Décryptage

70 ans de la Fnac : l’histoire de l’action culturelle, des galeries photos au Fnac Live

06 août 2022
Par Milan Lebas
70 ans de la Fnac : l'histoire de l'action culturelle, des galeries photos au Fnac Live
©Fnac

Pour célébrer les 70 ans de la Fnac, nous vous invitons à un petit voyage à travers l’histoire de l’enseigne et de ses différentes spécificités. L’occasion de revenir sur le rapport entre l’entreprise et la culture : galeries photos, prix littéraires, événements en magasins, Fnac Live… On n’a pas fini de vous faire découvrir de nouveaux talents.

La Fnac a toujours œuvré pour la démocratisation de la culture et sa diversité. Cet engagement envers vous s’est traduit par la création de galeries photos, l’organisation d’événements culturels en accès libre (Fnac Live), de rencontres gratuites en magasin (1 400 en 2023 !), le lancement de prix littéraires (Goncourt des Lycéens, Prix du Roman Fnac…). Avec un mot d’ordre : créer des ponts entre les disciplines, les artistes et… vous, le public !

La culture avec un grand C

Choix prémonitoire ? Lorsque Max Théret et André Essel hésitent sur le nom de leur fédération en 1954, les trois seules lettres garanties sont le F (fédération donc), le N (nationale) et le A (achat). Après une hésitation sur FNGA (Fédération nationale de groupement d’achat), ils pensent finalement opter pour FNA, mais l’acronyme ne claque pas assez. « Fnac, comme Kodak ! », propose alors Théret. Le C se rattache seulement au A car il s’agit de la deuxième lettre d’Achat, mais il se transformera en Cadres une fois le profil d’adhérents ciblé.

Premier magasin Fnac

Le rez-de-chaussée du 6 boulevard Sébastopol, à Paris, accueillait le Photo-Ciné-Club de la Fnac dès 1957.

Très vite pourtant, ce C semble définir parfaitement l’identité de l’enseigne à travers un tryptique clair : commerce, consumérisme… et culture ! Pas prévue au départ, cette dernière est entrée à la Fnac par la petite porte avec les séances du Photo-Ciné-Club du boulevard Sébastopol, où les amateurs de photographie étaient formés et conseillés sur leurs prises de vue. Essel expliqua lui-même qu’il « était interdit de parler commerce. Nos discussions ne concernaient que l’art. »

Les clients ont oublié que la première librairie Fnac n’a ouvert qu’en 1974 à Montparnasse, tant la culture s’est établie comme l’un des traits de personnalité fondamentaux de la marque. Comment expliquer une telle place de l’art au sein d’une enseigne de distribution ? Probablement en raison des croisades les plus symboliques de l’entreprise à l’époque d’Essel et Théret, toujours menées sur ce terrain : la lutte contre la Loi Lang et le prix unique du livre mis en place en 1981, la baisse de la TVA sur les disques…

Max Théret avec un appareil photo

Max Théret, l’un des co-fondateurs de la Fnac, était passionné de photographie.

Le soutien au lancement de l’association ALPHA (« Arts et loisirs pour les hommes d’aujourd’hui« ), destinée à promouvoir le monde spectacle (et qui deviendra la billetterie Fnac quelques années plus tard), la mise en place de nombreux Forums de discussion et de rencontres dans ses magasins… Autant de preuves que la Fnac a vite compris le rôle essentiel qu’elle pouvait jouer dans le domaine de l’accès à la culture.

La photographie comme fer de lance

Mais quel art promouvoir ? C’est d’abord la photographie, passion commune des deux fondateurs, qui a mis sur les rails la politique culturelle de la Fnac. Les expositions au sein des premiers magasins dès 1966 et les concours fleurissent, infusant au sein de l’entreprise et des consommateurs une identité artistique certaine. Le grand concours « C’était Paris en 70 » demande aux photographes amateurs d’immortaliser la ville. La capitale est divisée en 1 800 carrés de 0,625 km², et un tirage au sort attribue à chaque candidat un pré-carré. C’est un immense succès : 10 000 inscriptions, plus de 100 000 photos remises ensuite à la Bibliothèque historique de la ville de Paris.

Au cours de la décennie 70, la photo prend encore plus son essor au sein de l’entreprise, tandis qu’une génération de jeunes photo-reporters (souvent français) impose un regard neuf sur l’actualité (on pense notamment à Gilles Caron ou Raymond Depardon). La Fnac croit en la puissance de la photographie comme art, et expose plus de 300 photographes au sein de ses galeries. Brassaï, David Hamilton, Willy Ronis, Edouard Boubat, Marc Riboud… autant de grands noms qui profitent de ces expositions pour présenter leurs oeuvres au grand public et gagner (ou confirmer) leur notoriété.

Brassaï. Collection photo Fnac©Estate Brassaï Succession

Brassaï. Collection photo Fnac ©Estate Brassaï Succession.

Ces galeries et ces expositions partout en France sont souvent suivies de publications et les directeurs artistiques de talent se succèdent pour renouveler sans cesse l’expérience des visiteurs (Gil Mijangos, Fançois Hébel, Laura Serani…). L’entreprise décide également de lancer sa Collection à partir de 1978, pour soutenir les artistes en leur achetant des oeuvres, que l’enseigne fait ensuite vivre à travers de nombreuses expositions.

William Klein. Collection photo Fnac©William Klein Estate

William Klein. Collection photo Fnac ©William Klein Estate.

Aujourd’hui, cette Collection Fnac recèle plus de 1 800 oeuvres uniques des plus grands photographes du 20e siècle (Robert Capa, William Klein, Henry Clarke, Man Ray…), confiées pour conservation au musée Nicéphore Niépce de Chalon-sur-Saône en 2014. L’ouvrage Regards, qui vient de paraître sous la direction de Quentin Bajac, en réunit plus 250. Et vous pourrez profiter de plusieurs de ces photographies tout au long de l’année lors d’une série d’expositions, dont la première au Salon de la Photo à Paris en octobre.

Henry Clarke. Collection photo Fnac©Palais Galliera, Paris, ADAGP, 2024

Henry Clarke. Collection photo Fnac ©Palais Galliera, Paris, ADAGP, 2024.

Les magasins, lieux de rencontres culturelles

Cécile Trunet-Favre, Directrice de la communication et des affaires publiques du groupe Fnac Darty, a notamment en charge toute la stratégie d’action culturelle de l’entreprise. Elle explique cette volonté, dès le début du projet Fnac, d’accompagner les évolutions sociétales à travers un engagement sans faille pour la culture.

« L’idée est de témoigner du monde, de la société et des tendances culturelles. La Fnac a initié ce mouvement avec la photographie et poursuivi par la suite avec d’autres disciplines artistiques, le livre, la musique, la bande dessinée… Très tôt la Fnac a compris la portée de la BD, ce nouveau genre, populaire, qui pouvait amener de nouveaux lecteurs et l’a placé dans ses rayons littérature, ce qui n’a pas toujours été perçu positivement. La Fnac a compris la place de cette expression artistique comme elle l’avait compris avec la photographie : elle avait senti, avant tout le monde, l’immense phénomène que cela allait devenir. »

Le réceptacle naturel à cette expression artistique et aux discussions qui l’entourent ne pouvait être que les magasins. Dès 1970, la Fnac inaugure les « vendredis de la Fnac Etoile », animés par le journaliste Jacques Paoli. Les adhérents peuvent ainsi assister à des rencontres entre tous ceux qui font l’actualité de l’époque : acteurs, réalisateurs, chanteurs, journalistes, photographes… De Jacques Brel à Raymond Depardon, en passant par Maria Callas, Jean-Pierre Mocky, Jean-Louis Barrault, Raymond Devos, le public a la chance de suivre ces discussions en live et peut même interpeler ceux qui semblaient jusqu’alors inacessibles, seulement présents à la radio ou la télévision.

Venue en magasin Charles Aznavour

Annonce pour une séance de dédicaces de Charles Aznavour à la Fnac Etoile, en décembre 1994.

Cette tradition perdurera à l’ouverture de la librairie de la Fnac Montparnasse en 1974, avec les mercredis des critiques littéraires, animés par Bernard Pivot avant même qu’il lance sa célère émission Apostrophe ! Ces rencontres critiques se déroulent dans un auditorium neuf, conçu pour ce genre d’événements avec 120 places. Le succès est tel que ce même lieu est ouvert chaque soir pour laisser place à d’autres débats culturels enflammés : théâtre le jeudi, BD ou actualité le vendredi.

Bernard Pivot Apostrophes AFP

Un an avant les débuts d’Apostrophes, Bernard Pivot animait les mercredis des critiques littéraires à l’auditorium de la Fnac Montparnasse (ici avec Alexandre Soljenitsyne lors de son émission). ©Michele Bancilhon pour l’AFP. 

S’en suivent dès 1977 les « Studios de la musique », des concerts en petit comité d’artistes émergents de la chanson française parmi lesquels Alain Souchon, Francis Cabrel ou encore Renaud.

L’habitude de faire des magasins des lieux de rencontres entre les artistes et le public est toujours aussi présente dans la stratégie culturelle de l’enseigne et fait partie de l’ADN Fnac. Dédicaces, showcase, lectures en avant-première, discussions, débats… Vous pouvez retrouver tous ces événements Fnac dans notre agenda. En 2023, près de 7 000 événements gratuits ont été ainsi organisés dans les magasins Fnac en France et à l’international, pour poursuivre cette mission de démocratisation de la culture.

L’importance des prix littéraires

Un autre volet d’engagement culturel de la Fnac est apparu à la fin des années 1980 et semblait tout naturel pour le premier libraire de France : l’investissement dans les prix littéraires. En 1988, pendant que le jury du Prix Goncourt annonce solennellement Chez Drouant l’heureux lauréat, dix lycéens rennais qui ont lu la même sélection que leurs aînés désignent L’Exposition coloniale, d’Erik Orsenna, comme leur ouvrage préféré. Le Goncourt des Lycéens est né, à l’initiative de la Fnac et du Ministère de l’éducation nationale, de la jeunesse et des sports. Chaque année, des classes de niveau secondaire sont impliquées dans ce prix qui a réuni 2 000 élèves en 2023.

Goncourt des lycéens 1996

En 2002, la Fnac passe un cap supplémentaire en lançant son propre prix littéraire, le Prix du roman Fnac. Premier prix de la rentrée littéraire, il ouvre le bal des distinctions en récompensant chaque année un roman par l’intermédiaire de son jury composé de 400 libraires et 400 adhérents Fnac. En plus de la mise en avant de l’heureux élu, la sélection Fnac de 30 romans pouvant prétendre à cette récompense donne aux clients de l’enseigne une tendance des ouvrages les plus intéressants parmi la multitude de références proposées lors de la rentrée littéraire.

Prix du Roman Fnac 2024

Le Prix du Roman Fnac 2024 a été remis à Marie Vingtras pour son roman « Les âmes féroces » (ici en présence, de gauche à droite, du journaliste Julien Bisson, de Jean-Baptiste Andrea, lauréat du Prix en 2023, et du PDG de la Fnac Enrique Martinez).

Pour finir, le Prix BD Fnac (en partenariat avec France Inter depuis 2019) récompense un genre trop longtemps laissé de côté mais que la Fnac a toujours mis en avant, la bande dessinée. Elu par des journalistes et des libraires Fnac, ce Prix récompense l’album BD de l’année, parmi les 5 bandes dessinées finalistes préalablement sélectionnées par un jury grand public, sur la base des 20 albums coups de cœur de l’année des libraires Fnac.

Le Fnac Live et le Prix Joséphine, l’engagement musical

Une autre mission fondamentale qu’a très vite identifié la Fnac lorsqu’elle est devenue premier disquaire de France est le soutien aux talents émergents. Passage obligé pour de nombreux artistes reconnus, l’entreprise a toujours été aux côtés des auteurs, musiciens et dessinateurs émergeants. Au sein de ses différentes manifestations culturelles, la Fnac a toujours accordé une place significative aux artistes en devenir. En lançant son festival Fnac Live en 2011, l’entreprise s’est payée (avec un investissement conséquent) un beau coup marketing, mais surtout une superbe plateforme pour mettre en avant son engagement pour la scène musicale française.

La Fnac a investi l’une des places les plus emblématiques de Paris, celle de l’Hôtel de Ville. Cette salle de concert à ciel ouvert en plein cœur de la capitale a fait de ce festival l’événement culturel gratuit incontournable de la saison estivale. Le public (plus de 100 000 personnes sur plusieurs soirées depuis quelques années) peut y voir les artistes les plus en vogue du moment, mais aussi toute une sélection de talents émergents que la Fnac veut pousser.

Fnac_2023_020907 Sarah Bastin

Depuis 2022, la Fnac se tient également aux côtés du Prix Joséphine des jeunes artistes afin de donner un coup de projecteur sur les musiques actuelles et favoriser l’éclosion d’artistes de tous horizons.

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Article rédigé par
Milan Lebas
Milan Lebas
Conseiller fnac.com high tech et jeux vidéo
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