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Jane Eyre : la rebelle victorienne

21 janvier 2020
Par Melanie C.
Jane Eyre : la rebelle victorienne

Dans un univers où les femmes sont priées de se taire et d’obéir, Jane Eyre ose élever la voix. Et devient, sous la plume affutée de Charlotte Brontë, l’une des premières héroïnes de la fiction moderne à revendiquer l’égalité entre les sexes. À l’époque de la publication (1847), c’était scandaleux ; aujourd’hui, ça fait du bien. Portrait d’une jeune femme en avance sur son temps.

Jane-Eyre (3)Le courage de choisir

Ça commence un peu comme Harry Potter. Orpheline maltraitée par sa famille d’accueil, la petite Jane Eyre rêve d’échapper aux griffes de son gros cousin. Mais si Harry peut compter sur Hagrid pour le tirer de Privet Drive, Jane n’a d’autre ami qu’elle-même. Alors elle se défend. Et se fait expédier dare-dare à Lowood, une école qui n’a rien d’un Poudlard puisqu’on y crève de faim et de froid. Une nouvelle fois, elle proteste. C’est le début d’une longue carrière de « non » qui la voit plus tard fuir un emploi de gouvernante. Et refuser deux demandes en mariage, pour la simple raison qu’elle aime son célibat. « Je ne suis pas un oiseau et nul filet ne me prend », déclare-t-elle. Une position impensable pour nos amis les victoriens.

Le poids des mots

L’une des beautés de l’œuvre est que jamais Jane Eyre ne prononce un mensonge ou un mot de trop. Car elle ne réclame rien d’autre que la vérité et la justice – deux valeurs dont elle a, dans tout son être, une conscience profonde. C’est parfois un peu brutal : lorsque son maître Rochester lui demande s’il est affreux, elle lui répond « Au plus haut point, monsieur ». Belle sincérité. D’autant plus qu’elle est tout à fait amoureuse dudit Rochester, ce grand ténébreux qui… (chut, on ne vous en dit pas plus). Ce qui ne l’empêche pas de refuser de tricoter ses chaussettes.

Et en plus elle est moche

Pendant l’écriture du roman, Charlotte Brontë aurait confié à sa sœur Emily qu’elle tenait absolument à écrire l’histoire d’une femme au physique « quelconque ». Jane est ainsi frêle et maigre, tout comme l’auteur elle-même, à l’opposé des silhouettes plantureuses qui remplissent les romans de l’époque. Ce qui n’est pas sans rappeler une autre héroïne anglaise, la jeune Elizabeth Bennet d’Orgueils et Préjugés, à laquelle son entourage reconnaît au mieux « des dents acceptables ». Des choix d’apparences qui témoignent d’un courageux féminisme littéraire pas toujours présent aujourd’hui.

Aller + loin : 1 mois/1 classique : Les Hauts de Hurlevent d’Emily Brontë

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