Entretien

Clara Luciani revient sur son nouvel album, « Mon Sang »

15 novembre 2024
Par Benoît Gaboriaud
Clara Luciani revient sur son nouvel album, "Mon Sang"
©Thomas Cristiani

En cette fin d’année, Clara Luciani revient dans les bacs et fait son entrée au cinéma, une actualité qui témoigne d’une vitalité contagieuse, catalysée par la naissance de son fils. Cette énergie constitue l’ingrédient principal de « Mon sang », un concentré de tubes mêlant chanson française 60’s, disco et rock anglo-saxon, le tout saupoudré de juste ce qu’il faut de mélancolie. Entretien.

Après Sainte Victoire (2018) et Cœur (2021), deux disques quadruples platine, Clara Luciani dévoile Mon sang, un album à son image : hypersensible. Elle le défendra sur scène à partir du 18 janvier 2025, partout en France. Comme pour nous faire patienter, la star nous invite à la voir chanter au cinéma, à partir du 25 décembre 2024, dans Joli Joli, une comédie musicale revigorante, signée Diastème. 

Votre troisième album s’intitule Mon sang, le vôtre, mais aussi celui de vos parents ou de votre fils. En est-il la colonne vertébrale ?

Mon idée première était d’y parler des liens familiaux, mais aussi amoureux ou amicaux, qui se font et qui se défont au cours de la vie, et qui nous définissent. Durant ma grossesse, que j’ai totalement consacrée à l’écriture de cet album, j’ai remonté le fil rouge de mon existence, jusqu’à ma mère, ma grand-mère et la sienne. Ainsi, j’ai pu mieux comprendre d’où je venais et qui j’étais, pour ensuite le raconter à mon fils qui arrivait.

Dans le premier single, Tout pour moi, vous déclarez votre flamme à cet enfant qui arrive, mais pas seulement…

Je trouve ça très beau que les gens l’associent à mon enfant, et bien sûr qu’on peut y voir un lien. C’est une des explications possibles du texte, mais pas la seule. Tout pour moi résonne comme une déclaration d’amour criée au monde. Il peut s’agir de n’importe quel grand amour. Les mots “infiniment petit” font davantage allusion à notre petitesse face à l’immensité des sentiments qui nous animent, plus qu’à un bébé !

D’émotions, cet album en regorge. Vous définiriez-vous comme une hypersensible ?

Oh que oui ! J’ai quitté la vingtaine, donc je crains que ce soit un élément qui me définisse. J’en ai fait le terreau de mes chansons. Pour une artiste, c’est presque un atout, mais ça a été aussi pénible à gérer, d’autant que j’ai la larme très facile. Il y a plein de moments où je voudrais ne rien laisser paraître, cacher mes émotions, mais mon corps me trahit. La musique m’a quand même aidée à les canaliser.

Dans la chanson Allez, telle une mise en abyme, vous vous adressez à la jeune femme que vous étiez, celle qui se lançait dans la musique. Quels souvenirs gardez-vous de cette époque ?

J’y repense avec nostalgie, car tout était possible. J’avais 19 ans, je débarquais de ma province à Paris. J’habitais dans une chambre de bonne et, pour autant, j’étais la reine du monde. Je me chantais que désormais tout pouvait arriver, comme pour me persuader que ça allait marcher.

Il est question dans cet album de Chagrin d’ami, un sujet qui vous tient à cœur.

Je trouve qu’on les sous-estime. On les prend moins au sérieux que ceux d’amour, alors qu’ils font tout aussi mal, si ce n’est plus, en ce qui me concerne. J’avais besoin de rétablir cette vérité.

L’album se termine par Forget me not, un duo avec le crooner canado-américain Rufus Wainwright. Comment cette rencontre s’est-elle déroulée ?

Je l’écoutais depuis très longtemps, j’admirais sa voix sans le connaître personnellement. Cette chanson est une carte postale qui traite des amours à distance. Il fallait donc que j’aille chercher un chanteur géographiquement très éloigné de moi, en l’occurrence au Canada. Je lui ai écrit beaucoup de messages sur Instagram, mais il ne les a jamais lus, car je ne suis pas la seule à le suivre [Rires]. Finalement, Woodkid, un ami commun, nous a mis en relation et il a répondu tout de suite favorablement.

En attendant la tournée en 2025, nous pourrons vous voir chanter au cinéma dans la comédie musicale Joli joli de Diastème. Pour une fan comme vous des films de Jacques Demy, c’était un rêve ?

Oui ! Je suis fan des Demoiselles de Rochefort (1967) depuis que j’ai 8 ans. En plus, le fait que ce soit Alex Beaupain, que j’aime énormément, qui ait écrit les chansons m’a totalement mise en confiance. Jouer la comédie était pour moi complètement nouveau, mais j’étais très à l’aise sur le tournage, probablement aussi parce que je chante la moitié du temps. Ça m’a facilité la tâche.

L’action se déroule en 1977. J’incarne une star montante du cinéma français qui rencontre dans un bar un écrivain un peu raté. Il n’a aucune idée de qui je suis, et cela me touche particulièrement. Étant très médiatisée, je suis séduite par cette idée de commencer une relation à “égalité”. On tombe amoureux, on se perd, on se retrouve… Il y a un côté Feydeau. C’est un feel good movie, un bonbon de Noël.

Seriez-vous tentée d’écrire vous-même une comédie musicale ?

Je ne sais pas si j’en serais capable. Alex Beaupain a un don pour ça. Moi, j’écris des disques et j’aime la scène. Je ne sais pas où je trouverais le temps, mais j’adorerais essayer !

Entre la production du disque, le tournage du film et votre toute nouvelle vie de famille, avez-vous pris le temps d’écouter un peu de musique ?

Oui ! J’aime beaucoup Romance, le dernier album des Fontaines D.C. et Dix Chansons démodées pour ceux qui ont le cœur abimé, le prochain disque de Pierre Lapointe, qui sortira en janvier 2025. Il m’a offert le vinyle et, depuis, je l’écoute en boucle.

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