Décryptage

Tout savoir sur la beat generation

01 septembre 2020
Par Lucas
Tout savoir sur la beat generation

Kerouac, Corso, Ginsberg, Burroughs… Quelques-uns des plus grands noms de la littérature américaine du XXe siècle appartiennent à ce qu’on appelle la Beat Generation. Un mouvement littéraire et existentiel en rupture avec les canons des années 1950, prêchant une vie dissolue, l’errance, la marginalité… Et un courant de pensée qui a eu une influence cruciale sur les arts et la postmodernité. Décryptage.

Les origines de la Beat Generation

La littérature américaine compte son lot d’écrivains ayant adopté la marginalité, de différentes manières. Une constante qui apparaît au fil du temps. Le XIXe siècle fut celui du rapport à la nature, exalté par Thoreau ou Whitman, la recherche d’une pureté que ne connaissait pas la société du progrès.

Puis vinrent, entre 1914 et 1939, les auteurs de la Lost Generation, qu’ils se nomment Hemingway, Ezra Pound, Gertrude Stein, Fitzgerald, et qui tous choisirent à un moment ou un autre de s’exiler, pour mieux dire l’horreur de la guerre ou la décadence morale de l’Amérique.

Juste avant la Beat Generation, un écrivain américain anticipa de quelques années le courant : Henry Miller. L’auteur de Tropique du Cancer et de la trilogie de la Crucifixion en Rose (Sexus, Plexus, Nexus) connut notamment une grande précarité lorsqu’il s’installa à Paris. Une période difficile qu’il narra dans un style autobiographique tout au long de son œuvre, dans une manière qui peut se rapprocher de ce que firent par la suite les membres de la Beat Generation.

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Un mode de vie marginal

Une existence chaotique, allant du voyage en autostop aux addictions à l’héroïne, se retrouve dans nombre de parcours des écrivains de la Beat Generation. Leurs trajets à travers les États-Unis leur permettent de rencontrer des êtres truculents, de fréquenter les milieux interlopes ou de connaître des expériences limites, loin de chez eux.

L’existence précaire et la nécessité de déplacement font le sel et l’authenticité de la littérature de la Beat Generation. Au-delà, cette marginalité les aide à lutter avec ce qui les révulse : le conformisme, le matérialisme, le productivisme et autre représentations idéologiques de l’American Way of Life.

Leur façon de vivre, partagée entre communauté et solitude extrême, et leur quête d’absolu, les éloignent des normes et fondent l’originalité des romans, récits, chroniques et poèmes laissés par ce courant.

Les origines de l’expression « Beat Generation »

C’est dans les colonnes du New York Times, en 1952, que naît le terme « beat generation », ou « génération battue », qui fait référence à l’expression « lost generation ». Le terme sert à désigner un ensemble de jeunes adultes paumés, nomades, qui deviennent sujets ou auteurs de chroniques et textes. Leur nom sera dérivé, six ans plus tard, pour trouver une étiquette aux individus appartenant à cette classe d’âge : les beatniks.

Outre la signification littérale de « beat », les exégètes du mouvement pense que l’expression renvoie à la quête d’absolu (ce pourrait être une abréviation de « beatific ») et évoque la pulsation rythmique d’un genre musical associé à ce courant : le jazz.

Le jazz et la Beat Generation

Le lien esthétique entre jazz et écrits de la Beat Generation est connu de longue date. L’inspiration de la Great Black Music transparaît en effet dans la dimension improvisée des poèmes et de certains textes en proses de Kerouac ou de Ginsberg.

En donnant une prépondérance au rythme des phrases, à la métrique poétique comme lieu de thèmes et de variations, les écrivains Beat, qui baignaient dans un âge d’or du jazz (entre bebop et hard bop), ont fait leur les avancées des grands musiciens de leur époque. Ils partageaient, du reste, une partie des mœurs dissolues du milieu jazz américain.

Poètes, écrivains et œuvres de la Beat Generation

S’il y a bien un écrivain qui symbolise la Beat Generation, c’est Jack Kerouac. En 1957, la publication de Sur la Route rend célèbre ce jeune surdoué, qui a arpenté les États-Unis de long en large, racontant l’errance, la vie des hobos et des camionneurs, en tâchant de trouver une nouvelle mystique à travers le vagabondage. Surtout, l’auteur y mettait en scène ces collègues écrivains Beat, documentant un moment fort de la littérature américaine et la naissance du courant. Dans un genre approchant, il a également sorti Les Clochards célestes et Big Sur, dans lequel il décrivait le quotidien des beatniks à San Francisco, lieu d’adoption de la Beat Generation.

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On doit à Allen Ginsberg le recueil de poèmes emblématique de la Beat Generation : Howl, dans lequel ce fan de jazz, et futur religieux, explore une nouvelle manière d’aborder le langage. À la fois hallucinée et crue, la plume de l’écrivain a servi d’exemple à la définition de la poésie beat, théorisée plus tard par Charles Olson, dans laquelle les sons, les sensations comptent autant que la métrique et la phraséologie. Ginsberg poursuivit son exploration en se dirigeant vers les pays étrangers, et contribua à faire le pont, dans les années 1960, entre la Beat Generation et la nouvelle ère de la marginalité, matérialisée par le courant hippie.

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Pratiquant le collage et faisant de nombreuses références à la drogue, William S. Burroughs reste dans l’histoire de la littérature pour deux œuvres diamétralement opposées : Junky et Le Festin Nu. Si le premier est une description froide et clinique de l’univers de l’addiction à l’héroïne, le second est un immense délire littéraire, où modifications corporelles, science-fiction se mêlent à une immersion dans les bas-fonds de la société américaine et les tréfonds de l’âme humaine.

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La Beat Generation comprend en outre d’autres écrivains qui en ont façonné l’esthétique, tel Neal Cassady, ancien petit délinquant devenu poète et qui a narré son existence dans Première jeunesse. Ou Gregory Corso, junkie et poète, pensionnaire du Beat Hotel à Paris où il a côtoyé Harold Norse ou Peter Orlovsky (eux aussi émules de Ginsberg), et composé de nombreux poèmes d’errance à retrouver dans Le Joyeux Anniversaire de la mort.

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Lawrence Ferlinghetti, également connu pour ses vers et ses carnets de route, aura marqué la Beat Generation en étant l’éditeur de ses plus grands auteurs.

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L’influence de la Beat Generation sur la culture

Le cinéma a adapté, quand c’était possible, les écrits les plus célèbres de la Beat Generation, notamment Sur la route, transposé par Walter Salles en 2012.

Le réalisateur David Cronenberg paraît avoir puisé son inspiration chez Burroughs avant de lui-même transcrire Le Festin nu à l’écran.

En musique, le lien entre les poètes Beat et l’effervescence du New York folk du début des années 1960 est particulièrement palpable dans l’œuvre de Bob Dylan, grand connaisseur de Kerouac, entre autres. En France, Yves Simon a partagé une fascination similaire qu’il a transposée en musique à plusieurs reprises.

Parmi les beatniks les plus fameux, Juliette Gréco, avec son look sombre, a longtemps été considérée comme une égérie française de ce courant, qui a eu quelques influences sur la mode des années 1960.

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Lucas
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