Décryptage

Destination finale : pourquoi ce film d’horreur sans méchant est devenu culte

13 mai 2025
Par Thomas Chouanière
Destination finale : pourquoi ce film d'horreur sans méchant est devenu culte
©Metropolitan

Le premier volet de « Destination finale » a instantanément marqué les esprits. Devenue une franchise culte, cette saga horrifique maline revient nous terroriser avec un sixième épisode, « Destination finale : Bloodlines », au cinéma ce 14 mai 2025. Pourquoi cette série tranche-t-elle autant avec les films d’horreur classiques ? Décryptage.

Quand sort le premier épisode de Destination finale, en 2000, le box-office s’affole. Ce film raconte le destin d’Alex, un lycéen qui a une vision prémonitoire du crash d’un avion qu’il doit prendre avec sa classe. Sûr de sa prescience, il entraîne avec lui quatre autres passagers, qui se retrouvent débarqués du vol. Quelques minutes plus tard, l’appareil explose… Mais on comprendra rapidement que cette entorse à la fatalité indispose la Mort, qui se met à poursuivre de sa vindicte implacable l’ensemble des survivants.

À partir de
16,96€
Voir sur Fnac.com

L’horreur du quotidien

Ce scénario malin, où le véritable tueur n’a ni costume d’Halloween, ni masque de Hockey, et se cache sous la forme de hasards provoqués, est le fruit de l’imagination de deux amis de lycée, James Wong et Glen Morgan (qui ont créé la saga d’après une idée originale de Jeffrey Reddick). Ceux-ci ont notamment gagné leurs galons de scénaristes grâce à leur travail sur les deux premières saisons d’X-Files. Précisément l’époque durant laquelle Mulder et Scully voient s’affronter leurs personnalités respectives : le premier avec ses croyances au paranormal, la seconde avec son scepticisme cartésien.

Une dichotomie que l’on retrouve dans Destination finale, où les victimes sont piégées par des objets du quotidien dignes d’une machine de Rube Goldberg, ces dispositifs d’ingénierie absurdes permettant de réaliser des tâches simples avec des engrenages complexes. Ces « accidents » surviennent des lois de la physique- donc avec des causes de décès rationnelles- mais dont l’emballement vient d’une puissance obscure semblant maîtriser l’eau, le feu, le vent. La mort des personnages peut intervenir à n’importe quel moment, créant un suspense oppressant.

31,99€
45€
En stock
Acheter sur Fnac.com

Des morts cultes

Toute personne ayant vu Destination finale et ses quatre suites ont au moins un souvenir de la mort atroce d’un personnage liée aux « accidents » qui parsèment le récit. L’un des plus emblématiques reste l’hallucinant carambolage qui sert de prologue au deuxième volet : une prouesse de mise en scène due au réalisateur (et spécialiste des cascades) David R. Ellis, engagé pour l’occasion. Après ça, impossible de regarder un camion chargé de troncs d’arbre sans une pointe d’appréhension.

Au cours de la saga, différents messages de prévention sont mis à mal par les tragédies que les personnages cherchent à éviter, mais qui finissent toujours par se produire. « Un train peut en cacher un autre » (premier épisode), « Les feux d’artifice peuvent effrayer les animaux » (épisode trois), « Les agrès de gymnastique doivent faire l’objet de contrôles et de vérifications périodiques (Destination finale 5)…

La mécanique macabre de la franchise attire forcément les spectateurs, qui se demandent à chaque nouvel opus quel objet ou encore quelle drôle de coïncidence va entraîner un massacre mémorable. Et la saga de jouer sur nos hantises face à ces activités aussi banales que d’aller chez le dentiste, prendre un avion, monter dans un manège ou même de faire sécher ses vêtements dans une baignoire. Avec Destination finale, on frissonne, mais on rit aussi, car le grotesque s’invite souvent dans le gore.

Une saga sans méchants

L’un des clins d’œil « meta » de Destination finale, premier du nom, se trouve dans les noms des personnages. « Browning » (comme le Tod qui réalisa Dracula), « Lewton » (homonyme du producteur de La Féline de Jacques Tourneur),  « Hitchcock », un certain « Larry Murnau »… Autant de noms qui renvoient à l’histoire des films de suspense et d’horreur, et auxquels les scénaristes se sont référés. Tout en s’en détachant, en créant une saga sans véritable méchant, sinon le destin, qui modifie les éléments à sa guise lorsqu’il doit tuer. 

Cette innovation, qui a contribué à rendre la saga culte, a entraîné aussi de nouvelles manières de mettre en scène l’horreur, qu’il s’agisse de l’essor des escape games ingénieux que l’on a vu fleurir ou de nouvelles sagas horrifiques conceptuelles, en particulier Saw.

Plus gore, cet autre exemple du renouveau de l’horreur mainstream des années 2000 a également fait du piège et du twist sa mécanique narrative, en lui ajoutant une bonne dose de torture. Destination finale et Saw ont entraîné le genre dans un nouvel élan, différent des slashers des années 1990 (Scream de Kevin Williamson) qui l’ont précédé, et des found footages (REC, Paranormal Activity) qui l’ont suivi.

Une formule qui marche

Après un cinquième épisode en 2011, et une baisse relative au box-office, on pensait la franchise Destination finale achevée. C’était sans compter sur New Line, détenteur des droits, qui a cherché, à la fin de la décennie 2010, une manière de faire revenir la Mort et son cortège d’instruments diaboliques sur le devant de la scène.

Après une expérience infructueuse avec un tandem de scénaristes issus de la saga Saw, c’est finalement le réalisateur Jon Watts (Spider-Man : Homecoming et ses suites) qui a été choisi pour diriger Destination finale : Bloodlines. Un sixième film qui reprend les fondamentaux de la saga (tension constante, morts inventives, une touche d’ironie) et promet son lot de décès spectaculaires.

39,99€
47,79€
Voir sur Fnac.com

À lire aussi

Decouvrez cette série

Article rédigé par
Thomas Chouanière
Thomas Chouanière
Journaliste
Sélection de produits