Entretien

Rencontre avec Lord Esperanza : « Un besoin de revenir à des textes plus vulnérables »

04 avril 2023
Par Christophe Augros
Rencontre avec Lord Esperanza : "Un besoin de revenir à des textes plus vulnérables"

Lord Esperanza revient le 7 avril avec un deuxième album intitulé Phoenix. Plus apaisé, plus mature, l’artiste semble renaître de ses cendres. Une écriture précise pour un contenu introspectif en 15 titres. Rencontre.

Pourquoi ce besoin de renaître ? Pourquoi une rupture avec le passé ?

Lord Esperanza : J’ai ressenti le besoin de créer une nouvelle direction artistique et un nouveau départ car j’avais commencé la musique très jeune. Je ne me reconnaissais plus vraiment dans ce que je faisais.

Je pense que j’avais trouvé une zone de confort, et j’ai voulu la questionner. C’est aussi dû au fait que j’ai sorti mon premier album assez rapidement, avec beaucoup d’attente de la part du label sans vraiment prendre le temps de le faire. Je me suis rendu compte que faire de la musique, à la hauteur de ses ambitions, demande du temps.

Lord Esperanza - 1

Pourquoi avoir choisi Nino Vella pour la réal ? Pouvez-vous nous parler un peu du reste de l’équipe sur cet album ?

L.E. : Nino Vella a fait bien plus que la réalisation du disque, il l’a aussi en grande partie composé et arrangé. On s’est rencontré sur une chanson que l’on a fait pour Patrick Bruel, Le Fil, et ça a tout de suite été un coup de cœur amical. On s’est retrouvés quelques mois plus tard, en studio, pour un deuxième morceau, avec mes idoles de jeunesse, Lefa & Maska de la Sexion d’Assaut. Deux signes aussi forts en seulement deux chansons m’ont confirmé qu’il s’agissait d’une rencontre rare dans une vie et que je voulais lui confier l’intégralité de l’album.

Pour le reste des compositeurs, il s’agit surtout de mon entourage proche mais aussi de nouveaux musiciens, comme Lilian Mille, ou Léon Deutschmann, qui a notamment travaillé pour Mylène Farmer

Lefa, comme évoqué plus haut, est l’un des artistes que j’ai le plus écouté dans mon adolescence, et qui m’a donné envie de faire de la musique et de m’amuser avec les mots. 

Nemir, tout pareil, j’ai des souvenirs de chanter intégralement ses couplets à l’âge de 12/13 ans, j’aime beaucoup la dimension mélodieuse de sa voix, comme un soleil permanent. Medine, j’ai eu la chance de le rencontrer lors d’un séminaire d’artistes, et j’ai tout de suite renoué avec la dimension politique et engagé de ses textes.

Lord esperanza

Ces 15 titres sont très denses au niveau des textes. La plupart du temps, est-ce autobiographique ?

L.E. : Oui, tous les morceaux sont autobiographiques ! Comme un besoin de revenir à des textes plus vulnérables, moins camouflés derrière l’armure de l’ego trip et tenter de raconter des histoires personnelles pour qu’elles raisonnent dans le cœur des gens. 

Pas mal de piano sur l’album. Un instrument que vous affectionnez particulièrement ?

L.E. : C’est vraiment l’instrument principal de Nino, dans lequel il excelle, donc c’était assez naturel, et c’est un bon moyen de construire une chanson sans arrangement ni fioriture. Si la chanson marche en piano voix, elle devrait marcher avec des arrangements. C’est un bon moyen de savoir, plutôt que de se camoufler derrière beaucoup de pistes en production, si la chanson est efficace.

Pour vous, le rap, c’est avant tout un bon texte ?

L.E. : Oui, évidemment, ça part des mots, mais les nouvelles générations qui s’affranchissent nous prouvent qu’une bonne ambiance et une instru efficace peuvent tout autant nous faire voyager.

Parfois, vous êtes proche du gospel. Je pense à Caméléon. Le gospel fait-il partie de votre culture musicale ?

L.E. : Plus que le gospel, j’aime la dimension orchestrale. Je trouve qu’il y a une urgence dans l’épique ! J’aime bien le côté grandiloquent, j’ai l’impression que même si on n’apprécie pas forcément l’œuvre, on ressentira tout de même une émotion, et je crois que c’est le plus bel objectif qui soit.

Vous avez passé beaucoup de temps à vous demander si vous alliez rapper : pourquoi ? Quels étaient vos doutes ?

L.E. : Si on parle de légitimité à l’époque, j’ai simplement essayé de faire le plus d’open mics pour apprendre à mieux comprendre cet univers qui me passionnait. Dans cet album, je m’en suis volontairement écarté car même si j’apprécie toujours jouer avec les mots, je trouve ça redondant sur un format album. Je trouve qu’une chanson mélodique vieillira peut-être mieux… 

Plus de confiance désormais ?

L.E. : La confiance nécessite un équilibre subtil qui nous accompagne parfois dans les moments de doute comme dans les moments d’euphorie. Je suis encore loin d’avoir trouvé le remède. Cependant, je crois que le doute et la remise en question permettent aussi de s’autodépasser. 

Qui sont les artistes qui vous ont donné envie de devenir un rappeur ?

L.E. : Comme je le disais dans ma deuxième réponse, les feats présentes sur l’album font notamment partie des artistes qui m’ont inspiré, mais la liste est longue : Stromae, Woodkid, Rosalia, James Blake, Sevdaliza, Sophie, Amy Whinehouse, les Beatles, Billie Eilish, et bien d’autres… Pour ne parler que de musique, car l’inspiration est présente partout ! Merci pour cette interview. À toi lecteur.trice qui passe par ici, j’espère que mon nouvel album Phœnix te plaira, on joue à Trianon le 16 décembre pour fêter ça !

Lord Esperanza - 1

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Article rédigé par
Christophe Augros
Christophe Augros
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