Décryptage

L’histoire du vinyle, de sa création à nos jours

12 août 2020
Par Auxence
L'histoire du vinyle, de sa création à nos jours

Apparu de bonne heure au XXe siècle, le vinyle a suivi une courbe de popularité en U. Adulé, négligé puis redécouvert par les foules dans les années 2000, il n’a jamais cessé de provoquer l’admiration des collectionneurs qui en vantent les prodiges sonores. A l’occasion de la sortie de la discothèque idéale vinyle Fnac, laissez-nous vous narrer l’odyssée du vinyle, le messie discoïde.

Les débuts et l’apogée du vinyle : années 1940-80

78 toursA la fin du XIXe siècle apparaît le disque 78 tours, un type de disque phonographique joué sur un gramophone mécanique, sous l’impulsion de l’ingénieur germano-américain Emile Berliner. Peu à peu, le gramophone est remplacé par le tourne-disque. Ce nouveau type de lecteur permet de jouer des morceaux de 3 minutes 30, soit des « tubes », et de 5 minutes pour la musique classique. A partir des années 1920, le disque 78 tours se démocratise en étant joué sur des juke-boxes (dans les bars, restaurants, magasins, hôtels…) et en radiodiffusion, tandis que l’amplification électronique permet d’obtenir un son plus puissant et fiable.

L’année 1948 est marquée du sceau du déclin pour le 78 tours, du fait de l’invention par la maison de disques Columbia du disque microsillon, aussi appelé vinyle (car le disque est fabriqué en matière vinyle). Celui-ci connaît plusieurs déclinaisons par type (45, 78 tours33 ou 16 tours) et par format (18, 25 et 30 cm), et se démarque par un meilleur son, plus détaillé, ainsi qu’une durée des pistes plus longue (entre 40 et 60 minutes réparties sur deux faces). Le format 18 cm correspond aux singles et EP, abréviation d’Extended Play, un mini-album de quatre titres. Le 25 cm est plutôt celui des EP et LP, abréviation de Long Play, soit l’ancêtre de l’album. Enfin, le 30 cm regroupe tout en version « collector ». C’est la maison Pathé qui, en France, favorise leur développement après-guerre. La technologie de la stéréophonie, avec reproduction du son dans l’espace, vient améliorer la qualité et l’immersion sonores dans les années 1950.

Spécificités des 45, 33 et 16 tours

 3 vinyles

Le 45 tours est le type de vinyle le plus répandu. Sous forme d’EP et singles, il est destiné au grand public et se spécialise donc dans la musique populaire (pop, pop rock, disco, funk…). Sa grande taille, permettant un son optimal, est également appréciée des amateurs de musique classique.

Le 33 tours, à l’origine du format d’album que l’on connaît aujourd’hui, est le type de vinyle consacré aux sessions d’écoute longues (chanson, classique, BO…). La qualité sonore du 33 tours est supérieure à celle du 45 tours.

Le 16 tours est un type de vinyle rare, dont la durée d’écoute étirée (le 16 tours a donc le double de la capacité de stockage d’un 33 tours) est surtout dédiée aux enregistrements non-musicaux, tels le théâtre ou les ouvrages lus à haute voix. Comme son usage initial était l’aide aux aveugles et malvoyants, la qualité d’écoute en était sacrifiée et le 16 tours n’a jamais remporté l’adhésion des mélomanes.

diamant vinyleDans les années 1960, la lecture des vinyles sur tourne-disque se fait grâce à une pointe en diamant posée sur le sillon. Cela vient remplacer la pointe en saphir précédemment utilisée, diminuant par dix la vitesse d’usure du vinyle. Mais la lecture d’un disque microsillon n’est pas exempte de défauts : problèmes de lecture entraînant de la distorsion, bruit de frottement, erreur de piste, etc., sans compter que son coût de fabrication, et donc d’achat, est élevé et n’est donc pas forcément accessible au tout venant. Et la cassette, inventée en 1963 par Philips, préfigure la fin de son hégémonie sur le marché…

Le déclin du vinyle, objet de collection : années 1980-2000

1983 est une année fatidique pour le vinyle, marquée par la commercialisation du support CD par Philips. D’abord boudé par les audiophiles qui regrettent son prix élevé ainsi que l’achat forcé d’un lecteur, le CD supplante progressivement le vinyle. En 1991 sortent les derniers 33 tours, et en 1993 les 45 tours connaissent le même sort.

De son usage par le grand public, le vinyle devient un objet de niche pour audiophiles exigeants. Les fans de vinyles vantent sa signature naturelle et chaleureuse, contrairement au côté « robotique » du CD qui efface les imperfections sonores du disque microsillon. Certaines musiques, comme la funk, dont les heures de gloire coïncident avec celles du vinyle, et le classique, dont la composition sonore est très détaillée, continuent d’être associées étroitement au vinyle. A l’instar de la musique électro de club et du hip hop, car les disc-jockeys s’emparent des possibilités du vinyle en termes de mixage. Des producteurs de musique comme DJ Shadow et Jeff Mills subliment son potentiel, tandis que les musiques les plus bruyantes et abrasives, comme la noise, le métal et l’expérimental, louent sa précision.

Le retour en grâce du vinyle depuis les années 2000

Depuis le début des années 2000, le vinyle retrouve un engouement de la part du public. Tout d’abord pour son charme d’objet « vintage », qui fait la joie de tous les collectionneurs sillonnant les brocantes, mais aussi pour ses qualités intrinsèques : le vinyle est apprécié des audiophiles pour sa moindre perte sonore dans les aigus que le CD, sa pochette plus grande qui en fait un objet d’art plutôt qu’une simple illustration, ainsi que son livret intérieur qui contient logiquement plus de notes et infos laissées par l’artiste.

Des artistes et groupes comme les Daft Punk, les White Stripes ou Pharrell Williams font ainsi des sorties de CD doublées de sorties en vinyle 33 et 45 tours, tandis que les CD connaissent des rééditions vinyles toujours très attendues. Cette mode, à laquelle s’ajoute la hausse de labels spécialisés dans le pressage de vinyles, fait que le 33 tours représente 17 % des ventes d’albums aux Etats-Unis en 2019. En 2014, le Royaume-Uni repasse au-dessus du million de vinyles vendus, record jamais atteint depuis 1996.

Surtout, certains albums récents, comme Back to Black d’Amy Winehouse, la compil Guardians of the Galaxy: Awesome Mix Vol. 1 ou Lust for Life de Lana Del Rey, se vendent exceptionnellement bien en vinyle. Cette santé de fer peut s’illustrer par le boom du marché des vinyles, comparé à la relative stagnation du marché des CD. En effet, en 2019, le marché américain du CD rapportait 247,9 millions de dollars, contre 224,1 millions pour le vinyle. Ce qui nous donne de bonnes raisons de croire que le maître dépassera bientôt l’élève !

amy winehouse back to blackLust for Lifeguardians of the galaxy: awesome mix vol. 1
Article rédigé par
Auxence
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