Le roi des « blockbusters intelligents » est de retour. L’énigmatique Tenet, en salles depuis le 26 août, devrait suivre la droite ligne fixée par Christopher Nolan : proposer des films à grand spectacle dont la forme et le fond se rejoignent, autour de concepts philosophiques. En cette période compliquée pour les sorties cinéma, le nouveau long métrage de l’auteur d’Inception et d’Interstellar va-t-il nous ramener du côté des grands écrans ? On décrypte.
Nolan, un auteur estival
Batman Begins, Inception, The Dark Knight Rises, Dunkerque : nombreux sont les films de Christopher Nolan à avoir bénéficié d’une sortie estivale. Si le hasard du calendrier ou les contingences de concurrence en salle pouvaient expliquer ces choix de saison, il paraît étonnant que de tels films, très sérieux, nous soient montrés lors d’une période d’habitude peu consacrée à l’auteurisme. Là est bien le challenge que Tenet va devoir relever ce 26 août : réussir de la même façon à imposer l’univers cérébral très particulier du réalisateur britannique à une époque de (probable) reprise des cinémas. Pourtant, devenu l’un des cinéastes les plus adulés au monde, l’auteur pourrait y parvenir une nouvelle fois, tant il apparaît comme un outsider différenciant face aux blockbusters empesés qui ont l’habitude de rythmer nos étés.
Tenet : du changement dans la continuité
Le dernier blockbuster estival de Christopher Nolan nous a entraînés sur les plages de Dunkerque. Pour raconter la tragique évacuation maritime des soldats anglais acculés par la Wehrmacht au printemps 1940, le réalisateur et scénariste a pris le parti narratif de découper l’intrigue suivant trois temporalités juxtaposées : le même film montre une semaine des fantassins, une journée des marins civils et 40 minutes des aviateurs engagés dans la bataille. Un jeu sur le concept de durée qui semble au cœur de Tenet.
D’après la bande-annonce et les premiers éléments d’intrigue, le nouveau long métrage de Christopher Nolan raconte le parcours de personnes capables de vivre le temps à rebours. Un principe quelque peu abstrait, exploré par les physiciens qui cherchent si l’on peut inverser le sens de la « flèche du temps », et que le cinéaste entend porter à l’écran. Tout comme il s’était intéressé au trou de ver et à la relativité dans Interstellar, le réalisateur continue donc de bâtir ses univers en prenant à sa source des théories intellectuelles (ou psychologiques avec Inception) très élaborées.
Grand public avant tout
Chez Nolan, le déploiement d’un concept narratif va de pair avec une grande inventivité visuelle. Imaginer la « quatrième dimension » dans Interstellar au moyen d’un tesseract, envisager les rêves dans les rêves comme autant de constructions architecturales vertigineuses dans Inception ou monter un film entièrement à l’envers avec Memento ont été autant d’occasions pour le cinéaste de jouer avec les genres qu’il a investis. À la clé, des longs métrages qui forcent l’admiration, tant le fond et la forme s’emboîtent parfaitement, pour peu que l’on comprenne rapidement la mécanique cinématographique déployée.
Tenet, qui met en vedette John David Washington, aux côtés de Robert Pattinson et Elizabeth Debicki, ne devrait pas échapper à ces particularités : on a hâte de découvrir enfin, cet été, le nouveau puzzle cérébral d’un cinéaste qui réconcilie grand spectacle et imagination scientifique.
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