Alors que la sortie du quatrième tome de La Saga du Soleil noir approche, le thriller ésotérique refait surface, grâce à la série signée Eric Giacometti et Jacques Ravenne, deux ténors du genre. A cette occasion, suivez-nous dans les arcanes de ce type de romans aussi haletants qu’efficaces.
L’Histoire, la première source du thriller ésotérique
Le premier roman signé d’Éric Giacometti et Jacques Ravenne, pour la saga du commissaire Antoine Marcas, adopte l’un des ingrédients fondamentaux du récit policier ésotérique : l’Histoire. Dans Le Rituel de l’ombre, les deux écrivains nous ont ainsi emmenés dans les méandres de la Seconde Guerre mondiale : les ruines de Berlin abritaient des dossiers confidentiels sur la franc-maçonnerie, des documents qui vont plus tard être au cœur d’une enquête sur un meurtre commis sur un frère à l’ambassade de France à Rome.
C’est un trait commun de nombre de romans policiers ésotériques : une investigation d’aujourd’hui nécessite de se plonger dans les archives, de connaître un mythe ancien, une société secrète prétendument disparue. Loin d’être une ficelle, ce trait donne de la saveur aux récits de ce type : les auteurs trouvent toujours un bon moyen pour parler de faits historiques réels ou supposés sans jamais paraître didactiques ou pontifiants.
Chez Giacometti et Ravenne, la série de romans mettant en scène le commissaire Antoine Marcas se nourrit de nombreux thèmes chers à l’ésotérisme occidental : la période de l’alchimie médiévale parisienne inspire Le Frère de sang, la Révolution française sert de cadre au Règne des Illuminati… Avec La Saga du Soleil Noir, dont on découvrira le quatrième tome, Résurrection, le 14 avril, les deux écrivains revisitent intégralement les années 1930-1940 sous l’angle de la lutte spirituelle entre Alliés et Nazis…
La matière historique est féconde : l’ésotérisme existe depuis des millénaires. Ainsi, chaque artefact sacré, chaque texte mystérieux, chaque personnage illustre ayant œuvré dans une société secrète peut servir de canevas à un roman policier : Dan Brown joue de l’ambivalence entre la réalité historique de la Bible et des théories rejetées par l’historiographie religieuse pour construire Da Vinci Code, dans lequel il prête aux Mérovingiens une ascendance avec le Christ, par exemple.
Le rituel : une manne pour le roman policier ésotérique
L’ésotérisme désigne tout ce qui exige une initiation pour être compris. Étymologiquement, cette notion renvoie à ce qui s’agite à l’intérieur, et se réserve aux seuls adeptes. Aussi, les sociétés ésotériques les plus complexes aussi bien que les couples maître-élève de toutes les pratiques secrètes définissent des rituels, pour que les initiés puissent se reconnaître entre eux et faire référence à l’enseignement qu’ils reçoivent.
Dès lors, les romanciers investissant le champ de l’ésotérisme ont beau jeu de reprendre les éléments les plus spectaculaires de ce type de procédé. L’Héritage des Templiers nous instruit ainsi sur les rites des chevaliers du Temple, dans le cadre d’une enquête moderne sur cette société du Moyen-Âge sur laquelle on a beaucoup fantasmé.
Autre tendance : prêter à l’ésotérisme des rites magiques et occultes plus que symboliques. C’est de cette façon que Karen Maitland nous présente sa Compagnie des menteurs. Le roman, s’inspirant de faits réels, nous plonge dans l’Angleterre de la Grande Peste, et nous montre l’ensemble des procédés de conjuration pour tenter de vaincre la maladie.
Le héros du polar ésotérique, un initié parmi d’autres
Les énigmes se déroulant dans des lieux clos et mystérieux ont aussi fait la joie des écrivains de romans ésotériques. Pour l’enquête, le choix d’un membre extérieur à une société secrète est indispensable : c’est à travers lui que le lecteur prend conscience de ce qui se trame à l’intérieur des murs de monastère ou d’abbaye. Le Nom de la rose, avec le cistercien Guillaume de Baskerville.
Bien entendu, les policiers deviennent souvent des personnages principaux des thrillers ésotériques. Mais certains ont eux-mêmes une expérience des pratiques initiatiques. Antoine Marcas est ainsi commissaire ET franc-maçon, ce qui lui permet de s’intéresser au profil étrange de certains suspects et de décoder les symboles occultes des crimes dont il a la charge.
Enfin il n’est pas rare que le héros soit un miroir de l’auteur, habitué à chercher symboles et sens secrets dans de vieux textes. Robert Langdon, que l’on connaît grâce au Da Vinci Code, à Anges et Démons ou à Inferno, est aussi professeur de symbologie à Harvard. Et selon l’aveu de son inventeur, il est tout ce que Dan Brown rêvait d’être !