Fondatrice et inspirante pour de nombreux adeptes des univers sombres, l’œuvre d’Edgar Allan Poe est avant tout le fruit d’une histoire personnelle chaotique sublimée par un talent d’écriture exceptionnel. Poète maudit, écrivain torturé, il reste à ce jour la référence intemporelle d’un mouvement gothique dont il pourrait bien être le saint-patron.
Corbeau fondateur
Né à Boston en 1809 de parents comédiens emportés prématurément par la maladie, Edgar Poe devient officiellement Edgar Allan Poe après avoir été recueilli et adopté par une famille bourgeoise de Virginie. Doué pour la littérature mais incapable de vivre exclusivement de sa plume, il assure parallèlement un travail de journaliste à un rôle d’écrivain prolifique mais confidentiel.
Ce n’est qu’avec Le corbeau, publié en 1945, soit quatre ans avant sa mort mystérieuse, qu’il connaît enfin le succès. Crépusculaire et intense, ce poème aux accents fantastiques est, aujourd’hui encore, considéré comme un des textes fondateurs du mouvement gothique.
Fantaisie morbide
Homme brillant et cultivé, flirtant avec l’addiction alcoolique et portant secrètement les stigmates du malheur, Poe cultive très tôt un goût prononcé pour le macabre et les zones d’ombres de la psyché humaine. À travers ses poèmes et ses contes, il développe alors un style très personnel où prend forme un romantisme tragique teinté de fantaisie morbide.
En passant avec aisance de la série policière au récit fantastique, il révolutionne durablement la littérature de genre en théorisant certains procédés narratifs. Si l’on ajoute à cela, le fait d’avoir été traduit en français par Baudelaire et illustré par Gustave Doré, on comprend mieux les raisons qui l’ont envoyé au panthéon des gothiques.
Histoires extraordinaires 
Privilégiant l’efficacité et la concision de la nouvelle à la dilution narrative du roman, Poe est l’auteur d’une multitude de textes courts, de poèmes et de contes compilés en France dans les célèbres recueils des Histoires extraordinaires. Le chat noir, Double assassinat dans la rue Morgue ou encore Le cas de monsieur Valdemar deviennent, au fil du temps, des classiques absolus qui nourrissent depuis près de deux siècles l’imaginaire d’artistes qui tentent de combiner esthétique et noirceur.
D’Oscar Wilde à Tim Burton…
Au cinéma, alors que Roger Corman, le pape du film de genre US, a fait de La chute de la maison Usher une pièce maîtresse de sa filmographie, d’immenses cinéastes comme Alfred Hitchcock, Tim Burton, Terence Fisher, Ken Russell ou Mario Bava n’ont jamais caché leur admiration pour Poe.
Au rayon musique, le mouvement gothique né des cendres du post-punk des années 80 s’abreuve régulièrement à la source noire de l’œuvre du maître américain. Sans y faire explicitement référence, des groupes historiques comme Bauhaus, London After Midnight, Sopor Aeternus ou encore Faith and The Muse ont développé un univers sombre et mélancolique proche de ses névroses littéraires. Sur une tonalité plus hard et plus rock, on pense à Iron Maiden, Alice Cooper ou même Alan Parsons qui lui a consacré tout un album concept en 1976.
En littérature, aux côtés de grands anciens qui l’ont adulé tels que Jules Verne, Gaston Leroux ou Oscar Wilde, un auteur contemporain de thrillers comme Sire Cédric propose un univers violent, noir et désenchanté qui doit beaucoup à l’héritage de Poe.
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