les bédéphiles.
Cynisme
Qu’il est bon, plus de 40 ans après, de continuer à broyer les Idées Noires de Franquin ! À l’époque, le papa de Gaston délaissait un moment les gags bon enfant pour s’adonner à un délicieux et cynique défoulement, tout en encre chinoise, moquant les écueils de la société. Chasseurs, militaires, religieux… Ils sont tous là !
Moquerie universelle
Humoriste convaincue, sociologue malgré elle, Claire Bretécher aura passé ses années 1970 à croquer les travers de tous Les Frustrés – aujourd’hui devenus bobos – de la France post soixante-huitarde. Intellos, artistes, gauchos… Tout le monde en prend pour son grade. Tendre et féroce à la fois !
Le trait clair
Jooste Swarte, c’est ce dandy néerlandais, génie touche-à-tout et père de « la ligne claire », expression qu’il invente en 1977 pour qualifier le trait hergéen de Tintin. Un trait qu’il apprendra à maîtriser et qu’il approfondira tout au long de sa carrière. Total Swarte compile l’intégralité de ses histoires. Swarte s’inspire de la vie moderne, des villes, des hommes et en fait des récits incisifs et tendres.
Sur les flots
Avec La Ballade de la mer salée, Hugo Pratt entamait ce qui demeure aujourd’hui encore l’une des plus fascinantes aventures de toute l’histoire du neuvième art. On faisait alors la connaissance du pirate Raspoutine, de Pandora et Caïn, et du mystérieux Corto Maltese, figure emblématique de la BD européenne.
L’aventure au féminin
Dans ce 1er tome des Aventures Extraordinaires d’Adèle Blanc-sec, Tardi met en place l’univers pittoresque de sa célèbre héroïne. En équilibre entre polar et fantastique, le récit nous plonge au cœur d’un vieux Paris nimbé de mystère, peuplé de personnages hauts en couleur et de créatures étranges.
Les Gaulois en Égypte
Quel génie que ce défi immobilier totalement fou qui pousse la belle reine d’Égypte Cléopâtre à tenir tête à l’orgueilleux Jules César ! Ce 6e tome des aventures d’Astérix et Obélix accumule les planches d’anthologie, entre jeux de mots désopilants et situations merveilleusement cocasses. Du très grand Goscinny–Uderzo !
Un piètre détective
L’Incal, c’est le chef d’œuvre en 6 tomes (ici réunis) de Jodo et Mœbius, l’histoire des tribulations déjantées du médiocre détective John Difool, dépositaire malgré lui d’un objet aux pouvoirs mystérieux, suscitant la convoitise de tous. Un must read pour tous les amoureux de la SF et de la BD en général.
Sot et muet
Avec Silence, Didier Comès signait en 1980 une singulière chronique paysanne teintée de fantastique, plantée au cœur d’un village imaginaire des Ardennes. Le récit en noir et blanc de la vindicte improbable d’un anti-héros mutique et simple d’esprit, et d’une sorcière rancunière contre un vilain et riche agriculteur.
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