Grossir le ciel de Franck Bouysse : polar rural

Grossir le ciel

Le coup de cœur de Marie-Pierre T. (Issy-les-Moulineaux)

Au coeur des Cévennes

Au lieu dit Les Doges, au fin fond des Cévennes, vit Gus, paysan solitaire et taiseux âgé d’une cinquantaine d’années qui a pour fidèle compagnon son chien Mars. Il passe ses journées à s’occuper de ses vaches et à entretenir la ferme. A quelques centaines de mètres, Abel vit également dans sa ferme et mène une vie identique. Ces deux-là se côtoient régulièrement pour partager des verres de rouge ou pour donner un coup de main pour les travaux pénibles de la ferme. Avares de paroles, Gus et Abel vieillissent chacun de leur côté sans grande confidence ni révélation sur leur passé respectif pourtant trouble. Pourtant le jour de la mort de l’abbé Pierre, Gus voit son quotidien chamboulé. Des évènements étranges se produisent, il reçoit des visites inhabituelles et l’attitude de son voisin l’inquiète.

Noirceur et tendresse

Au fil des pages, la tension monte, faisant de Gus et Abel, ces deux paysans d’un temps révolu attachés à leur terre et qui finiront par mourir pour à leur tour venir grossir le ciel, des héros d’un quotidien rude fait de routine, de labeur et de solitude frappés par les mystères qui enveloppent leur passé. Franck Bouysse dépeint un milieu qu’il connait sur le bout des doigts et nous offre un polar rural d’un réalisme saisissant ; les dialogues entre les deux hommes sont d’une justesse incroyable.

Un roman noir qui parle aussi avec beaucoup de tendresse d’une campagne sublime où les vieux font office de sagesse et de mémoire.

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Paru le 6 janvier 2016 – 240 pages