L’été s’installe et il nous faut la bande-son qui va l’accompagner. Si l’actualité musicale liée au reggae reste un produit de saison par excellence, ce genre musical est dynamique toute l’année, principalement grâce au marché de la réédition. Mais la scène actuelle ne manque pas de relief et de diversité. Voici les petites pépites à ne surtout pas louper.
L’été s’annonce caniculaire, et le reggae, plus vivant que jamais. Entre figures légendaires et jeunes pousses inventives, la scène mondiale regorge de découvertes prêtes à faire vibrer vos enceintes, du roots jamaïcain aux grooves plus modernes.
Clinton Fearon – Jah Is Love
Honneur au doyen. Depuis qu’il a quitté les légendaires Gladiators, on peut décemment affirmer que Clinton Fearon trace sa route solo avec brio, ce qui n’est pas toujours le cas de certains cadors d’hier qui vivent uniquement sur leurs acquis. Toujours entouré d’une équipe de musiciens, producteurs et arrangeurs très habiles dans leur approche, le septuagénaire jamaïcain n’a rien perdu de son talent de chanteur (ce grain de voix reconnaissable entre mille) comme de parolier.
Du reggae roots de très bonne facture qui au fil de ces dix nouveaux titres retrouvent indirectement le chemin des éternelles vibrations que le couple Clinton Fearon/Albert Griffiths a gravé dans les seventies. Des enregistrements d’ailleurs épuisés depuis bien trop longtemps qu’on aimerait bien retrouver dans les bacs. Clinton, si tu nous entends.
The Mercurials – Tend The Fire
On peut être un combo frenchy et se plonger avec entrain et réussite au cœur de ce ska britannique qui déferla dans les bacs des disquaires à la charnière des 70’s et 80’s. Costumes ajustés, section de cuivre et compos dynamiques, propos très « à propos » qui rappellent evidemment ce qui nous avait tant plus à l’époque du revival Two Tone et tous ces groupes de ska « social ».
Car c’est bien ce registre que les Lyonnais de The Mercurials mettent à l’honneur dans ce premier album parfaitement abouti. A l’image du single Fire In The House qu’on pourrait presque croire sorti des tiroirs oubliés du regretté Terry Hall (The Specials).
Groundation – Candle Burning
Plus de vingt ans d’existence pour Groundation, un groupe californien devenu acteur incontournable des festivals et de la scène reggae mondiale. Initialement formé au jazz, Harrison Stafford et ses musiciens ont toujours su pousser le curseur un peu plus loin que la fois précédente et trouver des partenaires de haut vol pour chaque album.
Hier Cedric Myton & The Congos, Don Carlos, Pablo Moses… Aujourd’hui le dub-poete Mutabaruka, Alpha Blondy ou l’excellent chanteur engagé zimbabwéen Thomas Mapfumo. Les 9 titres de ce Candle Burning s’inscrivent donc en toute logique dans cette démarche.
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Flying Hats – The Return Of
Simple quartet à la façon d’un backing band qu’on imagine tout droit sorti d’un studio jamaïcain à l’époque des tardives sixties, The Flying Hats est en fait un groupe bien actuel et originaire de Leeds en Angleterre. Dans ce premier opus, The Return Of, les quatre mousquetaires du groove syncopé dégainent neuf titres copieux, inspirés, mordants et touffus. The Meters ou the Maytals ? Visiblement pour ces quatre musiciens, difficile de choisir. Basse ronflante, syncopes funky : le son de ce premier album est parfaitement ciselé, revendiqué analogique avec ses réverb’ ajustées au millimètre pour des instrumentaux dangereusement addictifs. Qui s’en plaindra ?
Mellow Mood – 7
Emmené avec ferveur et la nécessaire culture du « gros son » par les deux frères jumeaux Jacopo et Lorenzo Garzia, Mellow Mood est cette belle machine italienne qui accompagne et collabore depuis plus de 10 ans avec pas mal d’ artistes reggae et dancehall contemporains de renoms tel que Jah 9, Anthony B, Tanya Stephens, Kabaka Pyramid, Romain Virgo… Une carte de visite qui leur permet aujourd’hui de publier leur nouvel album à l’international et de peut-être sortir du simple cercle des connaisseurs.
Aussi à l’aise en anglais qu’en italien dans le texte. Aussi efficace sur des banger dancehall, des dubs explosifs ou des titres orientés lover-rock gorgé de soul, leur nouvel album 7 mérite définitivement le détour par vos oreilles.
Pachyman – Another Place
On termine avec le « King Tubby » de Puerto Rico qui est de retour avec un album qui en dit encore un peu plus sur les influences diverses et variées de ce truculent et génial Pachyman, musicien multi-instrumentiste-producteur-arrangeur-chanteur-ingénieur du son. C’est vrai que ça fait beaucoup pour un seul homme, mais il en va ainsi.
Depuis qu’on écoute ses albums, on n’a jamais été déçu par cet homme-orchestre. Un artisan du son, devenu expert en dub qu’il additionne d’une pincée de grooves caribéens. Un sujet que Pachy Garcia aka Pachyman maîtrise parfaitement quand il ne prête pas sa voix et ses baguettes à d’obscures groupes synth-punk-rock de l’underground californien.
