Des premières flûtes en os du Paléolithique aux compositions générées par intelligence artificielle, en passant par les symphonies de Mozart et les distorsions du rock, la musique et ses multiples déclinaisons n’ont pas fini de nous enchanter. Grâce à cette sélection de beaux livres sur le sujet, retour sur des millénaires d’art musical, de ses fondements à nos jours. La partition ultime pour tout savoir, sans fausse note.
Êtes-vous prêts ? On va commencer ! Roulements de tambour s’il vous plaît…
Si l’on dit communément que la musique adoucit les mœurs, c’est sans aucun doute car elle les traduit depuis des siècles. En effet, cet art sonore constitue le miroir de la société, le battement de cœur de l’humanité : véritable témoin de comment les gens vivent et s’expriment. Alors que les chants grégoriens montrent une communauté tournée vers Dieu, le rock incarne une jeunesse qui se rebelle contre l’autorité ; et le rap, lui, raconte la vie urbaine.
Néanmoins, cette histoire est également indissociable de celle de la technologie. Chaque époque a basculé à la faveur d’innovations, sans cesse de nouveaux outils ont permis la création, aidée par les (r)évolutions proposées par les artistes : de la facture du premier violon aux inventions technologiques, en passant par l’arrivée de l’électricité.
S’intéresser à ces nombreux changements, c’est enfin détenir les clés pour décrypter nos playlists actuelles et repérer les inspirations cachées. C’est le moment de remonter le temps pour comprendre le lien entre les sons d’hier et les samples numériques d’aujourd’hui !
Afin de mieux résumer la foisonnante histoire de la musique, on laisse le micro aux pros…
L’histoire de la musique
Histoire de la musique – Bernard Wodon (Larousse)
Si son titre, Histoire de la musique, dit tout, c’est bien parce que cet ouvrage essentiel de Bernard Wodon est d’une grande clarté. En 480 pages, l’historien de l’art retrace de façon chronologique 4 000 ans de musique. Périodes, écoles, courants esthétiques, langages, biographies des compositeurs ainsi qu’œuvres majeures : tout y est, de l’Antiquité à nos jours. Évidemment, vous y trouverez aussi des explications détaillées sur les notes et les théories musicales. Un indispensable !
Guide illustré de la musique, Tomes 1 et 2 – Ulrich Michels (Fayard)
Best-seller en Allemagne, le Guide illustré de la musique s’impose comme une référence, vraie somme encyclopédique. Rédigés par un professeur de musicologie, deux tomes traversent le temps : le premier de la Préhistoire à la Renaissance, le second du XVIIe siècle à aujourd’hui. Au-delà de la chronologie, c’est toute la science musicale qui est décortiquée : instruments, harmonies, techniques, pratiques, physiologie de l’oreille… Les schémas et images en couleur ne sont pas là pour décorer, mais bien pour éclairer le propos et prolonger le texte. Une approche intelligente et visuelle, scientifique mais accessible, pour tout comprendre.
Une histoire vivante de la musique – Mélanie Levy-Thiebaut (Flammarion)
Qu’il est ardu de trouver l’accord parfait. Heureusement, la cheffe d’orchestre Mélanie Levy-Thiebaut se prête volontiers à cet exercice compliqué. En mêlant intelligemment sa connaissance du milieu, ses inspirations et ses anecdotes de parcours teintées d’humour, elle signe Une histoire vivante de la musique. L’ouvrage réussit le tour de force d’être complet sans être assommant, sérieux tout en restant divertissant. À travers une vision occidentale à la fois subjective et universelle, l’autrice nous guide du Moyen Âge aux figures contemporaines comme Xenakis, Boulez ou Stockhausen. 500 pages riches et exaltantes, pour notre plus grand plaisir !
Petites histoires de la grande musique et Petites histoires féminines de la grande musique – André Peyrègne (Litos)
Peut-être peinez-vous à retenir les grands temps de l’histoire de la musique, la réduisant à une succession de noms et de chefs-d’œuvre ? Mais, détrompez-vous : loin des clichés, elle repose sur des vies passionnantes ! Saviez-vous par exemple que Bach a été emprisonné ou encore que Berlioz fut en fuite ? Dans Petites histoires de la grande musique, le chef d’orchestre André Peyrègne dévoile les coulisses de la création. À travers une centaine de destins tourmentés, il décrypte l’évolution de cet art et ses secrets. Un livre aussi divertissant que pédagogique pour se cultiver en s’amusant.
Forcément, ces anecdotes éveillent la curiosité, mais une question demeure : où sont les femmes ? Grandes oubliées de l’histoire de la musique – comme de l’Histoire en général malheureusement – elles furent pourtant compositrices, instrumentistes, chanteuses ou mécènes. Bravant les préjugés, s’affranchissant des mœurs, elles ont réalisé des carrières extraordinaires. Après le succès du premier opus, André Peyrègne revient avec Petites histoires féminines de la grande musique où des récits drôles comme tragiques, émouvants ou même insolites redonnent une voix à ces figures essentielles. L’ensemble accompagné de références d’écoute.
Les grandes dates de l’histoire de la musique européenne – Marcelle Benoit, Bernard Gagnepain et Norbert Dufourcq (Que Sais-Je)
Parfois, certaines dates nous marquent, on ne sait guère pourquoi, mais surtout, on s’en souvient longtemps… Si vous êtes de ceux pour qui l’Histoire s’écrit avant tout en chiffres et en repères chronologiques, Les grandes dates de l’histoire de la musique européenne est fait pour vous ! Trois spécialistes ont accordé leurs violons afin de mettre en valeur des évènements marquants de l’histoire de la musique, du Moyen Âge à l’an 2000. Un texte riche et illustré revenant sur tous les moments, les artistes et les œuvres clés.
Les grands noms et genres qui la composent
Après ce large tour d’horizon, concentrons-nous à présent sur chaque siècle afin de connaître quels génies et évènements les ont bouleversés et ont, à jamais, marqué l’histoire de la musique.
Au fur et à mesure : de la Préhistoire à la Renaissance
Vous vous en doutez, tout débute bien avant nos plateformes de streaming musical. Dès la Préhistoire, les Hommes s’inspirent déjà des bruits de la nature pour s’exprimer. La création de rythmes et de mélodies permet de célébrer les rites et rituels. Les premiers instruments de musique remontent d’ailleurs à l’époque du Paléolithique supérieur. En effet, des flûtes de cette période ont été retrouvées dans la grotte d’Isturitz. Ces os, bois, défenses et coquillages perforés étaient utilisés pour communiquer et attraper des proies.
Durant l’Antiquité, les Grecs furent les premiers à codifier la musique. Il faut dire que celle-ci occupait une place très importante dans la culture. En témoigne Musique et Antiquité qui éclaire les relations entre musique et littérature, poésie, théâtre, philosophie ou encore mythologie dans les sociétés antiques hellénistiques comme romaines. Dans une dernière partie, les actes de ce colloque, ayant eu lieu à Amiens en 2004, établissent également un pont entre la musique antique et l’Opéra actuel.
Comme celle qui la précède, la musique médiévale dit le monde et l’organise. C’est ce que démontre Olivier Cullin, professeur et chercheur en musicologie, dans sa Brève histoire de la musique au Moyen Âge. Il y analyse son langage et ses formes d’expression afin d’expliquer le rôle de l’église, celui des théoriciens tels que Boèce ou encore les fonctions politiques de jadis. Bien que ces siècles soient à tort qualifiés d’obscurs, il s’agit en réalité d’une ère de foisonnement. Pensez-donc aux Chansons d’amour des troubadours !
Ah, le Guide de la musique de la Renaissance ! 1200 pages aussi foisonnantes que le moment d’effervescence culturel et artistique qu’elles condensent. Une somme résumant la production musicale de deux siècles – d’environ 1410 à 1610 – emplis de mutations. Premièrement, une approche générale porte sur les instruments, les formes musicales et la théorie. Puis, les divers acteurs que sont les compositeurs, les interprètes ainsi que les très importants mécènes sont présentés, de même que pour les places où s’exercent la musique et leurs spécificités. Alors que naît l’imprimerie, l’écriture se perfectionne et le contrepoint comme la polyphonie triomphent : nous sommes au cœur d’une abondance créative.
Le temps des compositeurs
Vous l’aurez compris, dès la Renaissance, l’histoire s’accélère : la musique se codifie et s’incarne désormais à travers des figures tutélaires qui vont régner sur l’Europe pendant trois siècles.
Avec une maîtrise exceptionnelle des techniques et styles précédemment cités, Jean-Sébastien Bach s’impose. Compositeur et musicien virtuose, il met au point une grammaire musicale et synthétise les principales traditions européennes jusqu’à les pousser à leur plus haut degré d’achèvement. Symbolisant le baroque et son exubérance – contrôlée tout de même ! – par excellence, Bach nous a laissé un héritage considérable. Gilles Cantagrel revient sur cette richesse dans Le monde de Bach avec la plongée dans une époque où la musique est fortement consommée. Un dictionnaire magistral pour tous les amateurs de l’artiste allemand et de son temps : de nos jours peu connu, la faute à des noms et œuvres n’ayant pas survécu à la postérité.
S’il existe bien un compositeur qu’on s’attend à trouver dans ce type de sélection, il s’agit bien évidemment de Wolfgang Amadeus Mozart. Génie incontesté, parangon du classicisme musical grâce à sa clarté et ses sonates structurées, il est aujourd’hui considéré comme le plus grand maestro, et particulièrement en France. Pourtant, de son vivant, le compositeur n’a pas rencontré un franc succès dans l’Hexagone. C’est ce qu’explique Mozart, une passion française : à l’aube de sa (courte) vie, le prodige se rend à trois reprises dans le pays des Lumières, mais ne convainc pas pleinement. Les années ont toutefois donné raison à son talent en le hissant, a posteriori, au sommet du panthéon musical.
Souvent classé comme romantique, Ludwig Van Beethoven est cependant l’un des derniers représentants majeurs du classicisme. Loin d’être la seule idée reçue dont il fait l’objet depuis des siècles, Elisabeth Brisson tente de rétablir la vérité dans Beethoven, en se basant sur des documents officiels. Démythifier le compositeur, bien sûr sans lui ôter son ingéniosité, c’est : s’appuyer sur ses correspondances, comprendre son processus créateur, le replacer dans le bon contexte historique, découvrir ses sources d’inspirations et ses lectures, appréhender les critiques de ses contemporains… Une biographie sans fioriture qui n’en est pas moins intéressante.
Bien que leurs styles et leurs approches du genre diffèrent, tout comme leurs opinions politiques, Richard Wagner et Giuseppe Verdi ont révolutionné l’art lyrique (et sont, accessoirement, tous deux nés en 1813). Sans eux, l’opéra tel que nous le connaissons serait bien différent. Dans Verdi Wagner et l’opéra de Paris, catalogue de l’exposition tenue en 2013/2014 au cœur de de la Bibliothèque-musée de l’Opéra de Paris, de nombreux théoriciens décryptent la manière dont leurs idées et leurs innovations ont été perçues, adoptées, adaptées ou rejetées. Une sublime édition agrémentée d’illustrations faisant la part belle à leurs productions mythiques telles que La traviata ou L’Anneau de Nibelung.
Un air de révolutions : l’ère moderne et contemporaine
Changement de tempo à la fin du XIXe et au XXe siècles : avec les prouesses techniques et technologiques, les interprètes volent la vedette aux compositeurs. Et tout commence avec le blues et le jazz…
Puisant leurs racines dans le terreau du sud des États-Unis, exutoires des minorités afro-américaines face à la ségrégation, ces deux genres sont devenus, en un siècle, des piliers de la musique mondiale. Afin d’être incollable sur le sujet, vous pouvez compter sur La Grande encyclopédie du blues et Le grand atlas du jazz !
Depuis leur première parution, ces éditions sont régulièrement corrigées et enrichies avec l’ajout de nouveaux portraits et ouvrages, plus contemporains, et surtout plus féminins ! De superbes références complètes et indétrônables qui nous entraînent sur les routes, bercés par divers styles, où nous faisons la rencontre de pionniers comme Louis Armstrong ou Duke Ellington et des divas du swing telles qu’Ella Fitzgerald. Des essentiels donc !
Les années passent, mais le vent de révolte et le désir de liberté ne s’affaiblissent jamais : la musique en permettant l’éternelle expression. C’est ainsi que dans les années 1950, le rhythm’n blues s’électrise et se transforme en rock and roll. Sept décennies plus tard, alors que l’air vibre toujours de cette énergie folle, Ernesto Assante, critique musical et véritable passionné, retrace cette épopée dans Les Grands noms du Rock. Une recension composée de 90 portraits d’artistes et de groupes iconiques ayant érigé ce style au rang de culte : d’Elvis Presley aux Beatles, en passant par Bowie, Pink Floyd, AC/DC ou Muse.
Courant années 1960, le rock n’est plus le seul à galvaniser les foules. Le bruit saturé des guitares laisse place à des refrains adorés de tous : c’est l’avènement de la pop, une abréviation aussi culte que connue – celle de populaire – dont les airs et paroles rassemblent. Cependant, si l’on retient les géants, l’histoire est aussi peuplée d’artistes oubliés et de tubes sans lendemain. Animateur et spécialiste, Éric Jean-Jean n’omet personne dans les 60 ans de la musique pop. Ponctuées par des interviews de figures culturelles comme Philippe Labro ou Pedro Winter, les 220 pages reviennent sur les évènements et interprètes majeurs de ce genre qui a conquis la planète.
1976 : les Sex Pistols sonnent la révolution punk ! Retour aux premières volontés du rock, celles qui riment avec provoc. Une essence emplie de rage se propage… Une incarnation sans concession faisant trembler les institutions, un style, une esthétique, un mode de vie, une vraie Culture punk !
Dans les années 70-80, la rue s’empare du micro et le hip-hop comme le rap naissent dans les fêtes de quartiers à New York, imposant une nouvelle poésie urbaine. Néanmoins, malgré un triomphe international, le combat pour la légitimité perdure. Aujourd’hui massivement écoutés, ces genres luttent pour être véritablement entendus et compris. Deux beaux livres permettent de mieux cerner leurs enjeux : alors que Can’t Stop Won’t Stop examine méticuleusement les quatre phénomènes principaux du hip-hop, Rap Monde dresse un panorama mondial de 24 villes dans lesquelles le rap contemporain bouillonne, tout en rappelant ses origines au cœur de chacune d’entre elles.
Enfin, la fête est sans cesse redéfinie par de nouvelles pulsations avec les registres techno et électro. Guillaume Kosmicki aborde toutes ces révolutions qui ont bouleversé le XXe siècle dans Musiques électroniques – Des avant-gardes aux dancefloors. Avec son approche absolue, des premiers essais technologiques astucieux dans les années 1950 à la house music, du tourne-disque aux night-clubs en passant par les platines des DJ, l’ouvrage est une sacrée mine d’or.
À l’heure où les morceaux augmentés par l’intelligence artificielle font leur apparition, quelle suite nous réserve l’histoire de la musique ?
La note finale pour une discothèque idéale
Rassurez-vous, nous n’allions tout de même pas laisser le silence s’installer si vite. Parce que nous savons pertinemment qu’il est impossible de créer une sélection exhaustive de beaux livres sur la musique face au foisonnement de celle-ci – immense dialogue où les courants se croisent, se nourrissent, s’influencent et se répondent – on se fait pardonner avec deux dernières références. Pas des moindres puisqu’il s’agit des 1001 œuvres classiques et 1001 albums qu’il faut avoir écoutés dans sa vie.
Ainsi, on espère que cette sélection pour donner le la à votre bibliothèque musicale a su vous intéresser. L’histoire de la musique est une partition infinie qui ne demande qu’à être jouée, livre en main et casque sur les oreilles !
