Ces personnages ont changé l’image de la femme au cinéma. Elles ont marqué les esprits par leur singularité, leur courage, ou encore leur charisme. Voici une sélection d’héroïnes qui vous fera sûrement réviser vos classiques.
Princesse Leia Organa
Héraut de la Résistance face aux oppressions de l’Empire, la Princesse Leia Organa est l’âme de la Trilogie originale de Star Wars. Inspirée de la Yuki de La Forteresse cachée de Kurosawa, Leia impressionne en 1977 en popularisant l’image de la femme commandante, alliant le fer du leadership et le courage physique. Ses tentations d’ego parent le danger d’en faire une Mary Sue. Héroïne complète, qui illumine autant la Trilogie que la Postlogie, Leia Organa a pavé le chemin des grandes héroïnes occidentales de genre pour les décennies à venir. L’une des plus belles créations de George Lucas et le rôle d’une vie pour Carrie Fisher.
Ellen Ripley
La lieutenante du Nostromo, Ellen Ripley, n’est pas seulement la final girl du film horrifique culte réalisé par Ridley Scott, elle a apporté une présence physique massive alors proprement inédite dans le cinéma de genre et d’action. Dans la saga Alien, elle impressionne par son survivalisme à toute épreuve, sa force et son ingéniosité. Son allure androgyne a également repensé les corps féminins du cinéma d’action. Création aboutie de Dan O’Bannon et Ronald Shusett, Ellen Ripley a popularisé l’héroïne moderne du cinéma occidental contemporain, en bonne partie grâce à l’interprétation habitée de Sigourney Weaver.
Clarice Sterling
Roman d’initiation pervers et sanglant, l’apprentissage de Clarice Sterling au sein du FBI a fait d’elle une des héroïnes de fiction les plus influentes. Dans Le Silence des agneaux de Jonathan Demme, elle suit un instructif mais terrifiant cours pratique en accéléré au contact d’un involontaire mentor : le serial killer cannibale Hannibal Lecter. Ce faisant, la création de Thomas Harris, brillamment transposée à l’écran par Ted Tally, a ouvert la voie à la working girl moderne d’une manière brutale, honnête et satisfaisante. Précurseure de l’effet Scully, Clarice Sterling continue d’être une inspiration pour de nombreuses jeunes femmes. L’interprétation tout en nuances de Jodie Foster lui doit beaucoup.
Louise Sawyer
L’indépendance est une lutte chèrement acquise, Thelma et Louise en est une cinglante démonstration. Poursuivie par des hommes violents et ne trouvant refuge que dans la splendide amitié qu’elle a forgé avec Thelma, Louise Sawyer se fait la porte-parole d’un éclatant et lumineux désir de liberté au cours de ce road-movie réalisé par Ridley Scott. Créée par l’imagination militante de Callie Khouri et ayant pris chair grâce au brio de Susan Sarandon, Louise Sawyer n’a pas fini d’inspirer.
Catherine Tramell
Sphinx d’ambiguïté, Catherine Tramell prend un malin plaisir à mystifier la police enquêtant sur des crimes qu’elle pourrait avoir commis dans Basic Instinct de Paul Verhoeven. Plongeant Nick Curran dans un tourbillon sexuel vénéneux et étouffant, la diabolique création du scénariste Joe Eszterhas pose les jalons du thriller érotique et rénove la figure de la femme fatale, utilisant autant son corps que les ressources de son cerveau ingénieux. Rôle taillé sur mesure pour Sharon Stone.
Jackie Brown
Croisement de l’écriture « dur à cuire » d’Elmore Leonard et de cet amoureux de la blaxploitation qu’est Quentin Tarantino, Jackie Brown se passe de la lettre bourrine du genre pour en retirer l’esprit. Femme de tête sachant alternativement laisser ses ennemis s’entretuer et passer à l’action au moment idoine, l’héroïne utilise davantage son sang-froid et son sens de la stratégie pour se sortir d’un labyrinthe de complots. Jackie Brown modernise la blaxploitation et fait entrer les héroïnes badass non blanches au cinéma à Hollywood. Pam Grier décroche ainsi un de ses plus beaux rôles.
Princesse Mononoké
Gardienne de la Forêt face à la folie écocide des hommes, la Princesse Mononoké est l’une des plus abouties créations d’Hayao Miyazaki. Symbole écologique évident et métaphore d’un retour salutaire au respect de la Nature, le film Princesse Mononoké frappe par son héroïne amère, sombre, vengeresse, d’une maturité et d’un désespoir peu égalés dans le genre. Dans son lien ambivalent à l’humanité personnalisé par Ashitaka, San alias Mononoké exprime toute la puissance du côté féminin de la Nature et devient l’une des plus impressionnantes héroïnes cinématographiques.
Trinity
Maîtrise totale des arts martiaux et des armes de poing, tenue de cuir, feu sous la glace, Trinity a joué bonne part dans l’ambition synthétique de Matrix de faire un point sur la culture cyberpunk-action. Hackeuse prodige, le personnage de Carrie-Anne Moss est autant un mentor de l’Elu qu’une agente ne vivant que pour défendre les humains face à la guerre des Machines. Grâce à Lilly et Lana Wachowski, et malgré un syndrome peu flatteur à son nom, Trinity a lancé une nouvelle direction dans la performativité efficace des héroïnes d’action.
Black Mamba
Furiosa
Dans l’immense tour de manège d’action piloté par George Miller, Furiosa est sans doute l’attraction-maître de Mad Max : Fury Road. Adoptant une imagerie punk et une vitalité physique hors du commun, Furiosa, en alliance avec Max Rockatansky, est prête à tout pour changer d’allégeance et libérer un peuple d’une dictature impitoyable. Mutique, d’une sombre détermination, avec une Charlize Theron donnant tout ce qu’elle a, Furiosa est bien l’un des plus grands triomphes de la figure d’action au féminin. Elle est à l’origine de scènes d’action parmi les plus impressionnantes du cinéma.
Erin Brockovich
Dans Erin Brockovich, seule contre tous, Steven Soderbergh met en scène Julia Roberts en tant qu’Erin, dans un long-métrage inspiré de faits réels. Erin est femme au foyer, mère célibataire et en recherche d’emploi… Rien pour nous faire rêver, a priori. Seulement, son tempérament d’héroïne fait basculer son destin. Julia lui offre un charme rayonnant, une allure pleine d’assurance et de glam (malgré le kitsch, on aime !) et un humour bien placé. C’est alors un personnage féminin fort que nous découvrons, capable d’assumer son quotidien exigeant entre famille et vie professionnelle, entre manque de moyens et dignité. Une femme débrouillarde qui n’a pas froid aux yeux, prête à se lancer dans un nouveau projet prenant qu’elle découvre elle-même avant de le défendre avec courage. Une femme au mental d’acier, à l’aura solaire et chaleureuse, voilà ce qui relève d’une vraie héroïne du quotidien !
Scarlett O’Hara
Scarlett O’Hara est d’abord le personnage principal du roman de Margaret Mitchell Autant en Emporte le Vent, puis de son adaptation au cinéma par Victor Fleming où elle est interprétée par Vivien Leigh. Jeune fille issue d’une famille de riches propriétaires de plantations, sa vie bascule durant la guerre de Sécession. Entre des moments impressionnants où elle parvient à assurer son confort matériel coûte que coûte et d’autres où elle nous montre la cruauté de cette époque et les moyens peu éthiques qu’elle utilise pour parvenir à ses fins, elle est un personnage ambigu. Si elle peut nous intriguer tout en nous irritant et qu’on se souvient de cette femme étrange comme de l’icone féminine de l’opportunisme américain, c’est qu’elle mérite, au moins, un décryptage.