Décryptage

Histoire de label : Roadrunner Records

06 juillet 2022
Par Mathieu M.
Histoire de label : Roadrunner Records

Créé aux Pays-Bas avant de devenir une firme internationale, Roadrunner Records incarne l’évolution du métal entre les années 1980 et 1990. La maison de disques a en effet d’abord soutenu les artistes les plus extrêmes avant d’accompagner un son plus populaire au cours des nineties, remportant un grand succès avec Sepultura, Slipknot et Fear Factory. Retour sur leur histoire.

Le début de l’aventure Roadrunner Records en Europe

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C’est en 1980 qu’une bande de fans de hard rock et metal décident de lancer un bureau d’import/export sans prétention, dédié à la découverte de groupes américains en Europe. Roadrunner Records, par le biais de son fondateur Cees Wessels, développe la vente de références issues des pionniers du speed et du thrash.

En 1986, la petite structure ouvre son antenne de New York et étend son travail à la découverte et à la production de groupes. Les signatures démontrent que l’entreprise souhaite donner sa chance à toutes les chapelles : après avoir distribué Metallica (en Europe) à leurs débuts, ils engagent Mercyful Fate, plutôt axé black gothique, puis leur vocaliste, l’étonnant King Diamond qui sera à l’origine d’un des premiers succès mondiaux de Roadrunner. Parallèlement, les managers et notamment l’homme fort du développement des artistes maison, Monte Conner, se tournent vers des formations extrêmes et expérimentales. Parmi eux : Obituary, Pestilence, Annihilator, Death, mais aussi l’un des symboles du metal des années 1990 : Sepultura.

Roadrunner Records : de Sepultura à Slipknot

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Aux frontières du death et du thrash, Sepultura publie un premier classique chez Roadrunner Records en 1989 : Beneath the Remains. La formation brésilienne apporte au label une véritable aura internationale. Notamment avec Chaos A.D. (1993) et Roots (1996), la bande de Max et Igor Cavalera devient médiatiquement l’une des figures de la scène métal. La reconnaissance du savoir-faire du label et de ses producteurs (comme Ross Robinson par exemple) intéresse de nombreux artistes, qui vont contribuer à faire du « son Sepultura et Roadrunner » l’un des emblèmes des années 1990.

Ainsi, toute une scène va s’agréger autour du label, qui va privilégier une approche rentre-dedans mais accessible du metal plutôt que développer des spécificités extrêmes. Plus question pour Roadrunner d’être vu comme le label hollandais spécialisé des origines : avec de gros moyens, des formations comme Machine Head (qui y sort le chef-d’œuvre Burn My Eyes), puis Fear Factory (Demanufacture) ou Coal Chamber goûtent véritablement au « son américain », ample et commercial, qu’a perfectionné le label.

A la fin de la décennie, la maison produit aux Etats-Unis l’un des projets les plus rassembleurs du metal : Slipknot. La formation de Des Moines (Iowa) mêle le chant growl du death, le côte électro/DJ du Nu-metal, les déguisements du glam, les percussions de l’indus. Slipknot, Iowa, et Vol.3 : The Subliminal Verses deviendront les plus grosses ventes de Roadrunner Records à cette époque.

En parallèle, la maison de disqueq suit la carrière de Sepultura. Outre la production du duo Nailbomb formé par les frères Cavalera ou de Cavalera Conspiracy, elle accompagne Max dans la création de Soulfly, une version nu-metal des légendes brésiliennes qui fait sensation au début des années 2000.

Un déclin relatif

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Réuni à la major Warner à la fin des années 2000, Roadrunner Records n’a pas eu le même rôle qu’auparavant dans l’industrie du metal. Elle a toutefois réalisé de très bons coups comme le recrutement des pionniers du metalcore Killswitch Engage, des glam punk de Creeper ou le partenariat avec les Français de Gojira qui y ont publié leur dernier album en date, l’excellent Fortitude.

Mais ce sont par ses rééditions que le label contribue le plus à l’actualité du metal. Disposant d’un catalogue particulièrement riche en références des eighties et nineties, Roadrunner Records peut s’enorgueillir d’archives allant d’Ill Nino à Type O Negative, de Glassjaw à Nickelback en passant par les side-projects de Slipknot, comme Murderdolls ou Stone Sour. Grâce à un son à part et une ambition nouvelle, le label de spécialiste a su progressivement se réinventer, étant aujourd’hui le symbole de cette génération des Sepultura et autres Machine Head qui ont démocratisé le metal extrême au début des nineties !

Article rédigé par
Mathieu M.
Mathieu M.
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